PSA : Pour amorcer une discussion sur le socialisme (suite) Critiques des concepts de révolution informationnelle et de Sécurité Emploi Formation

, par  Jean-Claude Delaunay , popularité : 2%

Cet article précise l’analyse critique des concepts de révolution informationnelle et de sécurité emploi formation comme frein à la pensée d’un socialisme capable d’être une réponse aux restructurations industrielles. Il fait suite à l’article titré "PSA : pour amorcer une discussion sur le socialisme (première partie)".

Il reprend le point 7 de cet article, évoquant l’obstacle provenant de la théorie de la révolution informationnelle et de son prolongement, la sécurité emploi formation. Les thèmes abordés sont les suivants :

- Point 8. Les très grandes lignes des théories de la RI et de la SEF.
- Point 9. La théorie de la révolution informationnelle. Les très grandes lignes de ma critique. Quelle « image » du socialisme cette théorie véhicule-t-elle ?
- Point 10. Critiques concernant la SEF. SEF et socialisme.



8. Les très grandes lignes des théories de la RI et de la SEF

Je m’efforce de présenter ces théories de la façon la plus neutre possible [1]. On en trouvera de nombreuses présentations dans la revue Économie et Politique, dans La revue du Projet, dans des livres.

a) La révolution informationnelle.

  • 1) C’est une révolution parmi d’autres (démographique, monétaire, institutionnelle,…). La révolution informationnelle est quand même la révolution centrale, la révolution motrice.
  • 2) Elle a un cœur technique : les ordinateurs, capables de remplacer les hommes pour certaines opérations de leur cerveau, de la même façon que les machines-outils industrielles ont remplacé les hommes pour certaines opérations de leurs mains.
  • 3) Sa matière première est l’information. Toute chose, toute pensée peut être doublée par une information. Les ordinateurs sont donc capables de remplacer certaines opérations du cerveau pour ce qui concerne l’ensemble de la vie humaine, pas seulement les actes productifs. De ce fait, la révolution industrielle introduit non seulement à un nouveau mode de production mais encore à une nouvelle civilisation.
  • 4) Certaines informations sont cependant plus importantes que d’autres, en premier lieu les résultats de la recherche scientifique.
  • 5) La conséquence majeure de la révolution informationnelle située au cœur de la nouvelle civilisation en formation est, en puissance, « un accroissement formidable de la productivité ».
  • 6) Le problème vient de ce que le mode de production capitaliste, dans son âge actuel de maturité, empêche le développement potentiel de la productivité. Les rapports sociaux capitalistes entrent en contradiction antagoniste avec les forces productives que le système a lui-même engendrées.
  • 7) Pour comprendre cette contradiction, il faut partir du constat (fait par « les bourgeois » depuis un certain temps déjà, JCD) que l’information est reproductible à l’infini sans frais supplémentaires ou presque. Plus elle est utilisée, moins elle coûte. On peut dire qu’à la limite, l’ampleur de son usage la rend tendanciellement gratuite.
  • 8) Mais avec le capitalisme, rien n’est gratuit. Tout est marchandise, tout est à vendre, tout doit rapporter un taux de profit maximum. Le capitalisme est donc, par essence, opposé et hostile à la diffusion maximale et gratuite des informations, en premier lieu des informations scientifiques. Les détenteurs de l’information et toutes les entreprises possédant une position de contrôle sur le chemin de l’information vont faire payer le prix le plus élevé possible.

C’est à ce point du raisonnement qu’est opérée la jonction entre la théorie de la Révolution informationnelle et celle de la Sécurité emploi et/ou formation (SEF).

b) La Sécurité d’emploi et/ou de formation.

Puisque les marchés sont les instances économiques à partir desquelles le déploiement harmonieux de la révolution informationnelle est freiné et dévoyé, il faut dépasser le capitalisme au niveau, d’abord, de ses marchés. Cela libérera la Révolution informationnelle.

  • 1) Les principaux marchés capitalistes sont au nombre de 4, disent les auteurs de la théorie : 1) le marché des biens, 2) le marché du travail, 3) le marché de la monnaie, 4) le marché mondial.
  • 2) La SEF serait la meilleure façon de commencer à « pervertir » le marché du travail. Du fonctionnement des entreprises capitalistes, il conviendrait de conserver la souplesse de gestion de la main-d’œuvre. Bien que cela soit envisagé dans le cadre d’une autre législation du travail que celle prévalant aujourd’hui, les entreprises auraient le droit d’embaucher et de licencier.
  • 3) Mais les licenciements seraient assortis d’une sécurité de revenus et de formation pour les travailleurs. Il n’y aurait donc pas de rupture dans leur vie, comme aujourd’hui. Au contraire, il se produirait une amélioration.
  • 4) Par ailleurs, les embauches seraient assorties d’un certain nombre de conditions, vérifiées par le système bancaire, désormais « socialisé » par l’intermédiaire d’un pôle financier public, ou vérifiées par d’autres institutions. Ces conditions seraient l’application de « nouveaux critères de gestion », destinés à promouvoir l’investissement humain au détriment de l’investissement de type financier ou visant une rentabilité exclusivement orientée par le court terme.
  • 5) Ce dispositif a certainement un coût monétaire. Mais ce dernier sera financé grâce aux gains de productivité induits par « la libération » de la Révolution informationnelle.

Voilà comment on peut, selon moi, résumer à très grands traits les positions que je critique. On retient que le problème principal relatif à la RI est de consommer l’information. Il faut accéder à l’information. Or celle-ci n’est pas gratuite alors qu’elle devrait l’être. La contradiction principale est de nature marchande. En ce qui concerne la SEF, la solution majeure est apportée au niveau du marché du travail. Le marché joue donc un rôle de premier plan dans ces différentes conceptions. Le dépassement du capitalisme consiste à s’attaquer à ses marchés. Même si d’autres dispositifs sont envisagés, la monnaie, les institutions monétaires tiennent, de ce fait, la première place dans la mise en œuvre de ce dépassement.



9. La théorie de la révolution informationnelle. Les très grandes lignes de ma critique. Quelle « image » du socialisme cette théorie véhicule-t-elle ?

Voici mes critiques :

- 1) Notre époque est caractérisée par deux révolutions complémentaires : 1) celle des rapports sociaux mondiaux (l’arrivée sur la scène mondiale des pays émergents) et 2) celle des forces productives (la production non matérielle est désormais dominante). Il faut rendre compte de ces deux révolutions de manière simultanée. Historiquement, c’est tout à fait possible.

- 2) En ce qui concerne les forces productives, la production non matérielle tend, selon moi, à devenir dominante et déterminante de la totalité de la production. La Section économique privilégie le concept d’information alors que je privilégie celui de Production non matérielle que je mets en regard de la production matérielle [2].

Je pense en effet que le capitalisme a eu pour « mission historique » de développer la production matérielle. Mais aujourd’hui, il est au bout de son rouleau et n’est pas en mesure de développer de manière satisfaisante certains segments, pourtant stratégiques pour la production, la consommation et pour la vie sociale, de la production non matérielle.

Le socialisme a, selon moi, la mission historique inconsciente de mettre en place les conditions du développement optimal de la production non matérielle (avec effet en retour, cela va de soi, sur la production matérielle). Je ne rejette évidemment pas le concept et la réalité de l’information. Mais outre le fait que l’analyse boccarienne de l’information me paraît plus qu’insuffisante, je ne fais pas de l’information la réalité première de la transformation sociale. Boccara valorise la technique et met donc en avant l’information pour mettre en avant les ordinateurs.

Par différence, je mets en avant les rapports sociaux. La technique et les ordinateurs prennent place dans le mouvement de ces rapports. La technique ne descend ni du ciel, ni de l’arbre. Elle descend des rapports sociaux.

- 3) La production non matérielle désigne d’abord un ensemble de relations macrosociales, telles que la recherche scientifique, l’enseignement, la santé, l’administration générale, le financement. La recherche scientifique, par exemple, c’est un ensemble de relations entre les chercheurs, la nature et la société. L’enseignement, c’est un ensemble de relations entre les enseignants, les élèves, la connaissance et la société. Et ainsi de suite. Certes, ces activités sont tissées de relations interindividuelles. Mais elles ont d’abord un effet relatif à la société tout entière. Ensuite, elles établissent un rapport avec des macros-entités abstraites telles que la connaissance, la nature, la santé,…

Alors que les services corporels, par exemple, auront un effet immédiat sur les personnes qui en bénéficient. Leur effet macrosocial sera sans doute plus lointain. J’ai longtemps confondu ces deux catégories d’activités au sein d’une même notion « d’activités de service », en raison de leurs caractéristiques physiques. Car, d’une certaine manière, ce sont toutes des services. Ce sont des activités relationnelles et elles n’ont d’autre justification que de rendre service. Cela doit se voir « directement », entre les tenants et aboutissants de la relation concernée. L’usage devient primordial, à la différence de ce qui se passe avec la production matérielle, où s’interpose un objet entre producteurs et consommateurs. Cet objet doit seulement être utile. Mais l’usage ne dépend pas du producteur.

J’ai sans doute eu tort, notamment pour diverses raisons de nature idéologique, et il faut clairement distinguer les activités relationnelles de nature sociale des activités relationnelles de nature individuelle [3]. Cela étant précisé, il me semble que la production non matérielle, considérée comme un tout, tend à devenir dominante et déterminante de l’ensemble productif. Cela signifie qu’aujourd’hui, la mise en œuvre de ces activités est un préalable à la production matérielle, au moins pour ce qui concerne les relations macrosociales. Produire ces relations macrosociales, et, bien sûr, les produire correctement, devient plus important que la production matérielle elle-même (plus important dans l’ordre des déterminations).

- 4) La théorie de la Révolution informationnelle est une approche non seulement technique mais techniciste du changement social. Elle est réductrice. Elle ignore le caractère relationnel de la société en formation. Elle rabat toutes les relations macrosociales sur « l’information » et donne d’ailleurs de celle-ci une image étrange. L’information est, selon elle, technique et elle a une certaine durée. Elle est le mélange déséquilibré de la somme suivante : d’une part, pas de relations sociales dans le cœur même de la vie productive, et d’autre part, des informations qui existent comme résultats ayant une certaine durée de vie, et qui, reprises par les ordinateurs (impulsés par la classe capitaliste) animent la vie productive. Cette sommation fait une théorie ratée.

Car c’est précisément ça, la révolution de notre temps.

Jusqu’à présent, on avait principalement produit des biens, et les relations sociales suivaient, pour le bénéfice de quelques-uns. Maintenant, la productivité sociale ayant atteint un niveau élevé, il est question de produire consciemment et collectivement des relations pour produire des biens.

Le socialisme, ce n’est pas prioritairement la maîtrise de la consommation des informations productives. C’est prioritairement la maîtrise de la production et de la consommation des relations non matérielles, macrosociales et microsociales, qui définissent et permettent la vie moderne. C’est ensuite, et complémentairement, la production des biens (mais pas seulement la production des biens) qui lui sont nécessaires.

Très curieusement, la théorie de la RI qui se veut critique de l’idéologie capitaliste est construite sur le modèle que produit cette idéologie, savoir le fétichisme de la technique. La survalorisation conceptuelle de l’information dans cette théorie aboutit à ce que la révolution sociologique accompagnant celle correspondant à la production non matérielle soit complètement occultée.

Tel est le point qu’il faudrait discuter. Personnellement, je pense que la révolution de notre temps, d’une part, au plan mondial, a pour effet de produire de nouveaux acteurs étatiques (les États émergents) ainsi que de nouveaux rapports entre les États, et d’autre part, au plan national, a pour effets de produire de nouveaux acteurs sociologiques (les classes sociales qu’engendre la production non matérielle). Ces acteurs nouveaux sont des alliés potentiels de la classe ouvrière en même temps que des acteurs totalement inexpérimentés (comme le fut la classe ouvrière en son temps).

Le rôle contemporain de la classe ouvrière, eu égard à son expérience accumulée, serait d’entraîner ces nouvelles classes sociales à prendre conscience d’elles-mêmes et de leurs intérêts de classe. Il serait de les entraîner à lutter contre les dirigeants capitalistes.

Elle a besoin, pour cela, d’un parti d’ambition révolutionnaire, et non d’un amalgame frontiste. Au sein d’un tel parti, elle assurerait l’hégémonie correspondant à son savoir-faire et à son expérience politique. PSA donne de ce phénomène une malheureuse illustration. Ce sont les « prolos classiques », si je puis dire, qui mènent la bataille, et non l’encadrement dans sa masse, quand bien même ce dernier subira, inévitablement, les conséquences des plans de suppression concoctés par la direction.

Assumer cette fonction directrice supposerait qu’elle soit représentée, au sein de cette organisation, par des éléments de haute qualité politique et humaine et non par des cloches. Mais cela ne devrait pas être un problème.

- 5) La théorie de la Révolution informationnelle est une approche mondialiste, comme l’information qui parcourt le monde à grande vitesse. Mon approche par les relations macrosociales est une approche territorialisée. Une révolution de notre temps, oui, mais adéquate à quel territoire ? Puisque la révolution de notre temps est selon moi, une révolution des relations non matérielles, il y a forcément des différences entre les différents pays du monde, cela pour deux raisons.

La première est que les niveaux de productivité ne sont pas identiques d’une zone géographique à une autre. Produire de la science, par exemple, ou produire de la santé sera plus beaucoup plus facile en Europe qu’en Afrique.

La deuxième raison tient à ce que les cultures, les habitudes culturelles, les enracinements historiques et politiques, sont différents d’un espace à un autre. Or autant on peut penser que la production de yogourts, par exemple, devrait être à peu près identique en tout lieu de la planète (et c’est déjà discutable), autant on peut estimer que la production non matérielle sera beaucoup plus sensible que la production matérielle à l’existence de différences culturelles, politiques et historiques. Je pense que nous devons avoir une approche différenciée du socialisme dans le monde. L’idéologie de la monnaie commune mondiale est une façon, pour les partisans de la théorie de la RI, d’exprimer l’inspiration mondialiste de leur raisonnement [4].

- 6) La théorie de la RI est une approche qui met en évidence des phénomènes de consommation (et non de production) [5]. La contradiction majeure est selon elle, celle de la consommation des informations. Parce qu’elle n’analyse pas ce qui se passe au plan de la production des informations, cette approche, n’analyse pas ce qui se passe au plan des classes sociales. De là vient la critique implicitement développée par Jean Lojkine à l’encontre de la théorie bocarienne [6].

Mettre en lumière la formation d’une société nouvelle supposerait de mettre en lumière les classes sociales porteuses de cette nouvelle société. Apparemment, ce point échappe à nos camarades.

Je vais me répéter. Mais autant être clair. Je crois que (sans parler des pays émergents), sur le plan de la sociologie politique, deux phénomènes sont à considérer. Le premier est que la classe ouvrière, qui est la classe de la production matérielle, a accumulé une importante expérience de luttes alors même que la production matérielle elle-même est toujours nécessaire. Cette expérience devrait lui conférer un rôle particulier dans la direction des luttes. Le deuxième est que, simultanément, d’autres classes sociales sont en formation. Ce sont des classes objectives, mais dotées d’une faible expérience des luttes. Elles doivent être aidées pour s’organiser politiquement.

Je ne vois pas très bien ce que les membres les plus actifs de ces classes nouvelles peuvent apprendre au sein du PS si ce n’est de savoir comment magouiller pour avoir une place au soleil. Mais j’ai des doutes comparables à l’égard d’une organisation de type frontiste. Chaque « chef » des composantes du front veut être un dirigeant, avoir un bénéfice politique immédiat. On peut imaginer, au contraire, que le rôle d’un parti communiste révolutionnaire serait, précisément, de faire que des ouvrières et des ouvriers de haute capacité politique partagent leur expérience et leur savoir-faire avec les membres des classes sociales en formation. Pas pour faire « les beaux » au Parlement mais pour construire une société socialiste, une société intelligente et humaine.

- 7) La théorie de la RI est une approche qui croit théoriser ce qu’il y a de nouveau dans le Travail (les ordinateurs, le cerveau) mais qui, en réalité, ne théorise rien du tout. Ce qu’elle dit, de manière incidente, sur l’intellectualisation du travail est plaqué sur le raisonnement mais ne découle pas du processus interne du raisonnement qu’elle met en œuvre.

Cela tient à ce que la notion d’information sur laquelle repose cette théorie est inappropriée. L’information, qui est son atome théorique de base, est perçue par elle comme une « chose » relativement durable, ayant des caractéristiques semblables d’une activité à l’autre. La science [7], la musique, l’enseignement, tout est « information », le seul problème étant de savoir si on peut, ou non, y avoir accès.

Je crois, pour ma part, que l’information est une caractéristique importante de notre époque, mais qu’elle doit être interprétée dans le cadre du développement des activités relationnelles. Toute relation est forcément porteuse d’informations. L’informatisation est une façon économique de gérer la révolution de notre temps. Pour analyser cette dernière, il faut donc tenir compte du phénomène « information » mais en le mettant à sa place, au sein des activités relationnelles et non en le plaçant tout en haut de l’échelle des explications. C’est ce que j’ai essayé de dire précédemment. La technique ne descend pas du ciel, elle descend des rapports sociaux.

Une fois reconnue la véritable place de l’information, il s’en suit tout un ensemble de conséquences qui me différencient radicalement de PB et de sa théorie de la révolution informationnelle. Mais passons. Le phénomène que je souhaite souligner ici est le rôle nouveau que tient la force de travail dans ce contexte, selon mon approche. En effet, les informations ne sont pas « des choses durables ». Ce sont « des choses périssables » qu’il faut renouveler en permanence pour que fonctionnent les relations à l’intérieur desquelles elles prennent place. La conséquence en est que les forces de travail doivent jouer un rôle actif permanent au sein du processus de travail relationnel.

C’est une différence majeure avec la production matérielle. Certes, au sein de la production matérielle, les forces de travail sont l’élément subjectif du procès de travail. Mais c’est un élément subjectif complétement dominé par les moyens de travail et les forces productives matérielles, qui sont la propriété des capitalistes.

Dans le procès de travail contemporain, la force de travail est non seulement l’élément subjectif du procès de travail. C’est en plus l’élément qui renouvelle en permanence les informations nécessaires au bon fonctionnement des forces productives matérielles. Tout se passe comme si la force de travail était une composante active des forces productives. Rares sont les procès de travail où les ordinateurs peuvent travailler tout seul. Quand cela se produit (sur les marchés financiers par exemple) il en résulte des catastrophes et des aberrations.

Tel est, à mon avis, l’aspect le plus profondément révolutionnaire des changements en cours. La production non matérielle devenant dominante, les informations nécessaires à son fonctionnement doivent être l’objet d’une maintenance constante, laquelle n’est pas automatisable. Il en résulte que la force de travail, bien que salariée et placée sous la domination du Capital, occupe une position au moins équivalente à celle des autres forces productives matérielles. Le rapport salarial est mis en question au cœur même du processus de production. Ce n’est pas tant la consommation de l’information qui est importante (elle l’est, sans aucun doute, mais à un moindre degré). C’est la production en permanence renouvelée de l’information.

Je me suis forgé cette approche de l’information, différente de celle que je trouve dans la théorie de la RI, en étudiant il y a une dizaine d’années, de manière approfondie, le fonctionnement des centres d’appels en France. Les centres d’appels sont des lieux de fonctionnement de technologies informatiques certes simples mais que j’avais trouvées à l’époque, éblouissantes. Or ces technologies fonctionnent à l’aide d’informations devant être renouvelées en permanence. Qui est le mieux placé pour les renouveler ? Les opérateurs évidemment.

Cela étant dit, l’effort maximal des gestionnaires capitalistes de ces centres est porté sur le contrôle contraignant du temps passé par les opérateurs dans le renouvellement des informations nécessaires au fonctionnement du procès de travail.

Cela est-il le résultat d’une gestion financière ? Je ne suis pas favorable à ce que l’on absolve le capitalisme du moindre de ses péchés. Mais, en même temps, il n’est pas nécessaire de mettre de la finance ou de la financiarisation partout pour en expliquer les méfaits.

Les capitalistes dont l’entreprise est un centre d’appels téléphoniques sont confrontés à une contradiction majeure. D’une part, ils doivent faire des bénéfices avec un travail tout à fait différent du travail de la production matérielle. Utiliser le critère de la productivité du travail propre à l’industrie est contreproductif. C’est pourquoi, d’autre part, ils doivent concéder du temps, notamment (car il y a d’autres facteurs à considérer) pour renouveler les informations utilisées par le système à l’instant t. C’est horrible ! La force de travail devient plus importante que l’ordinateur avec lequel elle travaille. Et pourtant, c’est indispensable. Car comment l’ordinateur pourrait-il contribuer à rapporter de l’argent si les informations qu’il traite en moins d’une seconde, sont fausses ? Finalement, comment boucler la contradiction à l’avantage du capital ? En imposant à la force de travail des protocoles, des schémas de questionnement les plus précis possibles, des temps à respecter absolument pour les remplir, des contrôles a posteriori, etc.

Pour ce qui concerne la discussion, le point important est le suivant : l’information est-elle « une chose » qui existe en soi et qui est durable ? Si c’est « une chose » durable, le problème est celui de sa consommation. Si, comme je le crois, c’est une « chose » non durable, le problème est celui de sa production permanente. La contradiction majeure est alors celle de la place subordonnée, dominée, exploitée, de la force de travail au sein du procès capitaliste de production. Ce n’est pas celle de l’accès à l’information et de sa consommation et du coût de sa consommation. Je me répète encore : cette théorie de la RI est mal fagotée.

Mais il y a d’autres activités que les centres d’appels téléphoniques. La puissance de la réalité est d’être infiniment plus riche que ce que nous croyons. Peut-être dans ce cas, l’information est-elle durable et stockable sur ordinateurs. C’est ce que décrit Sébastien Elka, dans un article d’Août 2010 (La RI : d’une logique de progrès à une logique de profit. Le cas de l’industrie aéronautique). Plusieurs autres documents écrits peuvent être consultés, en particulier un discours présenté par P. Laurent lors d’un récent salon de l’aéronautique (Le Bourget, juin 2012, Pour le Développement durable : une industrie aéronautique et spatiale créatrice d’emplois et de progrès social).

Il en ressort que :

1) la révolution informationnelle traverserait et bouleverserait ce secteur : « Le transport aérien s’appuie sur le progrès technique au cœur duquel se trouvent de plus en plus les outils numériques…et les nouvelles formes des processus de développement et de production qu’ils rendent possibles, issus de la révolution informationnelle » (S.E).

2) Les effets de cette révolution sont intégrables sur ordinateurs. « Réduits à de pures forces autrefois musculaires et aujourd’hui nerveuses, le capitalisme n’a plus besoin qu’ils connaissent les détails ni la finalité de leur travail, mais seulement qu’ils sachent utiliser les logiciels, processus et recettes managériales prêtes à appliquer » (S.E, ibid.).

Le savoir-faire des travailleurs de l’aéronautique serait pris en charge par les ordinateurs. Sébastien Elka parle de « prolétarisation » de ces travailleurs tout comme les opérateurs téléphoniques dont j’ai fait l’étude et dont on parlait à l’époque « comme des OS du téléphone » [8].

Cet article amalgame plusieurs phénomènes et cet amalgame me pose problème. Premièrement, l’auteur appelle « révolution informationnelle » tout ce qui relève de la production scientifique. Ensuite, la révolution informationnelle semble être liée chez lui à l’informatisation intensive des connaissances d’aéronautique proprement dite. Ensuite encore, la révolution informationnelle apparaît comme un processus d’informatisation managériale. Tous les segments juridiquement et géographiquement épars de l’entreprise sont unifiés pour former une seule entreprise, grâce aux ordinateurs. Il apparaît enfin que les travailleurs proches de ces processus informatiques ont un savoir-faire informatique limité dans le temps en sorte qu’ils seront « balancés » dès lors que les logiciels changeront.

On trouvera certainement prétentieux ce qui va suivre. Mais je ne trouve pas mon compte dans ce type de description. Ce que je crois est que la force de travail dans des industries telles que celle de l’aéronautique, a atteint un degré de complexité tel qu’une partie de cette main-d’œuvre est aussi nécessaire que les équipements à l’achèvement du produit. En sorte qu’il serait dommageable et peut-être risqué pour le produit, que cette fraction de main-d’œuvre soit remplacée par des ordinateurs. Ici, dans cet article, le seul grand problème je perçoive est la segmentation et le report de la production ou du traitement de tel ou tel problème sur des sous-traitants. Cette façon de produire entraînerait des pertes de savoir-faire.

Ce problème est réel. Je ne le conteste absolument pas. Mais si c’est le seul ou le principal problème, alors la révolution n’est pas nécessaire. Plus exactement, la révolution à mettre en œuvre serait uniquement une révolution de nature managériale, une révolution dont l’urgence proviendrait de la financiarisation mondiale des structures productives mais pas du tout des exigences internes des procès de travail.

Je crois, au contraire, qu’une révolution d’une autre nature que managériale est nécessaire. Ce qui pourrait s’exprimer de la manière suivante, dans le cas de l’aéronautique (après tout je peux me tromper lourdement mais je demande à voir) : l’information informatisable ne pourrait pas remplacer le savoir-faire. L’information informatisable, dans ce secteur, ne serait pas seulement périssable comme dans le cas des centres d’appels téléphoniques. Elle serait aussi et par nature incomplète. Seule la force de travail pourrait, en permanence la compléter, c’est-à-dire la produire comme information complète. Je ne serais aucunement surpris que, dans des processus de production aussi long, la mémoire humaine ne soit pas une donnée primordiale du travail.

Si j’ai raison, cela supposerait de s’informer avec précision auprès des travailleurs concernés ou, en tout cas, de donner dans la littérature, une approche moins surréaliste des phénomènes analysés, en évitant d’appeler révolution informationnelle tout un ensemble de faits disparates et en se disant que balancer finalement la purée de la grande finance et de la rentabilité financière produit toujours de l’effet, un « effet de science » comme disait Bourdieu. Mais on doit aussi se convaincre que « le balançage de purée » est inaudible par les personnes concernées si cela ne reflète pas d’abord leur situation personnelle concrète.

- 8) La théorie de la RI est, selon moi, une approche qui néglige le développement des activités de services. Moi, je veux bien que l’on dise que « les services », c’est le Capital. Mais cette platitude mise à part, il faut en montrer les effets et surtout, les théoriciens de la RI devraient expliquer pourquoi, à un moment donné, tout est devenu information, ou pourquoi tout aurait dû devenir information eu égard aux biais introduits par le capitalisme, alors que l’on perçoit partout, dans les économies développées, un fort développement des activités de service. Que s’est-il passé ? Que se passe-t-il ? [9]

Avec cette approche, il s’est produit un tel écart entre la réalité observable et la théorie que tout à coup, les dirigeants du PCF se sont mis à intégrer les services dans leur discours, mais comme « services publics ». Mais que peut bien signifier ce baratin infâme ? Les services n’auraient d’importance et d’intérêt que parce qu’ils sont « publics » ! [10]

Il existe un point qui me chiffonne dans cette idéologie ignorante des services. Je pense que les communistes pour lesquels les services sont « beurk caca » imaginent que la société est, dans son entier, animée par la révolution informationnelle.

Dans l’industrie aéronautique, par exemple, il y aurait les travailleurs dont le savoir-faire de haut niveau est tronçonné et vendu à des sociétés de services. Dans les aéroports, il aurait les pilotes, peut-être les aiguilleurs ; dans les hôpitaux, il y aurait les médecins, les chercheurs ; à l’école, il y aurait les enseignants, etc. Mais les autres travailleurs salariés, ceux qui ne font pas de révolution informationnelle tous les matins, où sont-ils dans ce décompte ?

Il me semble qu’aujourd’hui plus qu’hier, la production « doit rendre service ». La production, qu’elle soit matérielle ou non, doit être effectuée « comme on rend un service ». La dimension « service » est devenue une dimension à la fois pressante et commune à tous les salariés. Le fait que s’établisse, dans la société moderne, l’exigence d’un rapport social d’usage, devrait être un facteur unificateur de leurs luttes pour le socialisme. Le développement des « services », évidemment sous l’impulsion du Capital, n’est pas indépendant de cette dimension service, même si cette dimension est orientée à leur avantage. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.

Pour des raisons historiques de maturité du système et de niveau de concurrence, les capitalistes ont découvert « les services », lesquels contribuent à mettre en place d’autres relations que les relations sur le marché. L’usage devient primordial, plus important que l’utilité. Ce qui a trait à l’information n’est qu’une partie de cette novation.

A mon avis, pour conclure ces paragraphes, je dirai que le capitalisme industriel développé change aujourd’hui en profondeur pour deux raisons complémentaires.

La première est que la pratique capitaliste elle-même engendre progressivement l’exigence de l’usage de la part des consommateurs. Les polytechniciens qui siègent à la direction de la SNCF doivent péter de trouille chaque fois qu’un train arrive en retard. Jamais cela ne leur serait venu à l’esprit, si je puis dire, il y a une cinquantaine d’années.

La deuxième est que l’usage de l’information, par les capitalistes, pour contrôler la complexité et en tirer profit à leur avantage, serait une opération impossible. La force de travail aurait acquis une position de plus en plus forte dans le procès de production compte tenu des caractéristiques de l’information (périssable, incomplète).

- 9) La théorie de la RI est une théorie qui envisage des gains énormes de productivité. Mais ces gains sont plus qu’hypothétiques. Le paradigme de l’investissement a changé. Ce n’est plus celui de l’époque industrielle. A l’époque de la production industrielle, les investissements techniques avaient pour conséquence, en général, d’améliorer le produit, de réduire la main-d’œuvre de l’entreprise (toutes choses égales par ailleurs en ce qui concerne son volume d’activité) quitte à ce qu’apparaisse « ailleurs » le besoin de nouvelles qualifications. Dans l’époque relationnelle, les investissements améliorent « le produit » (la relation). Mais ils ne suppriment pas des emplois dans l’entreprise. Au contraire, il en faudrait davantage.

Même si elle prétend le contraire, la section économique reste attachée, selon moi, à une perception industrielle de la mutation sociale, selon laquelle l’investissement en nouvelles technologies réduirait l’emploi et spontanément la productivité, en sorte que d’autres financements seraient possibles. Certes, cela peut se produire. L’informatisation de services tels que la Sécurité sociale en donnent l’illustration. Mais d’une part, ce n’est pas le cas général. D’autre part, dès lors que des emplois ont été supprimés pour telle ou telle activité relationnelle, d’autres besoins tout aussi pressants apparaissent dans d’autres segments de l’activité relationnelle. Les gains de productivité dégagés ici sont immédiatement mangés là. S’ils ne le sont pas, cela se fait au détriment des relations.

En Chine, aujourd’hui, l’administration a été informatisée à un degré que nous n’imaginons pas en France. Le maximum de l’information est « balancé » sur internet. Les examens se passent quasiment sur internet, et ainsi de suite. S’il n’y avait pas cette informatisation, l’administration du pays, tant au niveau national que local, ne suivrait pas le mouvement de modernisation.

Cela dit, ce type de gestion de la relation sociale est, en lui-même, extrêmement pauvre. Les gouvernements doivent courir après le mouvement pour humaniser la gestion sociale.

Au total, il se produit une amélioration sensible des effets de l’activité relationnelle. Mais les gains de productivité doivent être immédiatement réutilisés sous peine d’aboutir à une relation appauvrie. On ne peut compter sur ces gains de productivité pour financer autre chose.

Pour conclure le point 9

Pour éviter qu’on lui reproche de suivre un modèle a priori, la théorie de la révolution informationnelle ne parle pas de socialisme. Mais peu importe. Elle procède à des choix théoriques ayant une incidence sur la conception que l’on peut avoir du socialisme.

Selon moi, la conception du socialisme que l’on peut lui associer est technique, extra-sociale et mondialiste.

1) Elle est technique. Ce sont les ordinateurs et leurs matières premières de base, les informations, qui engendrent, sur la base des contradictions du capitalisme, un besoin de changement social que j’appelle socialisme.

Ma position est différente. Ce qui traverse et bouleverse la société contemporaine est que, sur le fondement de ses progrès en productivité, elle tend à développer prioritairement le besoin d’activités de type relationnel, la production non matérielle, comme préalables et comme accompagnement de la production matérielle.

Le socialisme, serait la « bonne » maîtrise de la production non matérielle, pour obtenir une production matérielle gérée autrement qu’elle l’est par le capitalisme mondialisé et financiarisé.

2) La théorie de la RI est extra-sociale. Elle suit le schéma du Manifeste communiste, où ce sont les moulins qui font la féodalité. Mais depuis 160 ans, un certain nombre de phénomènes majeurs sont arrivés. La productivité du travail a considérablement augmenté. Les sociétés les plus riches ont accumulé de la connaissance scientifique et du savoir-faire. Le monde est devenu hyper-complexe et dans cet état de très grande complexité, il ne suffit pas de produire des biens, il faut produire des relations nouvelles, notamment entre les hommes, entre les hommes et la nature, entre les hommes et la connaissance.

Le trait majeur de notre époque n’est pas de produire des technologies époustouflantes engendrant le besoin d’une société nouvelle, comme le suggère la théorie de la RI.

Le trait majeur de notre époque est de faire que le progrès de la société ne dépende pas seulement de technologies matérielles. Elle dépend d’abord et avant tout du travail et de technologies sociales. Dire que l’on envisage le socialisme revient à dire que la classe capitaliste n’est pas en mesure de produire les technologies sociales, les activités relationnelles, la production non matérielle à même de développer la production matérielle. La révolution de notre temps est double en même temps qu’inversée par rapport aux époques antérieures.

Jusqu’à ce jour, les techniques productives nécessitaient certes que les rapports de production fussent adaptés à leur insertion. Mais elles demeuraient prioritaires et déterminantes.

Il semblerait qu’aujourd’hui, les techniques productives ne soient plus déterminantes à elles seules de la révolution des sociétés puisque les hommes sont une partie prenante des processus de production. C’est ce que Francis Velain appelle « le retour du travail vivant ». La modification du rôle des hommes qui seraient non seulement des éléments subjectifs du procès de travail mais simultanément des composantes de ce procès, entraînerait que les changements dans les rapports de production devraient précéder les changements dans les techniques.

C’est pourquoi, au socialisme informationnel que défend Boccara, et qui est un socialisme d’ingénieurs, j’oppose un socialisme relationnel et de service. En effet, non seulement se produit « le retour du travail vivant », mais en plus, dans la conscience collective se dessine l’idée du service, de l’usage. La société doit être à leur service.

3) La théorie de la RI est, selon moi, mondialiste. C’est par une action mondiale concertée que l’on changerait le monde. Oui, sans doute. On peut faire la révolution en tournant autour de son bureau. Le projet de monnaie commune mondiale me paraît de cette veine. Mais les « choses » se passent-elles ainsi ? Aujourd’hui, le gouvernement chinois conclut des accords pour régler les échanges dans les monnaies des échangistes sans passer par le dollar. Il ne va pas attendre une hypothétique monnaie commune mondiale en papier pour commencer à résoudre ses problèmes avec le dollar. Je ne crois pas que le socialisme puisse être conçu d’emblée comme un mouvement mondial.




10. Critiques concernant la SEF. SEF et socialisme.

Une remarque très générale : certains des obstacles que la SEF se donne pour mission de résoudre (le fait, par exemple, que 30% des scolaires sortent de l’école sans formation), ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont pas nécessairement et uniquement la responsabilité du capitalisme financiarisé mondialisé. Le système de la SEF ne va pas les résoudre « en trois coups de cuiller à pot ».

Concernant la SEF stricto sensu, voici quelques remarques critiques :

  • 1) La SEF est-elle mondiale ? Il y aurait quatre marchés à considérer et à subvertir séparément pour aboutir à la subversion globale du capitalisme. La SEF est relative à l’un deux, le marché du travail. Pourquoi, parmi ces marchés, le marché mondial ? Le marché mondial désigne une étendue alors que les marchés des biens, du travail et des titres désignent des composantes de la structure capitaliste. Cela signifie-t-il que la SEF, applicable au plan national, devrait être articulée à une SEF mondiale ? Incidemment, pourquoi ne pas dire qu’existe aussi « le marché européen », des « marchés régionaux » ?
  • 2) Je crois que, en accord avec la théorie de la RI, la théorie de la SEF est d’orientation mondiale. Cela semble vrai, en tout cas pour la main-d’œuvre immigrée en France, à la fois entrée illégalement et n’ayant pas de travail. La SEF lui serait applicable sans restriction particulière. La SEF s’appliquerait également aux citoyens européens, cela va de soi, mais entrés légalement en France. A mon avis, ce genre de préconisation est irresponsable, sans avoir, pour ce qui concerne la population immigrée non européenne, les « vertus internationalistes » que lui prêtent sans doute ses défenseurs. Est-ce ainsi que l’on va contribuer à développer économiquement les pays concernés ? Et à quel prix, économique et politique ? La question à se poser est la suivante : « Peut-on instaurer la SEF dans un seul pays ? ».
  • 3) Le financement de la SEF est un pari consistant à s’engager sur des dépenses immédiates financées par des ressources devant apparaître dans le moyen/long terme selon des perspectives plus qu’hypothétiques (les gains de productivité que procureraient la réussite de la révolution informationnelle). J’ai déjà dit ce que je pensais des « gains de productivité énormes » qu’engendrerait la RI et qui financeraient la SEF.
  • 4) Les formulations actuelles relatives à la SEF sont marquées par une orientation anti-étatiste. Les régions, le peuple, sont abondamment sollicités pour en assurer la conduite. Or la France est un vieux pays de conflits et d’arbitrage étatique pour les résoudre. La dispersion d’inspiration girondine est une voie pour dépasser les contradictions propres au centralisme étatique. Mais c’est une voie qui risque d’être extrêmement coûteuse et globalement inefficace. Quant à la voie du « peuple », c’est une illusion complète au regard de ce que nous savons de la lutte des classes. Il faut donc trouver d’autres procédés institutionnels pour les surmonter et les résoudre. Ensuite, plutôt que d’aborder a posteriori les problèmes de la formation, il faudrait tenter de les résoudre a priori, soit au niveau de l’éducation nationale, soit au niveau des entreprises et des secteurs [11].

Une démarche socialiste correspond à ce type d’inversion relativement au capitalisme. Elle vise à maîtriser autant que possible, les rapports de production. Elle ne cherche pas à prendre exclusivement place au plan des rapports de consommation et de circulation.

Dans ce contexte, l’Etat doit être un acteur directeur du processus. Cela paraît d’autant plus faisable que la France, avec ses 70 millions d’habitants, est, démographiquement, un petit pays.

  • 5) Pour la mise en application de la SEF, la démocratie salariale est amplement sollicitée par ses partisans. Mais cette sollicitation est encore un peu courte, c’est le moins qu’on puisse dire. Par exemple, je ne crois pas possible de commencer à résoudre « la question salariale », comme manifestation de la contradiction fondamentale entre Travail et Capital, sans contribuer à résoudre simultanément les contradictions éventuelles entre salariés de commandement et salariés d’exécution. C’est l’une des raisons notamment pour lesquelles je tiens pour insipide tout ce discours sur « le peuple ».

René Le Guen, décédé en 1993, syndicaliste CGT, l’un des fondateurs de l’UGICT, avait élaboré une théorie que je crois toujours exacte en tant que théorie de base, celle de « la double nature du travail » [12]. Concernant PSA, par exemple, il serait très important de savoir comment l’encadrement se comporte dans le présent conflit. Le socialisme doit apporter des réponses, aux différentes composantes du salariat, de manière fine et différenciée, ainsi qu’à l’ensemble des salariés mais cette fois de manière coordonnée.

  • 6) La réussite du dispositif SEEF est notamment conditionnée à la mise en œuvre de critères de gestions adéquats. Récemment, Paul Boccara a clairement fait comprendre que l’échec de l’expérience de 1981 avait en grande partie découlé de ce qu’on ne l’avait pas écouté. Parmi les éléments auxquels les masses, et notamment les masses communistes, auraient dû être attentives, développe-t-il, figurent les critères de gestion de l’époque. Je m’abstiens de tout jugement sur la personne. Voilà, à mon avis, une démarche typiquement bureaucratique que celle des « critères », des « bons critères » évidemment. Les banquiers démocratiques (car ce sont eux les courroies de transmission de la lutte « contre le capitalisme financier ») accorderont des crédits à faible taux d’intérêt, voire à taux nul, à des organismes qui les répartiront en fonction « des critères ». Et inversement, ayant collecté les demandes des entreprises et appliqué les critères, ces organismes demanderont aux banquiers démocratiques de leur accorder les crédits nécessaires. Ces critères sont ceux de la création d’emplois, de bons emplois. Je ne vois pas comment une entreprise sollicitant des crédits à faible taux irait, dans ses dossiers de demande, à l’encontre de cette orientation. On peut dire tout ce qu’on veut à l’instant t, et ensuite, si « les choses » ne se passent pas ainsi ? Ce que l’on peut craindre est que l’application généralisée de ces critères seraient : 1) impossible à contrôler, sauf dans les très grandes entreprises 2) inciteraient les entreprises à choisir des technologies non progressives, ou les moins progressives possibles.

Le management doit être intériorisé sur une large échelle et faire maintenant partie de la formation générale des salariés. Il ne doit pas donner lieu à ces parodies de management appliqué que seraient « les critères ». L’Etat doit avoir un rôle actif dans cette orientation.

Pour conclure le point 10

Je rappelle d’abord ce qui a été dit au point précédent. La théorie proposée par la section économique pour expliquer les changements fondamentaux de notre époque (la RI) est très discutable. Elle repose sur une conception exogène du progrès technique. Le progrès technique descend du ciel. La théorie de la révolution informationnelle survalorise la consommation des informations. Elle produit des effets idéologiques désastreux. Elle encourage une idéologie mondialiste et technicienne. Ce n’est pas une conceptualisation anti-socialiste dans son principe, mais c’est la conception d’un socialisme technicien, d’un socialisme d’ingénieur, celui-là même qui a échoué en Russie et en Europe centrale.

La SEF, qui en est l’accompagnement pratique au plan du marché du travail, porte les traces de sa matrice originelle. Elle prétend attaquer fondamentalement le capitalisme par le biais de la consommation de la force de travail et de la création monétaire. Elle semble, elle aussi, de nature mondialiste. Elle est démagogique et illusoire, reposant sur des gains de productivité auxquels les seules voies de la technique ne donneront pas accès. Elle est antiétatique et accorde une confiance à des « critères » qui, s’ils étaient appliqués, risqueraient d’engendrer un joyeux gaspillage, les élus de chaque région étant désireux d’avoir le maximum d’emplois possible.

Quand je fais le bilan de ces propositions « révolutionnaires », je me dis parfois que le rôle des communistes consiste aujourd’hui à crier un peu plus fort que les autres pour les augmentations du SMIC. Je pense que notre efficacité idéologique et théorique, si elle existe, s’arrête à peu près là. Bravo pour le progrès des idées du socialisme !

Plutôt que de toujours chercher des excuses « ailleurs », nous pourrions, quelquefois, regarder devant notre porte et en tirer vraiment les conséquences. Nous n’apparaissons pas comme des gens capables de gouverner. Nous ne sommes pas pris au sérieux. Le malheur de ces masses et de notre pays est que leur seul recours « sérieux » soit un Parti socialiste dont les dirigeants ont non seulement abandonné tout idéal de révolution sociale, dans le monde comme dans leur pays ou en Europe, mais ont de plus perdu le contact avec les travailleurs salariés les plus modestes et les plus vulnérables

 [13]


[1En évitant les attaques personnelles, cela va de soi. Je vais seulement me permettre une remarque. Certains membres de la Section économique ont pris l’habitude de signer leurs écrits par « Les économistes communistes ». Qu’ils (ou elles) signent : « Tartempion, membre de la Section économique, rien que de plus normal ». Mais « Les économistes communistes » ! La Section économique du PCF aurait-elle été mise en location-vente ? Je trouve stupéfiant que des communistes en situation de responsabilité puissent être aussi puérilement sectaires. Cela n’aurait pas d’importance s’il n’y avait des conséquences politiques. En voici une illustration. D’autres économistes, radicaux quoique n’étant pas membres du PCF se sont aussitôt constitués en groupe distinct, celui des « Économistes non communistes », ou quelque chose comme ça. Au lieu de « réunir », la secte des « Économistes communistes » a contribué à fractionner. Telle est la logique des sectes que de produire d’autres sectes à l’infini. Une organisation communiste ne peut avoir pour fonction, selon moi, de soigner les problèmes caractériels de ses membres en les laissant agir à leur guise dans des postes de responsabilité. Cela dit, je vais éviter d’entrer dans les querelles personnelles. Elles éloignent de l’essentiel, qui est un débat d’idées pouvant inférer positivement ou négativement sur la vie d’autres hommes, débat qu’il convient de mener avec le plus grand nombre, même si c’est un débat parfois techniquement et conceptuellement difficile.

[2Je mentionne, incidemment, que cette démarche m’a obligé à définir ce qu’est « la production matérielle ». La production matérielle est le processus de production dans lequel les « matières premières » se retrouvent dans le produit final. La production non matérielle est le processus de production dans lequel le résultat final ne porte pas la trace physique des « moyens de travail » utilisés pour parvenir à ce résultat. C’est pourquoi je parle, alors, de moyens de travail et non de matières premières (c’est-à-dire de matières qui sont d’abord premières et ensuite finales, dans le produit). Une grande différence entre ces deux formes de production tient au rôle des investissements techniques. Dans la production matérielle, les investissements ont un rôle transformateur des matières premières, qui se retrouvent dans le produit final. Le travail y est évidemment subordonné aux investissements techniques. Dans la production non matérielle, les investissements techniques sont évidemment nécessaires. Mais la force de travail ne leur est pas subordonnée par principe puisqu’ils ne sont pas liés au résultat.

[3Il me faut ici souligner la critique, par Gilles Questiaux (diffusée sur le site de RC en Août 2009), du livre que j’ai écrit en collaboration avec Quynh Delaunay, sur le « Lire le Capitalisme contemporain, etc. » (Le Temps des cerises, 2007). J’ai été sensible à la publication de cette critique d’abord parce que l’ouvrage en question reçut un accueil très silencieux, mais ensuite et surtout parce qu’elle contient plusieurs suggestions d’approfondissement que je devrais mettre à profit. En particulier sur les services, G. Q. écrivait : « Les services en général… est un concept qui me paraît imprécis ». Il propose, dans ce compte-rendu, une intéressante typologie des services. Ses remarques m’ont incité à réfléchir davantage et je l’en remercie.

[4Ce qui me paraît intéressant d’observer, dans l’idéologie communiste actuelle, est qu’elle est d’une part « mondialiste » et européenne (en ne sachant pas très bien sur quel pied danser avec la nation), mais qu’elle est d’autre part « multi-culturaliste ». Elle identifie la culture à la cuisine, qui serait un peu tout. On retrouve le même phénomène avec les religions. Chacun picore un peu de ceci, un peu de cela, dans les diverses religions. Trois « Ave » par-ci, un Kamasoutra par-là, enlevé c’est pesé. Les dignitaires de chacune d’elles font la gueule, évidemment, et ce n’est pas mon problème. Mais c’est peut-être ça, le mondialisme des classes moyennes, un mondialisme éclectique, ou peut-être un éclectisme mondial.

[5Certes, le socialisme doit porter la plus grande attention à la consommation de l’information. Mais on ne peut oublier le complémentaire nécessaire de la consommation, qui est la production. Si j’étais partisan de la théorie de la RI, voilà, en tout cas, comment je raisonnerais. Quelle que soit l’importance accordée à l’information dans les changements fondamentaux en cours, rôle moteur et de premier plan comme le croit P.B., ou rôle dérivé et de second plan, comme je le pense, on ne peut envisager d’aboutir à une conception valide du socialisme sans clarification simultanée des phénomènes de consommation et de production des informations. PSA est notamment, en tant que grande entreprise mondialisée, un système d’informations. Réfléchir au développement de la démocratie économique dans l’entreprise suppose de voir comment, à quels niveaux, avec quelles missions, les travailleurs salariés de PSA doivent et peuvent intervenir dans ce système particulier d’informations. L’intervention dans le système de décisions est un problème autre, quoique très proche.

[6Il existe actuellement en France un corpus théorique, élaboré par Jean Lojkine et étudié en collaboration avec un syndicaliste CGT, Jean-Luc Maletras, portant sur la production de l’information. Ce corpus est différent de celui adopté par la SE du PCF. Bien que considérant comme vrai le fait que les ordinateurs bouleversent les conditions actuelles de travail des hommes (et reprenant l’analyse de PB selon laquelle les ordinateurs prennent en charge certaines opérations du cerveau humain), ils adoptent une démarche sociologique. C’est donc une démarche de terrain, avec ce qu’elle comporte de minutieux et de pointu. Ils ont étudié des entreprises et n’ont pas cherché à produire des prophéties sur l’avenir du monde dans cent cinquante mille ans. Or les grandes entreprises se présentent, et d’une certaine manière sont, des systèmes d’informations. Le système d’informations est le cœur de l’entreprise moderne et le service informatique en est l’organe technique de fonctionnement. En raison de leur démarche, ils sont conduits à étudier comment est produite l’information au sein de la grande entreprise. Ce qui les intéresse est la production de l’information en même temps que les conflits de classe et les contradictions internes à ce processus. De son propre mouvement, Lojkine est conduit à proposer le concept de « classe informationnelle ». On peut penser ce qu’on veut de ce concept, mais on voit bien la différence entre sa démarche et celle de P.B.

[7Cette analyse de la science est contestée par certains scientifiques. Il faudrait quand même examiner les raisons de leur contestation.

[8On perçoit ici de manière claire, me semble-t-il, l’un des effets de la discussion que je mène. Pour les partisans de la RI façon Boccara, l’appropriation de la RI par le Capital engendrerait la prolétarisation de la force de travail, la formation d’OS des services, etc., et donc « une sorte d’unification ouvrière ». Je trouve ce raisonnement métaphysique, en cela qu’il ne décrirait pas les contradictions réelles au sein du procès de travail. Qu’il y a ait recherche de la prolétarisation par les capitalistes, quoi de plus normal. Les capitalistes, jusqu’à plus ample informé, demeurent des capitalistes. Leur objectif incessant est de soumettre la main-d’œuvre au processus d’exploitation pour s’approprier son temps de travail. Les questions soulevées sont : « Cela est-il toujours possible et quand cela se produit, à quel prix cela se produit-il, tant en ce qui concerne les travailleurs que les produits qu’ils fabriquent ou que les prestations qu’ils rendent ?

[9L’hypothèse que je crois juste est la suivante. Pour des raisons à préciser, les activités de services, au siècle dernier, ont été massivement développées. Or ces activités qui, pour la plupart, ne sont pas gérables en suivant les lois de la productivité industrielle, sont des lieux par excellence d’existence de l’information. Dans toute activité de service, il y a une adresse, un téléphone, d’autres informations. Or elles étaient devenues de plus en plus coûteuses et parfois inefficaces. Leur informatisation et, dans ce contexte, la pénétration de l’ordinateur individuel, en a modifié le fonctionnement. Les activités situées à l’origine du développement accéléré des ordinateurs sont les services (la production scientifique, la banque et la finance, la gestion publique, le management des entreprises, etc.). La mondialisation capitaliste a accru le degré de complexité spatiale, culturelle, financière, économique, politique, des affaires. Elle a nécessité le déploiement intensif de nouveaux services et simultanément, leur informatisation. Il reste que la base matérielle du changement social, ce sont les services et non les ordinateurs. Cela dit, il faut dépasser cette notion de service et c’est pourquoi je propose le concept de « production non matérielle ».

[10Cela me rappelle un slogan publicitaire qui a parcouru autrefois les ondes et qui était « Des pâtes, des pâtes, Oui mais des Panzani ! ». Aujourd’hui, le slogan serait « Des services, des services, Oui mais des services publics ! ». Je suggère qu’une régie publicitaire mette mon idée à l’étude pour la popularisation radiophonique de la politique du PCF.

[11J’ai assisté à une conférence animée par un syndicaliste CGT de l’entreprise EADS (Conférence organisée par J. Lojkine, dans les locaux de l’EHESS, séminaire de la FGP, alors régulièrement annoncé dans l’Humanité). Nous étions 5 personnes, orateur et présentateur compris, à participer à ce débat, pourtant instructif. Il montrait sans ambiguïté comment le syndicat avait réussi à convaincre les autres salariés et la direction de l’entreprise à anticiper autant que possible ses besoins de formation. Il me semble que, depuis ce moment, les partisans de la SEF ont mis « un peu d’eau dans leur vin » en faisant allusions aux déficiences du système scolaires à produire les formations nécessaires. Mais, à cette époque, la théorie de la SEF était une conception « a posteriori », une sorte de ramassage des débris du fonctionnement du marché du travail. Autrement dit, un dispositif n’ayant rien de révolutionnaire. Cela étant dit, si l’une des solutions consiste à produire à l’avance les formations nécessaires, en quoi la solution au problème qu’est le capitalisme proviendrait-il de la façon douce de traiter subversivement le marché du travail grâce à la SEF ? Passer du financement de toutes les forces de travail rejetées par le système productif à un effort de planification des besoins du système productif modifie la nature de la SEF. Cet effort d’anticipation devrait limiter « la casse ». Cela dit, la SEF devient un système de financement du chômage, amélioré en principe, et gagé soit sur des ressources que je crois illusoire, soit sur de la création monétaire.

[12J’ai évoqué cette théorie dans mon petit livre sur « La Chine, la France, la France, la Chine, Eléments d’une discussion, p.89 »

[13Tout en entretenant avec les masses salariées plus aisées un rapport aussi fragile qu’ambigu. Car ces dirigeants « socialistes » ressemblent aux radicaux-socialistes qui, à leur apogée électorale, étaient, selon la formule bien connue, ni radicaux ni socialistes. Je pense que les dirigeants communistes, et l’encadrement principal de ce parti, devraient se rappeler ce que disaient autrefois les dirigeants communistes « Quand le Parti va mal, je m’interroge ». Cela dit, je pense que les dirigeants socialistes portent une grande responsabilité dans l’évolution de la situation actuelle et dans sa dégradation. Je n’ai, je le crois, aucune illusion dans la capacité de ces dirigeants à modifier leur comportement. Ma question est la suivante : « Comment intervenir auprès des masses qu’influence l’idéologie socialiste pour faire bouger les déficiences de cette idéologie ? ». Les luttes, oui, sans doute. Mais à mon avis, c’est loin d’être suffisant. Il faut dialoguer avec cette population.

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