Gérard Collomb, symbole du réformisme et de sa compromission avec le Capital

, par  Pascal Brula , popularité : 4%

Gérard Collomb vient de décéder et les éloges pleuvent. Évidemment, tous les médias capitalistes, diffuseurs de l’idéologie dominante, n’arrêtent pas de l’encenser. Et tous les politiques de la droite jusqu’aux verts, soulignent le formidable bâtisseur qui a transformé Lyon. C’est notamment Macron qui affirme que le nom de ce « bâtisseur » restera « indissociable de celui de sa ville ». BFMTV, propriété du milliardaire Patrick Drahi, a retransmis en direct ses obsèques de A à Z. Il est vrai que cette chaine a particulièrement promotionné le candidat Macron en 2017 soutenu dès le départ par Collomb. La boucle est bouclée.

De quel bâtisseur parle-t-on ?

Plus étonnante, la déclaration du PCF Rhône nous apprend que « Depuis 2014, nos visées pour les Lyonnais s’étaient éloignées quand il a fait le choix du macronisme », et salue une « grande figure politique » ayant « métamorphosé » Lyon. Ah bon ! Notre éloignement ne daterait que de 2014 ? Pour ce qui est de la métamorphose, on est d’accord, il aura beaucoup fait pour les promoteurs immobiliers et réduit autant qu’il le pouvait la place des milieux populaires rejetés en périphérie de Lyon. Par exemple, ce fameux "bâtisseur" alors maire PS, détruira en grande partie le quartier populaire de la Duchère situé dans son fief du 9ème arrondissement, quartier très bien situé sur les hauteurs de Lyon, pour l’offrir à l’appétit des promoteurs en réduisant de 80 à 50% l’habitat social. Sur cette question, je joins un texte que j’avais écrit en 2009 (bien avant 2014 !) et titré « Collomb mène la chasse aux milieux populaires » et publié dans le journal "Fiers-d’être-communistes" regroupant des camarades décidés à résister au huisme et à la mutation social-démocrate du parti. Mais visiblement, le secrétaire fédéral du Rhône qui a pondu ce communiqué nous montre quelle confusion règne encore dans les têtes vis-à-vis de la "gôôôche" ; en effet, le macronisme marque seulement l’aboutissement de la politique du PS qui a toujours été au service du capitalisme.

L’opportunisme politique

Le fait d’être d’origine modeste avec un père ouvrier métallurgiste, militant CGT, n’a pas eu beaucoup d’influence sur le parcours politique de Collomb. Devenu professeur agrégé de lettres grâce à l’ascenseur social, il sera de la bande à Mitterrand, membre de la Convention des Institutions Républicaines (CIR) qui fera main basse sur le PS, et comme caution de "gauche", responsable de la fondation Jean Jaurès ! En 1988, après un épisode de cohabitation de deux ans au cours desquels Pasqua (RPR) redécoupe les circonscriptions au désavantage principalement du parti, il est député sortant issu de la proportionnelle instaurée par le gouvernement PS et obligé de se présenter dans la 1ère circonscription du Rhône ; le redécoupage est bien pensé puisque, dans cette circonscription, le 5ème arrondissement, situé majoritairement à droite, représente 50% de l’électorat auquel ont été accolés une partie de son fief du 9ème, un morceau du 2ème, du 7ème et du 8ème, tous votant à gauche, voire même communiste. Mais 1988, c’est l’heure de « l’ouverture » de Mitterrand, en fait ouverture à droite ; le PCF, qui a quitté le gouvernement en 1983, refuse de se désister pour le candidat PS lorsque le suppléant ou le titulaire est de droite. Or Collomb, joue à fond l’ouverture et se présente avec un suppléant UDF. Il se trouve que j’étais alors secrétaire de section du 5ème arrondissement et poussé par le parti à être candidat. Bien évidemment, nous refusons de nous désister : je rédige un tract au recto duquel il y a le détail de notre position, et au verso, un dessin de Wolinski (poupées russes) que j’avais détourné en caricaturant Collomb et son suppléant (cf. dessin ci-dessous).

Verso du tract du PCF appelant à ne pas se désister pour Gérard Collomb lors des législatives de 1988.

Bien sûr, nous avons fait le nécessaire pour que notre décision ne soit pas vaine… Il est finalement battu ! Cela le marquera, et par la suite, fera en sorte que le PCF soit neutralisé à son profit. Cela tombait bien, car au parti, c’était la nuit huiste [1], Lyon étant baptisé "Laboratoire de la mutation" : pendant toute cette période et celle de M.G. Buffet, il n’y aura pas un dirigeant fédéral qui ne sera pas dépendant financièrement du PS, soit élu conseiller municipal de Lyon sur la liste Collomb, soit conseiller régional sur la liste PS. Pire, on apprendra par la suite que, les indemnités des élus étant plafonnées, Collomb arrosera avec l’excédent, bien sûr les dirigeants du PS, mais aussi le trésorier de R.Hue, ancien secrétaire fédéral du Rhône, personnage influent de la fédération. Sur le plan politique, aucune compromission n’a jamais gêné, ni ne gênera G.Collomb. En 1995, il remporte trois arrondissements, dont son fief du 9ème, et il intègre la direction de la Communauté urbaine dirigée par… R.Barre. Tout le monde sait qu’il a remporté la ville en 2001 cornaqué par ce dernier. Et de fil en aiguille, sa trajectoire politique, avec au final son intégration dans le macronisme, sera celle du PS comme de tout réformisme, condamné à servir le capitalisme.

D’après l’Huma, Gérard Collomb « aurait symbolisé les compromissions libérales d’une partie de la gauche ». Quel charabia ! Que signifient « les compromissions libérales » ? Et l’autre partie de la gauche, dans quelles compromissions est-elle ? Apparemment, à l’Huma, on ignore désormais qu’à gauche, la ligne de partage s’est toujours située entre les révolutionnaires et les réformistes.

Au service du patronat

Après les années catastrophiques de la "gauche plurielle", G.Collomb, encore au PS, ne se cachait même plus, allant bras dessus, bras dessous, avec le patronat. Comme par exemple le 8 octobre 2013, depuis la Cité Internationale de Lyon : il sera dans un meeting du Medef et de la CGPME réunis, aux côtés de 2000 patrons qui dénonçaient qu’« Aujourd’hui, 147 taxes pèsent sur les entreprises françaises et notre taux de marge est le plus bas d’Europe », les pauvres... Les deux "syndicats" défendaient la mise en place d’un « bouclier emploi », consistant en « un plafonnement des charges patronales », du grand classique de l’idéologie capitaliste (cf. photo).

Gérard Collomb hilare entre Alain Mérieux du Medef et François Turcas, président de la CGPME en 2013, participant à un meeting patronal à la Cité Internationale de Lyon.

A l’issue de son premier mandat de maire en 2006, dans une revue patronale, "Acteurs de l’économie", un bilan de l’action économique de Collomb est présenté au travers des témoignages de ces fameux "acteurs". Ci-dessous, je joins quelques-uns des propos tirés de cette revue. Une citation résume bien la situation : « le patronat aura bien du mal à critiquer un bilan auquel il se félicite de s’être totalement associé ».


Quelques citations tirées du bilan de Gérard Collomb en 2006 dans la revue patronale "Acteurs de l’économie" :


Patrick Molle, directeur de l’EMLyon Business School, anciennement appelée École supérieure de commerce de Lyon :
« Il est le fils spirituel de Raymond Barre et le légitime fédérateur du milieu économique lyonnais »

Patrick Perrier, directeur d’études chez "Entreprise et personnel", association des DRH de grandes entreprises :
« A l’égard du milieu économique, Gérard Collomb a étonné favorablement ceux qui redoutaient son arrivée et défavorablement ceux qui l’espéraient »

Luc Marlot, secrétaire départemental de la CFDT :
« Nous croyions qu’il voulait donner davantage de légitimité aux corps intermédiaires. Nous espérions collaborer sur le chantier si sensible de l’emploi. Depuis 2001, nous avons eu si peu de contacts avec ses équipes... »

Franck Tannery, professeur en stratégie à l’université Lyon 2 :
« Le bilan social est effectivement d’autant plus décevant que c’est sur ce terrain que la nouvelle équipe municipale était attendue, et que d’autres domaines, économique, culturel, ont davantage bougé. Mais on n’est à la pointe dans un domaine, par exemple le social, que lorsque l’on peut agir sur un terreau favorable. Le maire s’est placé à la hauteur de la situation sclérosée d’un certain nombre d’acteurs, notamment du syndicalisme »

E.S et D.L du journal "Acteurs de l’économie" :
« L’alliance était loin d’être naturelle. Pourtant c’est aujourd’hui l’une de celles qui tire Gérard Collomb le plus efficacement vers le haut. En quelque mois, le maire a su séduire les opérateurs immobiliers et en faire ses principaux alliés. Les superlatifs se bousculent sur les lèvres des Pdg de Gécina, Eurazéo et autres Nexity ou Altaréa et Unibail. Certes, l’excellente conjoncture immobilière fait de Lyon une place privilégiée pour le développement de programmes tertiaires et industriels comme de logements (...), les loyers haut de gamme sont attractifs... »

Philippe Béranger, directeur Rhône-Alpes/Auvergne de European Homes :
« L’agglomération a libéré du foncier et on ne peut que s’en féliciter. Le problème est que le cahier des charges élève le m2 promis à la vente à d’importantes hauteurs, jusqu’à 4200€ au Confluent. Au delà des 2800-3500 € communément retenus comme plafond acceptable »

Un sondage patronal...

Sur la foi du bilan économique que vous jugez positif, voterez-vous pour Gérard Collomb lors des prochaines élections municipales ?

Daniel Gouffé, président de Mérial et d’ERAI répond favorablement...

Jean-Paul Mauduy, président de la CCI, distingue l’homme méritant du parti qu’il représente :
« Au scrutin municipal, on peut voter pour un candidat indépendamment de son parti »

Pour François Turcas, représentant des PME « le fait que Gérard Collomb soit un homme de gauche qui a produit une politique de droite, ne suffit pas pour voter pour lui... »

En conclusion

Un dirigeant patronal non nommé dans l’article :
« La fructueuse coopération entre le patronat, les instances consulaires et le président du Grand Lyon met tout le monde dans l’impasse. Gérard Collomb lui même, auquel l’aile gauche de la majorité municipale reproche de faire une politique économique de droite. Et surtout le patronat, qui aura bien du mal à critiquer un bilan auquel il se félicite de s’être totalement associé... »


Les services publics dans le viseur…

Quant aux services publics, ils étaient loin de ses préoccupations. M.Noir, alors maire de Lyon (1989-95), prend les devants de la réforme hospitalière initiée et votée par le PS en proposant « le plan Noir hospitalier ». C’est un véritable jeu de quille : plusieurs hôpitaux doivent disparaître et pas des moindres. Malgré une lettre de félicitations du ministre PS, un comité de défense se met en place avec celui qui deviendra le bras droit de Collomb, le professeur de médecine Jean-Louis Touraine ; G.Collomb s’engage. Mais plus tard, dans les années qui suivront son élection à la mairie de Lyon en 2001, il va rapidement renier cet engagement. En tant que maire de Lyon, il devient automatiquement président des Hospices Civils de Lyon. Et dans les années qui suivent, l’Hôtel-Dieu en centre ville sera transformé en centre commercial et hôtel de luxe, et les hôpitaux de l’Antiquaille et de Debrousse, bien situés sur la colline avec une vue panoramique sur Lyon, seront livrés aux spéculateurs immobiliers… Conjointement, les subventions de l’Etat dans le cadre du Plan hôpital 2007 permettront le lancement d’une multitude de projets dans l’hospitalisation privée. On assiste à une explosion des cliniques privées à Lyon, qui, comme c’est étonnant, n’ont pas eu de problèmes de financement et n’ont pas été touchées par la « démographie médicale ».

Dans le domaine de l’école publique, il y aura l’affaire des maternelles isolées. Isolées, car n’étant pas accolées à une école primaire, et permettant une réelle proximité. On aurait pu penser que la municipalité précédente sous l’égide de R.Barre, allait s’en "occuper", car entièrement dévouée à l’enseignement privé confessionnel, voire même constituée de véritables croisés, comme Bernadette Isaac-Sybille, députée, maire et conseillère générale du 5ème qui se vantait que son arrondissement avait plus d’écoles privées que publiques. Et bien non, c’est Collomb qui va se charger de les supprimer, dans un silence assourdissant des partis de "gauche". La plupart vont disparaître.

Une autre affaire exemplaire est celle de l’école du Conservatoire. A la fin des années 90, ma fille avait été recrutée par des intervenants en école publique pour apprendre la musique, car elle avait été jugée comme présentant de réelles dispositions. Pourquoi pas ! Cela impliquait que l’on devait l’inscrire à l’école du Conservatoire entièrement consacrée à l’apprentissage de disciplines artistiques en plus des enseignements traditionnels, une école de classes à horaires aménagés (Classes à Horaires Aménagés Chant, Danse et Musique) située sur l’arrondissement. Ce système était donc entièrement porté par le service public qui permettait ainsi d’ouvrir tous ces savoirs culturels gratuitement à des personnes de tous horizons, même modestes (certains parents étaient au chômage). Mais son existence avait d’abord été menacée par la municipalité de R.Barre. Etant responsable de la FCPE, nous avions mené une grosse bataille avec les parents d’élèves, bataille (provisoirement) gagnante l’année précédant le renouvellement de la municipalité (2001). Dans la campagne électorale, nous avions investi une réunion publique de l’équipe de Collomb dans laquelle figurait pourtant le PCF. Après une passe d’arme avec la tribune, j’ai entendu un militant du PS dire en aparté, « il n’y a qu’à leur dire que nous ne la fermerons pas ». Hélas, ma fille étant passée au collège, la FCPE était moins active et quelques mois plus tard, alors que Collomb était devenu maire pour la première fois, l’école était promise à disparaître. J’avais bien fait passer un dossier à l’adjointe à la culture de l’arrondissement, membre du PCF : silence radio.

Une autre affaire exemplaire concernait la Cité Scolaire Internationale (CSI) qui est un établissement d’enseignement public multilingue accueillant des élèves de plus de 40 nationalités différentes. Il accueille les enfants des employés d’organismes internationaux venant travailler à Lyon (Interpol, Centre international de recherche contre le cancer etc.), et il permet aussi de fournir un enseignement gratuit, bilingue, et de qualité aux enfants d’immigrés. La CSI avait fait l’objet de coupes budgétaires du fait de la diminution des subventions de la ville de Lyon. Mais oh surprise lorsque les intéressés apprirent que l’argent manquant avait servi à financer une école privée hors-contrat, l’International School of Lyon (ISL), concurrente de la CSI et pas du tout à même de fournir les mêmes services !

Gérard Collomb était bien loin du fils du militant CGT, qui avait pu profiter pleinement de l’école publique pour s’élever socialement.

Que restera-t-il ?

Au final, que reste-t-il de Gérard Collomb ? L’image d’un opportuniste qui se sera glissé toujours plus dans les habits les plus seyants de la réaction pour parvenir à ses fins : se faire élire… Ah l’illusion de l’élection pour la social-démocratie ! D’aucuns le comparent à Herriot ; mais au moins, ce dernier défendait l’école publique avec acharnement. Il fut un temps où l’on comparait les "radicaux" à des radis, rouge dehors et blanc dedans. Ce n’était même pas le cas de Collomb qui n’aura pas fait le moindre geste pour les travailleurs. Pire, il aura contribué à faire de Lyon une ville aseptisée, bourgeoise, sans âme, principalement animée par le tourisme, rejetant les ouvriers, les employés en périphérie. On peut constater que cette "dynamique" ne s’est pas arrêtée avec les Verts à la mairie. Ce "grand démocrate" aura magouillé avec la droite pour imposer la métropole, ce "machin" chargé d’éloigner encore plus les travailleurs des lieux de décision les plus proches que sont les communes en les vidant de leurs compétences, et d’intégrer l’agglomération aux schémas de l’Union Européenne. Il aura participé et soutenu toutes les lois et les actes favorables à la grande bourgeoisie et au patronat que ce soit sous le masque du PS ou du macronisme. Il aura trahi ses origines, sa classe, la classe ouvrière. Il nous laissera l’image hideuse du réformisme et de ses compromissions.

Pascal Brula
Le 5 décembre 2023


Article écrit en 2009

Collomb mène la chasse aux milieux populaires

A flanc de colline, dominant Vaise et le 9ème arrondissement, 3 bâtiments se dressent au milieu d’un très grand espace vert : la Vallonnière. Les derniers étages ont une vue magnifique sur l’ouest lyonnais. S’agirait-il de la dernière résidence à la mode ? Tout faux : ces 3 bâtiments font partie des HLM de Lyon. Ils ont été construits avec le "1% logement" entre 1962 et 64 pour les travailleurs de l’ex-Rhône Poulenc et autres usines de ce quartier très populaire, à une époque où le métro et le tunnel n’existaient pas encore. Aucun bourgeois n’aurait voulu habiter ce secteur. Aujourd’hui, l’industrie textile a été fermée et délocalisée et a fait place à des activités tertiaires amenant des couches sociales au vote moins risqué. Les maires qui se sont succédés, Noir, Barre et le "royaliste" Collomb [2], ont pris la précaution de bien neutraliser le quartier en écartant les milieux populaires. La dernière opération spectaculaire en date est la destruction des HLM de La Duchère, quartier situé sur un autre flanc de la colline et désormais remplacé par des logements dont le prix au m2 est prohibitif pour les petites retraites, les smicards et autres rmistes.

Coup de tonnerre

Fin 2004, avec l’aide de quelques copains, un camarade crée le Comité des locataires de la Vallonnière afin de pouvoir faire face à leur propriétaire, la SACVL, société d’économie mixte créée dans les années cinquante par Herriot. Aujourd’hui, la SACVL, dirigée par les sbires de Collomb et du PS (cinq élus siègent au conseil d’administration), gère un parc de 8.000 logements pour la ville de Lyon. Fin 2005, une annonce paraît dans le Progrès de Lyon : 445 logements seront démolis dans le 9ème arrondissement. Or, la Vallonnière représente 445 logements ! La création du comité des locataires est tombée à pic. Ni une ni deux, 73 habitants envahissent le conseil d’arrondissement en signe de protestation. Il faut savoir qu’avec les nouvelles dispositions urbaines, raser signifie l’interdiction de reconstruire des bâtiments de plus de 4 étages : donc sur ce site, adieu aux logements sociaux. La politique de Collomb apparaît clairement comme une politique de ségrégation : chasser les milieux populaires de la cité et changer la sociologie de l’arrondissement.

La résistance s’organise et obtient des résultats

Devant cette résistance inattendue, la SACVL recule. Les négociations dureront quinze mois au cours desquels les habitants vont gagner le maintien de 433 logements et des trois bâtiments. 2 seront rénovés et améliorés et le troisième entièrement reconstruit avec suivi du relogement des habitants et priorité aux retraités, aux immigrés et aux enfants scolarisés. Le comité des locataires va axer toute sa bataille sur la réalité sociale et le vécu des habitants face à des élus de "gauche" déconnectés. Il obtiendra une réduction de 50 centimes au m2 de la hausse prévue des loyers, mais hausse restant importante quand même de 1,3 à 1,8 €/m2 en fonction de l’ancienneté de l’appartement, soit de 72 à 100 € pour un F3. En compensation, ils vont se bagarrer pour faire baisser les charges qui sont à ce jour encore d’un montant pharaonique de 560.000 € au total (dont 200.000 pour le chauffage), soit en moyenne 1260 €/an et par logement. Les mesures d’améliorations décidées sont importantes et participeront à la diminution des charges dues au chauffage : isolation extérieure, double vitrage, capteurs solaires liés à des cumulus collectifs, portes blindées, rajouts de balcons, nouveaux ascenseurs… Le plus difficile pour le comité est d’obtenir que le bâtiment reconstruit conserve un caractère social : en effet la SACVL veut que les loyers de cet immeuble deviennent libres. Ils seraient alors portés à 8,20 € le m2, bien trop cher pour des revenus modestes. Qu’à cela ne tienne, le comité obtiendra auprès des élus que 43 logements deviennent conventionnés, c’est-à-dire que le loyer ne puisse dépasser 5,40 € le m2. La bataille n’est pas finie : la revendication actuelle est de conférer aux autres logements un statut semi-libre, c’est-à-dire entre 5,4 et 8,2 € le m2. Mais que d’efforts face à cette municipalité !

Main basse sur la ville

Dans les années soixante, un film italien "Main basse sur la ville" expliquait comment les représentants de la bourgeoisie offraient sur un plateau la ville de Naples aux spéculateurs immobiliers. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la situation sur Lyon. Toutes les opérations immobilières sont de la même veine, au détriment de l’emploi, des services publics et du logement social. Les lieux visés sont superbement placés à flanc de colline ou alors en bordure de fleuve. Deux hôpitaux, l’Antiquaille et Debrousse, et le marché-gare en font les frais au profit d’hôtels et d’immeubles de grand luxe, une poignée de logements dits sociaux faisant l’alibi. Les habitants de la Vallonnière ont eu raison de mettre en échec cette politique antisociale. Ils sont là pour nous rappeler qu’il n’y a pas de fatalité à cette imposture de la "gauche" et à la dictature des profits capitalistes, qu’ils soient immobiliers ou autres : la solution est dans la lutte unie.

Pascal Brula
Le 27 Février 2009

[1Jean Fréville qui fut la plume de Maurice Thorez et l’auteur de plusieurs ouvrages dont l’autobiographie de ce dernier, « Fils du peuple », a écrit l’ouvrage intitulé « La nuit finit à Tours ». Evidemment, la nuit, c’est le réformisme, la social-démocratie, la collaboration de classe, qui sont sensés se terminer en 1920 par l’avènement du PCF. Hélas, cette nuit est revenue petit à petit au cours du XXème siècle envahir le parti, pour menacer son existence même. Avec R.Hue et sa « mutation », cette menace était à son paroxysme. C’est ce que le mot nuit signifie, sachant qu’aujourd’hui, le jour ne s’est pas complètement levé et qu’il faut continuer de l’aider…

[2"Royaliste" car il avait affiché son soutien à Ségolène Royal pour l’élection présidentielle de 2007.

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    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).