Rencontre du réseau du 4 Mai 2012
Du vote à l’organisation des communistes...

, par  pam , popularité : 2%

L’action du parti et les résultats du premier tour des présidentielles.

Les résultats doivent être analysés à la fois en fonction de la sociologie du vote, toujours très marquée par les contradictions de classe, comme le vote au référendum en 2005 l’avait révélé avec éclat, mais aussi en fonction des conditions locales dans lesquelles les communistes ont pu mener ou non leur propre bataille. Un exemple illustratif entre deux quartiers de Vénissieux, les quartiers Pyramide et Parilly... Dans le premier, les communistes ont mené une campagne forte avec leur propre matériel, sans l’inscrire dans le cadre du Front de Gauche, menant d’abord la campagne pour battre Sarkozy et élire un député communiste, le soutien au vote Mélenchon n’étant que l’outil pratique disponible pour la première étape. Parilly est au contraire le quartier de Vénissieux ou des communistes ont décidé de s’inscrire dans le cadre du Front de Gauche, avec les slogans et le matériel national ou départemental, réunissant un collectif avec des personnalités locales connues pour leur opposition au maire communiste candidate aux législatives. La progression comparée du vote Mélenchon par rapport au vote communiste historique, notamment au vote Robert Hue de 1995 est éclairante. Dans le quartier Pyramide, Mélenchon fait 50% de mieux que Hue, alors qu’à Parilly, la progression n’est que de 10%. Mieux encore, le total extrême-gauche + PCF progresse aux Minguettes alors qu’il chute nettement à Parilly ! Si la première cause est bien entendu sociologique, le quartier Pyramide, quartier populaire des Minguettes s’étant fortement mobilisé pour rejeter Sarkozy, le résultat montre qu’une bataille communiste autonome pouvait atteindre l’objectif de virer Sarkozy en considérant Mélenchon uniquement dans son rôle de candidat soutenu par le PCF et en menant une campagne communiste pour faire vivre et renforcer le PCF.

Sociologie du vote et rapport de forces

Le vote du premier tour illustre que la fracture dans la classe ouvrière s’élargie, une classe ouvrière politiquement divisée, avec comme première force l’abstention (estimée à 35% chez les ouvriers), suivie du Front National (23%), du parti socialiste (16%) de Sarkozy (13%) devant Mélenchon (10%). Au delà de cette confirmation d’un véritable divorce entre les communistes et la classe ouvrière, la division des classes qui ont intérêt à la rupture avec le capitalisme s’aggrave, ce que traduit la rupture géographique entre les zones urbaines et rurales ou "rurbaines".

L’analyse de l’IFOP publiée dans l’Humanité du 30/04 est éclairante. Si la réalité du résultat du FG est différenciée localement, c’est qu’elle est très marquée sociologiquement. Dans les zones fortes de l’électorat communiste, l’érosion se poursuit parce que l’électorat ouvrier s’éloigne encore du vote communiste, ne se reconnait plus dans un parti qui lui promet l’Europe sociale, alors que le PCF avait mené seul jusqu’à Robert Hue, le combat contre la construction européenne et pour la souveraineté nationale. A l’opposé, Mélenchon marque une progression forte dans des zones nouvelles, les centres de grandes villes, le Sud-Ouest, parce qu’il mobilise un électorat socialiste de couches moyennes et aisées, dépassant par exemple nettement les scores communistes chez les enseignants. Le résultat dans les quartiers populaires est ainsi contrasté, des progressions nettes (par exemple aux Minguettes), et des reculs ailleurs, notamment dans les villes communistes du Nord et du Pas de Calais. Dans la région parisienne, progression à Saint-Denis et St-Ouen, mais pertes à Ivry, Bobigny, La Courneuve...

Oui, quelque chose du Front de Gauche...

S’il est donc normal que les perceptions soient très différentes selon les situations locales et sociales, il faut analyser collectivement ce que sont ces forces qui se sont mobilisées et en quelque sorte révélées avec le FdG et la candidature Mélenchon. Beaucoup ont noté le retour d’anciens militants déçus, de l’extrême gauche ou du PCF, qui étaient partis en colère contre le réformisme syndical et électoral, des syndicalistes cherchant une issue politique à la bataille sociale, mais aussi l’engagement de jeunes qui auraient pu s’engager aussi bien à la JC qui s’est d’ailleurs elle aussi renforcée, sans doute aussi des militants socialistes de gauche. Tout l’enjeu est bien de les renforcer dans leur choix de rupture, en cherchant une alliance durable avec la classe ouvrière malgré sa division. Quel engagement dans la durée de ces forces ? Si la bataille électorale a été une réussite médiatique, autour des grands meetings, elle ne s’est pas traduite par une ébullition locale et militante. Dans mon campus de la Doua, lieu du premier meeting d’ampleur de Mélenchon, presque plus rien dans les deux mois qui ont suivi, pas de collage, peu de tract, pas de rencontres... Qu’en sera-t-il demain ? Ces forces peuvent-elles dépasser l’alliance électorale dans un contexte présidentiel et travailler à l’unité du peuple ? Peuvent-elles résister à la pression pour la guerre impérialiste avec l’OTAN ? Peuvent-elles peser pour refuser la participation gouvernementale sur un programme d’acceptation des plans structurels de l’Union ?

Qui peut penser que Mélenchon ne va pas d’abord chercher à "ramasser la mise" en construisant son propre mouvement ? Les négociations pour les députés vont commencer et vont révéler la réalité des intentions de chacun [1].

Que voulons-nous et quel objectif dans la réalité du rapport de forces avec Hollande ?

Nous savons que pour résister à la guerre de la dette qui se relancera de plus belle très rapidement, il faut unir le peuple contre le FN. Pour dépasser les limites rencontrées par le mouvement social des retraites, il faut passer de plusieurs millions de manifestants occasionnels, à au moins 10 millions de grévistes capables d’organiser réellement un blocage des institutions et du pouvoir économique du patronat.

La leçon que nous devrions tirer de ces présidentielles est surprenante, mais elle va se révéler nécessaire rapidement. Si les médias sont un élément important d’une bataille électorale et s’ils peuvent faire et défaire des "personnalités" médiatiques, ils nous sont inutiles pour ce qui est essentiel, organiser le peuple !

Le Front de Gauche peut-il être perçu comme l’outil d’une reconquête par les travailleurs de leur rôle, non plus comme l’outil d’une campagne électorale, mais comme un Front de lutte permettant de reconstruire la classe ouvrière comme acteur politique ? Si cela suppose que de nombreux militants l’affirment comme objectif urgent, il faut aussi qu’ils prennent conscience de cette fracture qui divise le peuple et sur laquelle prospère le FN ! L’urgence pour tout ceux qui veulent aller vers un Front Populaire, c’est le travail dans la classe ouvrière, avec les travailleurs en lutte. C’est impossible en tenant un discours "politiquement correct" promettant l’Europe sociale et le changement maintenant, sans dire la vérité sur la réalité des rapports de force dont ils ont une conscience claire, sans dire la vérité sur les obstacles à l’unité dont nous héritons dans la concurrence entre travailleurs organisée par le capitalisme avec l’immigration, les sans-papiers, Shengen, la liberté du travail dans l’Union Européenne, et dans sa traduction idéologique du racisme et du nationalisme réactionnaire du FN. Il me semble difficile de le faire au nom du FG ! On ne combat pas le FN par la personnalisation médiatique, par les valeurs morales, mais en menant un travail de proximité et de longue durée contre la réponse de classe que le FN apporte à la concurrence entre travailleurs !

Quelle expression du réseau ?

Nous avons besoin d’une expression collective, mais nous savons aussi que l’essentiel est d’abord de faire vivre le parti, là ou nous sommes, dans chaque situation locale, différente des autres, et pouvant conduire à des tactiques différentes. Mais il est indispensable de partager nos analyses et de rechercher les éléments communs pour tenir dans un contexte où la direction du parti va peser le plus fortement possible pour que le résultat de JLM soit un accélérateur de la dissolution du PCF et de sa digestion dans le FG. Les articles de l’Humanité sur la Grèce et l’engagement du PCF pour favoriser le PG grec contre le KKE sont éclairants sur les objectifs du PGE en Europe : isoler et réduire les forces communistes.

La proposition d’assises du communisme peut être une perspective utile pour nous dans ce contexte. A condition de les concevoir comme un évènement dépassant largement chacune de nos forces, tirant les leçons des échecs passés des convergences et coordinations fondées sur une logique d’appareil, rejetant toute illusion de cartel d’organisation, et largement ouverte à des forces travaillant réellement dans ou sur la classe ouvrière. Il faut bien sûr y associer le maximum de structures du parti, mais aussi des structures de communistes en dehors du parti (la rencontre de Marseille avec Rouge Midi sera évidemment un moment fort pour cela), mais aussi des acteurs qui ne se définissent pas comme des forces politiques, mais qui sont au cœur de l’enjeu principal de la guerre de classe aujourd’hui. Les acteurs du journal Fakir, ou de certaines maisons d’édition republiant des textes marxistes par exemple, des personnalités connues pour leur contribution (Michel Peyret, Annie Lacroix-Riz, Danielle Bleitrach...) auraient toute leur place dans de telles assises. Et bien entendu, elles ne peuvent se construire sans chercher à y associer étroitement des militants d’entreprise (Fralib, Veninov...).

Évidemment, il faut aussi du réalisme, et mesurer ce que nous pouvons faire, mais en ouvrant largement l’ambition à la hauteur de la crise et de l’exigence de rupture révolutionnaire. Nous avons besoin d’un texte entre nous d’ici Juin pour organiser pendant l’été un appel large pour de telles assises, et trouver d’ici là un lieu et une date... pourquoi pas à Tours ?

[1Cette intervention a été faite avant l’annonce de la candidature de Mélenchon à Henin... prémonitoire !

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).