Le massacre à Odessa en 2014 reconnu par la cour européenne des droits de l’homme

, par  Gilbert Remond , popularité : 2%

La libraire « Tropiques » faisait connaître à son public dans sa newsletter du 15 mars une décision de la Cour Européenne des Droits de l’homme, prise le 13 du même mois, qui, le moins que l’on puisse dire, n’a pas eu de grands échos dans nos grands médias, tant ces derniers sont occupés à nous vendre une menace russe de premier ordre et la nécessité d’un réarmement coûteux https://www.librairie-tropiques.fr/2025/03/requiem-pour-le-massacre-d-odessa.html

Le massacre à Odessa en 2014 reconnu par la cour européenne des droits de l’homme

La libraire « Tropiques » faisait connaître à son public dans sa newsletter du 15 mars une décision de la Cour Européenne des Droits de l’homme, prise le 13 du même mois, qui, le moins que l’on puisse dire, n’a pas eu de grands échos dans nos grands médias, tant ces derniers sont occupés à nous vendre une menace russe de premier ordre et la nécessité d’un réarmement coûteux https://www.librairie-tropiques.fr/2025/03/requiem-pour-le-massacre-d-odessa.html

Elle l’annonçait de la manière suivante : Requiem pour le massacre d’Odessa , reprenant en l’adaptant, le titre d’un film d’Elem Klimov centré sur l’histoire d’un village de Biélorussie, occupé puis incendié par l’armée allemande en 1943. https://youtu.be/dt3nUVckkeo . Une telle référence nous invitait à comprendre qui était a la manœuvre dans une opération dûment préparée et commise par des forces néonazies au service du pouvoir ukrainien issu du Maïdan.

En effet, la décision prise par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, déclarait les autorités ukrainiennes responsables de l’incendie criminel ayant causé la mort d’ au moins une cinquantaine de personnes à Odessa le 2 mai 2014. La CEDH concluait que l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme avait été violée lors de ces événements et que les autorités n’avaient pas pris les mesures nécessaires pour prévenir la violence, la réprimer et fournir aux victimes l’assistance nécessaire. Ainsi, après près de onze années écoulées, la Cour européenne reconnaissait un crime et la responsabilité de l’état ukrainien dans la gestion des évènements.

Certes, ce n’est pas une coïncidence si la décision de la CEDH a été prise au moment où un cessez-le-feu de 30 jours cherche a être imposé à la Russie. La négligence présumée du gouvernement de l’époque a été alléguée, mais pas sa criminalité dans son ensemble, disent certains commentateurs. Pour sa part, Peskov, le porte-parole du gouvernement russe trouve que la décision, bien que tardive, « semble un aperçu du bon sens » qui devra être confirmée par « l’observation d’autres mesures similaires ». Dans un souci de conciliation, sans doute, il concluait « Ce dont, bien sûr, nous souhaitons être témoins. »

Le scepticisme russe qui ressort de ces déclarations peut se comprendre, si on le replace dans le contexte d’accords et de paroles maintes fois trahies, au moment où américains et ukrainiens tentent une nouvelle édition de leurs trêves-cheval-de-Troie pour mieux pouvoir rebondir une fois leurs forces reconstituées et préparer de nouvelles agressions, alors qu’ils sont en pleine débandade militaire sur le terrain des opérations.

Il ne s’agit pas bien entendu de dire une messe en souvenir de ce qui s’est passé, d’en rester sur les bonnes intentions, mais bien plutôt de faire connaître la réalité des faits, d’en restituer les termes et les actes dans le climat de l’époque, pour mieux se dégager de l’étau dans lequel l’idéologie dominante nous enferme. Il s’agit à partir des éléments qu’elle dégage dans ses attendus, de bien comprendre qui menace qui et pour quels intérêts.

En effet, la décision de la Cour européenne « pour tardive qu’elle soit » et malgré ses arrière-pensées, intervient dans un moment de propagande anti-russe digne des grandes heures du fascisme et des années 30-40, un moment qui frise la démence. ( voir l’argument développé dans un article publié par histoire et société https://histoireetsociete.com/2025/03/22/ah-odessa-strasbourg-a-evoque-le-massacre-du-2-mai-2014-pour-dedouaner-kiev/)

N’hésitant pas à qualifier de grande menace pour l’Europe l’existence d’une Russie aux mains du tyran Poutine, tout est à l’avenant, les russes sont partout, dans tous les mauvais coups. Ils attaquent nos hôpitaux, menacent nos intérêts, intimident un de nos drones en mer noire (que faisait-il si loin de nos frontières ? Qu’y faisait-il ? Nous n’avons pas a le savoir !), ils sont même derrière l’assassinat de Samuel Paty, ainsi que vient de l’insinuer Gérald Darmanin qui, pour la circonstance, noublie pas de placer la Tchétchénie dans la Fédération de Russie, mais se garde bien de rappeler que le jeune incriminé, un de ses opposants, était en France depuis vingt ans avec un statut d’exilé politique. Mieux, sa collègue Primas nous expliquait, histoire de bien enfoncer le clou, que leur rôle était engagé dans le terrorisme. Enfin, la cerise sur le gâteau revient à un certain général Yakovlev qui déclarait sur LCI il y a quelques jours, que l’occupation de la France par l’Allemagne était peace and love a côté de celle de l’Ukraine par les russes. Toutes ces allégations en apparence anodines, bien que la dernière soit énormissime, mises à la suite les unes des autres, forment un continuum inquiétant https://www.vududroit.com/2025/03/darmanin-primas-yakovlev-le-registre-de-labjection

L’Europe s’engage chaque jour toujours plus dans une militarisation à outrance, doublant quasiment ses budgets militaires. Transformée en parti de la guerre, elle bat le rappel par les voix de ses dirigeants, pour mobiliser nos corps et nos économies, dans une unanimité qui devrait nous alerter sur leurs servitudes, pour le compte de qui ils roulent ! Nous ne pouvons avoir qu’une certitude à ce sujet : le climat qu’elle instaure sur le continent sera dur et les peuples en paieront au prix fort la facture, le pire n’étant pas exclu, à savoir la guerre, une guerre conduite dans des conditions de mort et de destruction inouïes.

Parvenir à la paix ne lui convient pas. La paix la mettrait en face des problèmes cruciaux que nos sociétés subissent du fait de la nocivité d’un capitalisme prédateur qui détruit tout pour nourrir l’accumulation du capital. La réalité de la paix est terrifiante pour la classe dominante européenne. Elle n’a pas d’autre issue. Il lui faut suivre son maitre impérialiste dans une orgie militariste. Elle n’a pas d’autre issue, sous peine qu’advienne celle que nous connaissons être la seule alternative possible, le socialisme.

Pourquoi la décision de la Cour européenne peut elle nous servir dans notre combat pour la paix ? En quoi peut-elle nous aider dans notre combat, face au déferlement de mensonges et de vérités tronquées que nous subissons et aux politiques anti populaires qu’ils permettent ?

 Elle peut nous aider en ce sens qu’elle donne droit à l’autre version du Maidan dans sa réalité totalitaire fasciste et à ses conséquences, à savoir une répression sauvage et systématisée avec l’utilisation de l’armée et de milices néonazies, de tous ceux qui, au nom de leurs « droits démocratiques » ont cherché à s’y opposer.

 Elle peut nous aider parce qu’elle nous permet de « remonter en deçà des faux départs de l’opinion ordinaire »( 1) fourvoyés par un révisionnisme alors avéré et ses nouvelles mythologies, cousues dans des fictions fabriquées sur mesure, soit tout un narratif qui nous éloigne « des explications profondes sur le pourquoi des choses » (2).

 Elle peut nous être utile parce qu’elle peut servir de point d’appui pour, à partir des événements ayant réellement eu cours, nous aider à comprendre ce que Danielle Bleitrach avec Marianne Dunlop, de retour d’une Ukraine en guerre, nous exposaient dès l’année 2015 dans leur livre « l’Urss vingt ans après ». Ou encore à partir des informations dont nous avons disposé avec les témoignages d’une délégation des mères des victimes d’Odessa et d’un responsable du parti communiste ukrainien, aux 7è rencontres internationalistes de Vénissieux https://levenissian.fr/Ukraine-entre-nazis-et-resistants.

 Elle peut aussi nous aider parce que, d’une certaine manière, celle du droit international, référence principielle du système occidental, donc aspect de la contradiction sur lequel nous pouvons nous appuyer, elle remet à leur place les cartes dans le jeu brouillé de toutes ces années. Un brouillage organisé à souhait par ces institutions occidentales, auquel participe sans état d’âme une gauche européenne atlantisée qui passe son temps à coller au discours dominant, un discours dont la particularité est d’inverser chaque fois que possible les rôles, pour mieux attribuer aux victimes les crimes commis par le pouvoir et ses hordes .
En l’espèce, ce fut bien le cas puisque, participants et organisateurs du coup de main criminel ayant eu lieu à Odessa sont repartis blanchis, quand ce sont les survivants qui ont été poursuivis et condamnés. (voir les témoignages des rencontres internationalistes).

Puisse la commission internationale du parti communiste français l’entendre et s’en saisir, pour elle aussi en faire un point d’appui de sa lecture du conflit en cours et partant, de son activité. Puisse-t-elle prendre enfin en compte tout ce qu’une base militante rapporte depuis des années, à savoir qu’à Odessa, à Kharkiv, à Marioupol et dans bien d’autres endroits, dès 2014, des pans entiers d’une population ukrainienne pacifiste, des progressistes et des communistes, ont été agressés, torturés et exécutés par un régime et ses hordes bandéristes issues d’un coup d’état inspiré par les pays de l’Otan, parce qu’ils défendaient leurs droits démocratiques et constitutionnels, leur territoire, leur culture et leur histoire.

Tout était déjà dit dans les témoignages que nous ont apportés nos invités des 7è rencontres internationalistes. Mais tout était déjà contenu dans cet Appel aux mineurs européens lancé au nom de l’internationalisme prolétarien par ceux du Donbass, qu’avait en son temps relayé l’Humanité.

Travailleurs européens unissez vous, nous disaient-t-ils « aidez nous à briser le bastion du fascisme en Ukraine. Ce sera notre victoire commune ! »

Gilbert Rémond

Frères mineurs !

Nous voulons vous expliquer la situation réelle dans le Donbass. Les médias européens faussent ou font le silence sur la véritable image des événements.Nous savons que vous ne pouvez pas obtenir facilement une image fidèle de ce qui se passe ici, c’est pourquoi nous déclarons :

Nous, les mineurs, nous sommes obligés de nous battre avec nos armes pour défendre notre vie, pour survivre !
Notre objectif dans ce défi auquel nous faisons face est celui-ci : arriver à arrêter l’effusion de sang ! La fin de la guerre aura lieu avec le jugement des criminels de guerre qui l’ont provoquée. Nous ne pouvons pas abandonner ce combat, parce que cela signifierait notre anéantissement moral et physique ! Dès le début,« l’Euromaïdan » s’est trouvé sous le contrôle de la grande bourgeoisie : les oligarques ukrainiens et leurs commanditaires étrangers. En Février de cette année, s’est produit un coup d’état en Ukraine avec la participation active de groupes néo-nazis. C’est en réaction à cela que s’est formé le mouvement dans le Sud-Est du pays, qui a mis en avant au début des revendications modérées de fédéralisation et de reconnaissance du russe comme deuxième langue d’État, demande auxquelles le pouvoir a répondu par la terreur.

La situation dans le Donbass prend l’allure d’une véritable guerre dans laquelle des civils sont tués : des personnes âgées, des femmes, des enfants. On vous ment de façon effronté en prétendant qu’il s’agit d’une guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ce n’est pas vrai ! La guerre se déroule entre le peuple et une poignée d’oligarques soutenus par l’UE et les Etats-Unis. Le malheur de l’Ukraine réside dans le fait que l’exercice de l’autorité est tombé aux mains de pourritures qui ont réussi à infecter par leurs idées fascistes une partie de la société. Nous, le peuple du Donbass, nous luttons contre toutes les manifestations de nazisme et de fascisme. Nous nous battons avec un fusil à la main pour notre vie et celle de nos proches. Nous n’avons pas à nous retirer-c’est notre terre ! Nous nous tournons vers vous, travailleurs des pays européens, en vous demandant votre aide solidaire : aidez nous à briser le bastion du fascisme en Ukraine. Ce sera notre victoire commune !

https://www.humanite.fr/monde/ukraine/ukraine-les-mineurs-du-donbass-vont-au-charbon-contre-kiev

1) Danielle Bleitrach Marianne Dunlop : URSS vingt ans après retour de l’Ukraine en guerre, éditions Delga
2) idem

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