Sur le vote du budget du Conseil général de Seine-Saint-Denis (93) le 21 mars 2013 Intervention et position de Jean-Jacques Karman

, par  Jean-Jacques Karman , popularité : 3%

Une fois n’est pas coutume, je commencerai par une citation d’Elsa Triolet, la compagne d’Aragon qui disait : « Une barricade n’a que deux côtés, il faut faire un choix » (Brouhaha).

Hier, j’ai cru que la première question qu’avançait Claude Bartolone était la dette de l’Etat envers notre département. Quand j’ai voté contre, ce n’était pas contre cette démarche, mais pour les conséquences des choix qui consistaient à faire des coupes antisociales.

Quand Stéphane Troussel a été élu, j’ai été surpris de la qualité de ses interventions qui prenaient la totalité des revendications. Mais au fil des semaines, une revendication a disparu, celle de la dette de l’Etat. La dette de l’Etat a disparu de ses discours. Quand on regarde aujourd’hui, les propositions qui sont faites, qui sont des avancées pour certaines, si l’on fait le total, cela ne représente que 2 à 3 % de la dette de l’Etat envers notre département. La dette de l’Etat n’a pas bougé, plus justement, elle n’a pas diminué. En réalité elle a même augmenté puisqu’elle est passée de 1,620 Md€ à presque 2 Md€ aujourd’hui. Telle est la question qui est posée.

Si l’on regarde les déclarations de Jérôme Cahuzac -je ne porte pas de jugement du tout... sur le compte supposé, la justice le dira-, ce qui m’a fait le plus mal, c’est quand, en tant que socialiste, il a déclaré qu’il ne croyait pas à la lutte des classes, mais c’est une autre question.

Il dit qu’il va baisser les dépenses de l’Etat… qu’il devait les baisser de 60 Md€ sur les cinq ans. Il a annoncé pour l’année prochaine 5 Md€… C’est-à-dire que l’on nous dit cette année qu’il y a un gel de la DGF (Dotation Globale de Fonctionnement), mais quand on regarde dans le détail, ce n’est pas un gel, c’est un recul parce qu’il y a l’inflation et il y a aussi l’augmentation du nombre d’habitants de la Seine-Saint-Denis. C’est donc un recul, et on nous annonce un nouveau mot pour les 5 Md€ de l’année prochaine : « le surgel ». J’ai été surpris et me suis dit immédiatement qu’après-demain on va nous proposer du « Findus » pour l’appellation tronquée de la démarche politique.

Le budget est-il d’austérité ou pas ? Je ne vais prendre qu’un seul exemple : le FSL (le Fond Solidarité Logement). En apparence, le FSL diminue un peu, mais si l’on regarde bien dans le détail, le FSL, c’est pour venir en secours à ceux qui sont en difficulté sur les questions du logement. Toutes les statistiques de l’INSEE disent que le département de la Seine-Saint-Denis est le plus pauvre et que la situation de misère se renforce. Donc, logiquement, ceux qui sont en difficulté par rapport au logement devraient être plus nombreux. Or ceux qui sont secourus par le FSL ont diminué depuis 2009 de 42 %. Les sommes investies au FSL sont aujourd’hui de 8 M€ contre 12 en 2009, soit moins 33 %. Pourquoi cela ? On a changé les critères d’attribution et même, il est écrit en toutes lettres qu’en fonction de ces nouveaux critères, les populations de Seine-Saint-Denis qui ne sont pas capables d’avoir une reprise régulière du loyer, on ne peut pas les aider en fonction de la nouvelle réglementation. En clair, les habitants de Seine-Saint-Denis sont trop pauvres pour être aidés. C’est un changement d’orientation sur une question très importante.

Je pense qu’il faut rectifier et mettre un coup d’arrêt à cette démarche. D’autres points dans le budget me choquent. Ils sont financièrement peu importants, mais je les cite quand même parce que, pour moi, cela ne passe pas. Depuis huit semaines, des travailleurs sont en grève à Aulnay ; j’ai fait plusieurs fois grève dans mon usine. Quand on est en grève, c’est la perspective qui est importante. Ceux qui commencent à la brouiller, tapent dans le dos des travailleurs. Et bien, page 154 du budget, il est écrit « Frais d’étude relative à la reconversion du site PSA Peugeot Citroën d’Aulnay : 105 000 € ». C’est un coup de poignard dans le dos de ceux qui sont en grève depuis huit semaines. C’est clair et net ! Dans la même page, il est marqué à destination d’une organisation patronale « 75 000 € pour frais d’acquisition de données en matière d’intelligence économique »... Quand cette question passe en commission permanente, quand je lis le détail, il est marqué « Pour le développement de l’actionnariat » alors que dans la même commission permanente, on baisse les sommes pour l’organisation des chômeurs. Ce sont des choix que personnellement je ne peux pas accepter.

Je voterai donc contre. Je suis très content de ne pas me retrouver seul cette fois-ci ; même dans mon groupe, le vote contre est majoritaire. Je respecterai donc la discipline de groupe, pour une fois (Rires).

Si nous ne votons pas le budget, ce n’est pas un drame. Demain, on se revoit, on fait des démarches auprès du Gouvernement pour obtenir le remboursement de la dette de l’Etat ! On a un mois devant nous pour refaire un nouveau budget conforme à l’intérêt des travailleurs.

Je crois qu’il est possible qu’ensemble, on obtienne cette nouvelle donne. Tel est ce que je voulais dire.

Intervention de Jean-Jacques Karman au Conseil Général du 21 mars 2013


Mise au point de Jean-Jacques Karman sur le vote scandaleux du budget du Conseil Général de Seine-Saint-Denis

Une incompréhension du journaliste du « Parisien » sur le sens de ma déclaration à la suite du vote du budget 2013 du Conseil général, m’oblige à préciser mes prises de positions.

Depuis 3 ans la dette de l’Etat envers notre département progresse scandaleusement au point de mettre en cause des pans entiers des politiques départementales novatrices, impulsées par les présidents communistes Georges Valbon, Jean Louis Mons, Robert Clément et Hervé Bramy, au service des habitants de la Seine-Saint-Denis.

Le socialiste Claude Bartolone a, dès son élection, combiné une politique volontaire de marginalisation du PCF en Seine-Saint-Denis, par des accusations sournoises sur le bilan de son prédécesseur communiste et une dénonciation verbale de l’attitude du gouvernement de droite envers la Seine-Saint-Denis. Il a dans le même temps soutenu les candidats socialistes se maintenant au deuxième tour des élections contre les candidats communistes pourtant arrivés en tête. Et en pratique, il a multiplié les coupes antisociales, dans le budget, comme par exemple : la suppression de l’aide au transport pour 53.000 jeunes du département ou encore la suppression de l’ordinateur pour les élèves entrant en 6ème…

Cette année, avec le nouveau président socialiste Stéphane Troussel, où « le changement c’est maintenant » devait modifier la donne, nous nous retrouvons avec de nouvelles coupes antisociales, prenant sur les 3 ans, des proportions très importantes, malgré quelques avancées sur les péréquations, mais rien sur le remboursement de la dette de l’Etat. Pire, cette dette, s’est amplifiée de 330 millions d’euros depuis que le Parti Socialiste dirige le gouvernement, pour atteindre aujourd’hui presque 2 milliards d’euros.

De plus, les annonces du ministre socialiste Jérôme Cahuzac sur les moins 5 milliards pour 2014 sur les dépenses de l’Etat, puis son estimation, selon laquelle la France doit payer, à l’UE, 9 milliards de sanction et enfin sa déclaration sur les 60 milliards d’économies sur les 5 ans, m’ont convaincu que la Seine-Saint-Denis pouvait être « le grain de sable » qui bloque ce processus, à condition d’un vote contre majoritaire de notre groupe.

Une série de réunions du groupe Communiste, Front de gauche et de multiples rencontres avec les habitants ont construit notre opposition au budget d’austérité. Jamais un membre du groupe n’a manifesté le désir de voter pour le budget. Tous, le considérant comme un budget d’austérité, balançaient entre l’abstention et le vote contre. Quand le chiffre de 5 votes contre fut atteint, le Parti Socialiste fit des déclarations sur de possibles sanctions et représailles si le budget était refusé. A ce moment là, tous les membres du groupe se sont déclarés solidaires, et toujours pas un seul vote pour le budget. Ce n’est que la veille au soir, du 21 mars, après avoir constaté que les votes contre étaient passés de 5 à 7, qu’Hervé Bramy déclara vouloir voter pour, afin que le budget passe, avec l’accord de 2 ou 3 autres membres du groupe.

Lors de la séance, devant ce revirement politique et l’appel de Claude Bartolone à « l’union des réformistes », un nouveau camarade rejoignit le vote contre. Et j’ai assisté avec tristesse, en direct, à une véritable « destruction politique » de mon camarade secrétaire fédéral du PCF qui contrairement à toutes ses déclarations devant la population, appela à voter pour le budget d’austérité, au nom « de la lutte contre l’austérité » ; permettant ainsi au Parti Socialiste de faire passer son budget d’austérité et au gouvernement de continuer sa sale besogne contre la population. Mon vote contre est avant tout, un vote communiste.

Je poserais une seule question : pourquoi 4 camarades ont émis un vote contraire à toutes les déclarations précédentes, pour anéantir le vote pourtant majoritaire de notre groupe contre le budget de régression ? D’autant plus, qu’en votant pour le budget de soumission au capital, la question des 105.000 euros pour une "étude pour la reconversion du site PSA" est passée, alors que les travailleurs sont en grève depuis 9 semaines contre la fermeture du site PSA.

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