Ukraine : une continuation de la Guerre froide

, par  Gudrun Stelmaszewski , popularité : 1%

Entretien de Christian Selz avec Tatjana Ždanoka, militante antifasciste et eurodéputée pour « l’Union des Lettons russophones », l’ancien PCTVL, une partie de l’union « Les verts/alliance libre européenne au Parlement européen ».

Publié le 27/01/2014 dans le quotidien allemand "Junge Welt".

Cette militante montre l’importance du travail nécessaire et possible (même avec quelques contradictions !) au parlement européen.

« C’est une continuation de la Guerre froide »

Exposition sur le nazisme dans les États baltes, interdite dans les salles du Parlement européen.

C. S. : Sur le poster pour votre exposition « Construction de la démocratie ou réhabilitation du nazisme – les États baltes à la croisée des chemins », vous avez imprimé les mots « exposition interdite ». Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Notre exposition devait avoir lieu dans la semaine avant la journée commémorative pour les victimes de l’holocauste, le 27 janvier, qui rappelle la libération d’Oswiecim et en même temps le 70ème anniversaire de la libération du blocage de Leningrad. C’est pour cela qu’on nous a proposé une place pour la semaine du 20 janvier, que nous avions réservé six mois auparavant. D’après les règles du Parlement européen, nous avons dû faire connaitre le texte de notre exposition un mois à l’avance. L’unité responsable qui se compose de cinq questeurs, tous membres du parlement de l’UE, nous a ensuite demandé les photos et le design entier. Ici, nous nous sommes doutés que quelque chose n’allait pas, mais nous avons transféré les matériels. J’ai reçu la réponse négative peu avant l’ouverture. Nous avons alors organisé à la place, une conférence dans une salle du parti et montré l’exposition pendant une heure.

En outre, la réponse du questeur responsable est à noter : "si nos accusations étaient véridiques, les gouvernements des États baltes auraient commis des crimes devant être punis comme étant la propagation de l’idée de la supériorité d’une nation sur une autre".

C. S. : Mais comment voulez-vous sanctionner cela, si l’unité interne de la censure interdit l’information ?

Oui, voyez, l’évènement le plus récent, ce qui nous a motivé pour organiser cette exposition, c’était la tentative de modifier la constitution lettone. Il s’agit d’un slogan qui ressemble beaucoup à ceux des années 1920 et 1930 : l’Allemagne aux allemands, la France aux français, la Lettonie aux lettons. Et actuellement, le préambule de la constitution dit que l’ethnie des lettons est la base de l’État et le letton est la seule langue du pays. Un des panneaux de notre exposition montre la conséquence pratique : il existe le cas d’un nazi letton qui a été condamné pour incitation à la haine raciale, parce qu’il a nommé les juifs et les "tsiganes", des « non humains » qu’il faudrait « éliminer ». Mais la plus haute juridiction a cassé ce jugement et l’homme a même reçu une indemnité.

C. S. : Quelles raison politiques pour l’interdiction de l’exposition l’UE avait-elle ?

Le courant politique dominant dans les États baltes ferme les yeux car il pense que cela favorise positivement le développement de la droite. Des politiciens qui n’exercent pas de responsabilité publique soutiennent ouvertement les vétérans des légions SS et en bénéficient personnellement. Mais même des personnes en position publique sont impliquées. Le ministre estonien de la défense a publié sur sa page Web, ses salutations et félicitations pour une « réunion des combattants pour la liberté ». Mais ces prétendus "combattants pour la liberté" ont lutté contre l’Armée rouge, contre la libération de Léningrad.

C. S. : Cette consolidation du néonazisme, qui est aussi particulièrement antirusse, à qui profite-elle ?

C’est juste une continuation de la Guerre froide. Au projet du Contrat de participation entre l’UE et la Russie se trouvaient les mots « participation stratégique ». Ensuite, le mot stratégique a disparu, et dans la résolution nouvelle du Parlement européen, la formule est devenue « explication critique avec la Russie ». A mon avis, c’est une déclaration de Guerre froide. Ce changement dans la politique extérieure s’effectue selon l’intérêt de notre partenaire atlantique, les États-Unis. L’Europe, la Russie et aussi l’Ukraine, ainsi que d’autres pays plus petits à la frontière orientale de l’UE, peuvent être de puissants acteurs géopolitiques. Mais il y a quelqu’un qui ne veut pas cela et qui fait tout pour créer un conflit.

C. S. : Vous parlez de l’Ukraine. Là-bas, un parti fasciste « Svoboda » [Freiheit] fait partie du camp pro-européen, mais on aime faire passer cela à l’as, dans beaucoup de médias de l’UE. De toute évidence, les forces pro-européenne ne doivent pas être ridiculisées, peu importe où ils trouvent leurs alliés. Pensez-vous que l’interdiction de-facto de votre exposition, est relative à cette stratégie ?

Bien sûr que oui. Le premier janvier à Kiev, a eu lieu une immense marche aux flambeaux en l’honneur de Stepan Bandera qui était collaborateur des nazis en Ukraine. Des politiciens dirigeants de l’Europe sont venus à Kiev, et je ne comprends pas comment ils peuvent parler avec cette prétendue opposition, si au moins un parti d’elle est ouvertement néofasciste. Ils déclarent dans leurs slogans qu’on devrait noyer les Russes dans le sang juif et utilisent des mots encore plus abominables.

Voir en ligne : Traduction de Gudrun à partir de l’allemand

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