Les communistes et la question de l’immigration

, par  Alfred Gautier , popularité : 2%

Cet article complète et explicite, d’un point de vue marxiste, l’article que j’avais intitulé : "André GERIN reprend à son compte la lutte contre... l’immigration !".

Les migrations de populations ont pris une nouvelle et durable dimension internationale. Pour une bonne part, elles résultent de la misère, conséquence des politiques colonialistes d’hier, et d’un ordre économique capitaliste qui déstructure les sociétés et étouffe leurs possibilités de développement.

L’impérialisme tue les civilisations différentes, les met au pas, spécialise dans des voies de garage des peuples entiers, voire les anéantis. Regardons l’état de l’Afrique, c’est pour une bonne part la faute des Occidentaux capitalistes.

L’heure est donc plus que jamais, en cette période de révolutions arabes, à la solidarité internationale et à la coopération pour un développement humain durable et partagé.

Les communistes sont pour le développement des forces productives dans chaque pays, ce qui suppose que soit préservé des équilibres humains opposés au pillage capitalistes systématique des ressources humaines des pays pauvres par les pays riches (« immigration choisie », chère à Nicolas SARKOZY).

Est-ce pour autant qu’il faille proposer des mots d’ordre comme « la limitation de l’immigration » ou encore « l’arrêt de la régularisation des travailleurs sans-papiers » (courrier d’André GERIN à Pierre LAURENT) ? Je ne le pense pas.

Les grèves des sans-papiers, sous l’impulsion de la CGT, ont révélé combien ils participent à la création des richesses. La lutte pour la régularisation de tous les travailleuses et travailleurs sans papiers relève de l’égalité des droits entre tous les travailleurs du monde entier, préalable à l’unité du monde du travail contre son ennemi commun : le capitalisme.

Dans la rhétorique du FN et de la droite, on entend que l’immigration serait un risque, car ayant tendance à casser les droits sociaux et à réduire l’emploi des travailleurs français.

En réalité, il n’y a pas besoin d’immigration pour que ce mécanisme implacable se produise !

D’une part, par le jeu de la liberté totale des échanges, la compétition économique peut parfaitement siphonner les emplois en France et peser sur nos droits sociaux : aucun Chinois ne nous envahi physiquement, mais par contre, leurs produits le font très bien !

De même, la liberté de circulation des capitaux conduit à un chantage permanent sur nos conditions de travail.

Mais il faut bien comprendre que, même sans aucune migration et en « économie fermée » totale, en régime capitaliste, les employeurs pèsent de toute manière en permanence sur les conditions de travail pour augmenter leurs profits ; ils n’ont pas besoin de main d’œuvre immigré pour cela !

Je prends l’exemple de l’assureur GENERALI. Il a procédé à des licenciements boursiers en 2007. La direction, à l’époque, avait imposé une nouvelle grille de salaires, équivalente, pour certains, à une baisse de salaire de 30 %.

Ceux qui avaient refusé ce recul ont reçu une lettre de licenciement pour refus de modification substantielle de leur contrat de travail. C’est aussi simple que cela pour le patronat !

Les capitalistes n’ont pas besoin des étrangers pour opposer les travailleurs entre eux. Ce ne sont pas les étrangers qui nous mettent en concurrence, c’est d’abord et avant tout le MEDEF, pour ses propres profits.

Mettre les difficultés économiques sur le dos des immigrés détourne le regard des travailleurs sur le rôle du capital, capital qui n’a jamais hésité, lui, à recourir massivement à l’immigration quand il s’agissait de valoriser certains secteurs de l’économie (automobile, mines, sidérurgie…) !

D’où l’idée qu’il faut avant tout s’attaquer au capitalisme, seule condition, d’ailleurs, pour établir des rapports mondiaux économiques et migratoires « équitables ».

Avec la crise du capitalisme, l’idée se propage que les travailleurs immigrés seraient de trop en France. Accepter cette idée, quelle que soit les intentions de ceux qui les propagent, revient à en rabattre sur nos prétentions à renverser cet ordre capitaliste mondial affameur de tous les peuples, ce capitalisme anarchique et déséquilibré.

Ce n’est pas la capacité à absorber les travailleurs étrangers qui est en cause, c’est le système lui-même, qui, non content de piller les ressources des pays étrangers (impérialisme), organise la pénurie dans les pays riches dans tous les domaines !

En clair, le capitalisme est incompatible avec la satisfaction des besoins sociaux. Il faut une union de tous les prolétaires de tous les pays pour faire émerger une conscience de classe révolutionnaire.

Même si cela est difficile à expliquer à une grande partie de nos concitoyens, excédée par ses conditions de vie, il ne faut en rabattre sur la dénonciation des rapports de production capitalistes qui mettent notre société à l’agonie et font courir un risque fasciste imminent en France, mais aussi en Europe ou aux États-Unis (Tea Party).

Il faut développer les partenariats avec les pays d’émigration afin de mettre fin à l’exode de misère, mais il faut aussi assurer la libre circulation et la régularité du séjour des migrants car nous sommes tous des Hommes sur la même planète et nous sommes pour là-plupart des travailleurs dont les intérêts sont convergents, et non pas divergents.

Il ne faut pas se tromper de combat et pointer du doigt les forces du capital, c’est le meilleur moyen de lutter contre les réactions de haine épidermiques.

Il faut non seulement respecter le droit d’asile, mais aussi régulariser les sans-papiers, avec un titre de séjour de 10 ans (ce qui arrêtera d’en faire une main d’œuvre docile, quoi que cela change, grâce à l’action de la CGT), faciliter, pour ceux qui le souhaitent, la nationalité française et supprimer le visas de court séjour et les centres de rétention.

Pour lutter contre le FN, nos renoncements ne sont pas que l’on continue à réclamer la régularisation des sans-papiers, mais dans le fait que nous avons un peu perdu cet objectif, qui constitue une fin mais aussi un moyen :

OUI AU COMMUNISME MONDIAL.

Gautier WEINMANN

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