Avec l’approbation du ’7ème plan quinquennal de développement’ par le gouvernement et sa présentation au parlement ces mobilisations se sont considérablement amplifiées. Cette progression et l’élargissement des luttes ouvrières sont essentiels dans l’équilibre des forces et la lutte des classes.
Le mouvement ouvrier qui est à l’initiative des grèves et des manifestations dans différentes parties du pays occupe de ce fait une place de plus en plus importante dans la lutte nationale contre la dictature au pouvoir et les équations politiques
. La diversité des formes de lutte qui constitue l’une des spécificités de ce mouvement va de pair avec l’extension du mouvement de grève.

La progression du mouvement de grève n’a pu se réaliser sans arrière-plans objectifs et subjectifs précis. Il faut accorder une attention toute particulière aux précieuses expériences acquises à travers les mobilisations des ouvriers et travailleurs au cours des dernières années ainsi qu’à l’évolution de la conscience de classe des masses laborieuses. Autrement dit, le mouvement ouvrier et les mouvements syndicaux avancent sur un chemin tortueux et progressent dans la voie du renforcement de leurs structures ainsi que leurs capacités organisationnelles. L’expérience de ces derniers mois, en particulier l’impact de certaines manifestations et grèves ouvrières organisées simultanément avec le mouvement Femme, Vie, Liberté sont riches d’enseignement. Ces expériences doivent être rassemblées et leurs résultats et somme versés avec inventivité au service du combat actuel. Quels en sont les principaux axes et spécificités ? Au regard du niveau actuel de préparation des masses laborieuses, comment peuvent-elles contribuer au renforcement et à la consolidation de la position/place du mouvement ouvrier ainsi que la réhabilitation des droits syndicaux ?

Dans le feu du mouvement Femme, Vie, Liberté, la grève des agents de l’industrie pétrolière nationale et de l’usine sidérurgique d’Ispahan - deux pôles stratégiques industriels du pays dont le rôle dans le revenu national est considérable - a prouvé que malgré des années de répression sévère, la classe ouvrière est consciente des nombreux moyens dont elle dispose pour participer aux équations politiques et lutter contre la dictature et l’intervention impérialiste. Les modalités d’utiliser cette capacité et de l’appliquer dans le cadre du soulèvement antidictatorial sont liées à la dynamique du renforcement du mouvement ouvrier dans les luttes actuelles. En l’occurrence, la discussion relative aux tâches, responsabilités et la place du mouvement ouvrier à ce stade de la lutte nationale contre la dictature porte principalement sur les voies permettant son renforcement en mettant l’accent sur deux champs : le combat politique et la lutte syndicale. Ces deux champs sont dialectiquement liés. Lorsque nous parlons du renforcement du mouvement ouvrier, il faut impérativement identifier et apprécier correctement certaines spécificités du combat des travailleurs.

L’intensification de la lutte, l’unité d’action inclusive, la fusion de la lutte politique et la lutte syndicale et l’indépendance de l’action de classe des travailleurs dans le combat constituent au stade actuel les quatre particularités dans la confrontation de la classe ouvrière avec la dictature dominante.

L’examen même rapide des grèves et protestations des travailleurs dans différents domaines et régions met à jour la formation de ces caractéristiques dans le mouvement ouvrier et les actions syndicales. L’observation des grèves et les protestations des travailleurs contractuels et des travailleurs intérimaires des industries pétrolière, gazière et pétrochimique prouve l’importance d’une action syndicale inclusive et unitaire. Initiative unitaire reprise dans plusieurs autres centres industriels. Mais, partout où le subjectivisme et le sectarisme ont eu le champ libre on a assisté à l’affaiblissement ou le peu d’efficacité des campagnes de grève. La grève des travailleurs contractuels a démontré aux travailleurs et syndicalistes l’importance de l’unité d’action inclusive.
Malgré de nombreux obstacles, le but du combat des agents de l’industrie nationale pétrolière, de la sidérurgie d’Ispahan, des ingénieurs et techniciens de l’électricité et de l’énergie, était d’établir le lien et la liaison avec le mouvement national antidictatorial et participer au mouvement Femme, Vie, Liberté. Il suffit d’observer ces grèves, pour en identifier le contenu : intégration de la lutte syndicale au combat politique. Le choix des périodes de grève et leur synchronisation avec les mobilisations populaires dans le cadre du mouvement Femme, Vie, Liberté ont constitué les critères de ces actions. C’est précisément pour cette raison que le chef adjoint de l’organisation jaune gouvernementale « Maison des travailleurs », avait déclaré : « Toutes les revendications syndicales teintées d’une couleur politique seront contrées ».

Les mobilisations des personnels de l’éducation nationale tiennent compte de l’importance de l’unité d’action , du niveau d’organisation et associent lutte syndicale et politique. Ces caractéristiques sont bien visibles dans les actions de protestation des enseignants. La lutte sans relâche des enseignants à différentes étapes et leur présence massive font parties des expériences les plus importantes du mouvement ouvrier et viennent à confirmer les quatre principales caractéristiques du combat à l’heure actuelle. Il en est de même des mobilisations ininterrompues des retraités et pensionnés ainsi que les batailles des infirmières et des travailleurs du secteur de la santé. Ajoutons à cela une solidarité croissante dans l’ensemble de ces manifestations et grèves ouvrières parmi les cheminots, dans les municipalités, le secteur du bâtiment et les boulangers ainsi que le désir et la volonté de la classe ouvrière d’intensifier la lutte malgré la répression.

Dans tous ces grands et petits mouvements de grève, il faut souligner l’indépendance des actions de classe en insistant sur les revendications syndicales et le lien avec les mouvements populaires. Malgré certaines lenteurs et un chemin sinueux, le mouvement progresse et va indéniablement de l’avant. Il va sans dire que les organes de sécurité et la machine répressive du régime élaborent et mettent en œuvre des plans pour contenir, contrôler et réprimer le mouvement ouvrier.

L’opposition et le combat contre le 7ème plan de développement ainsi que les revendications relatives au réajustement et à l’augmentation des salaires, le refus du recul de l’âge de départ à la retraite et l’arrêt des privatisations se poursuivent avec force et détermination. Il est essentiel de travailler sans relâche au renforcement et l’élargissement de ces luttes, en étant attentif à ses caractéristiques propres qui contribuent à consolider le combat du mouvement ouvrier contre la dictature au pouvoir.