Bien sûr traquer et punir les coupables. Mais poser publiquement la question : comment se fait-il qu’ils aient pu (...)
Mélenchon sera-t-il le candidat des communistes ? Lettre de la Gauche co n°47, juin 2011
A cette question, la direction nationale a déjà répondu oui depuis des mois. Pourtant, la Conférence nationale des 3, 4 et 5 juin a eu une tonalité bien différente.
Depuis plusieurs mois, la grogne couvait. Entre l’appel du 4 décembre 2010 pour un candidat communiste qui a recueilli plus de 1 200 signatures, l’appel lancé par d’autres camarades sur les mêmes bases en janvier 2011, le conseil national très divisé des 8 et 9 avril, l’appel des 20 secrétaires fédéraux demandant un débat clair et le respect de la souveraineté des communistes, les prises de position hostiles à cette candidature se sont multipliées.
Au delà d’une simple candidature l’élection présidentielle, c’est bien l’avenir du Parti communiste qui se joue aujourd’hui. En décembre dernier, en catimini, la direction nationale du Pcf a fait adhérer la Gauche unitaire et le Parti de gauche au Parti de la gauche européenne (PGE). Ce PGE est un laboratoire pour toutes les petites formations à la gauche des partis sociaux-démocrates. Un parti comme le Parti communiste grec (KKE) a toujours refusé d’y adhérer. Par contre, son alter ego réformiste, Synapsismos, en est un des fondateurs. La philosophie même de cet ensemble pose problème. Dans ses principes fondateurs, il est clairement dit que les partis adhérents au PGE ne remettront jamais en cause l’existence de l’UE, ni du « marché », ou de la « concurrence libre et non faussée », etc. Au sein du PGE, plusieurs formations expérimentent des rassemblements ressemblant comme deux gouttes d’eau au Front de gauche tel que Jean-Luc Mélenchon le conçoit, c’est à dire une nouvelle organisation politique destinée à supplanter les partis qui l’ont fondée.
Alors la direction nationale a beau dire qu’elle n’a pas l’intention de laisser diluer le Pcf dans le Front de gauche, ni de construire une nouvelle organisation, on a du mal à la croire. Surtout quand l’horizon proposé est de lier l’élection présidentielle et l’élection législative, avec pour objectif, dixit Marie-George Buffet « la création d’un groupe Front de gauche à l’Assemblée nationale ». Pourquoi pas d’un groupe communiste ? Parce que la direction affirme que le « Front de gauche » crée une dynamique...
A la conférence nationale, toutes les questions ont été abordées : les risques de dilution du parti et de création d’une nouvelle entité, le poids réel des « partenaires », leur appétit d’argent et de places électives, la souveraineté des communistes, la question rassemblement et des alliances, les problèmes de financements...
Les communistes, dans de nombreuses fédérations, ont réaffirmé leur attachement à leur parti. Même les partisans de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas prêts à voir sacrifier le Pcf. Les plus à droite, ceux qui comme Marie-Pierre Vieux ou Nicole Borvo défendent le principe d’adhésions directes au Front de gauche, ont du reculer. La direction elle-même, qui pensait que la conférence nationale ne serait qu’une formalité avant une ratification par les adhérents du Parti, a du transiger. Car il est monté haut et fort que les communistes refuseraient un choix imposé.
Bien entendu, ni la résolution finale ni le bulletin se sont parfaits, loin de là. Mais nous avons obtenu que le bulletin de vote soit distinct de la résolution, et surtout, que les noms de tous les candidats soient sur le bulletin vote pour permettre aux communistes de choisir.
Il faut saluer l’attitude d’André Gérin, qui a retiré sa candidature pour éviter la division des suffrages. On ne pouvait pas attendre la même attitude d’Emmanuel Dang Tran qui, en se maintenant, fait ouvertement le jeu de Mélenchon et de la direction nationale.
Le vote des communistes aura lieu les 16, 17 et 18 juin. Ce sera l’occasion d’exprimer notre attachement à un candidat communiste, fut-ce dans le cadre du Front de gauche. Mais il n’aura échappé à personne que si André Chassaigne sortait vainqueur du scrutin, le Front de gauche en serait profondément transformé.