L’UE, système néo-colonial du XXIème siècle

, par  Francis Arzalier , popularité : 3%

Les anciennes colonies africaines de la France, devenues théoriquement indépendantes en 1960, furent en fait, depuis, soumises à leur ancienne métropole par un lacis de Traités inégaux, sur le plan économique, monétaire, diplomatique et militaire. Pire, à cette "Francafrique" est venue s’ajouter la sujétion à l’Occident : les peuples africains qui tentaient légitimement de sortir du sous-développement en investissant dans l’éducation, la santé, l’industrie, se sont retrouvés piégés par une dette vertigineuse, tenus de "rembourser" chaque année des intérêts faramineux aux financiers occidentaux, et d’accepter les diktats de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire, baptisés "Aide bilatérale" et "plans d’Ajustement Structurel" : une médecine libérale, incluant austérité, reculs sociaux et sous-développement économique. Ce système de domination appelé "néo-colonialisme" a accouché du chaos actuel de l’Afrique, misère et guerres, délitement des états et migrations incontrôlables.

Parallèlement, durant ce demi-siècle, les dirigeants "libéraux" de l’Europe, Droites et Partis Socialistes confondus dans une même religion du Marché, malgré leur concurrence pour les postes de pouvoir, ont construit par un empilement de Traités successifs, "Rome", "Maastricht", "Lisbonne", etc, un édifice supranational qui a abouti à l’Union Européenne actuelle. Son objectif affirmé dès le départ était de supprimer progressivement les entraves à la loi du Grand Marché Capitaliste, à la libre circulation des capitaux, des marchandises, des hommes, considérés exclusivement en consommateurs et main-d’œuvre.

Dans ce but, les dirigeants Européens ont livré peu à peu la maîtrise des économies de leurs pays respectifs aux banquiers de l’Union, notamment par le biais de l’Euro, monnaie supranationale, et démantelé progressivement les protections frontalières, au détriment des conquêtes sociales de chaque nation.

Cet édifice supranational s’est élargi aux peuples de l’Est du continent quand le capitalisme y a été rétabli, englobant aujourd’hui près de 30 nations différentes, dans un grand Maelström libéral, qui organise l’austérité budgétaire et les reculs sociaux, le chômage et la surexploitation, les délocalisations des industries et des mains d’œuvre, etc. Tous les peuples d’Europe sont touchés, y compris celui d’Allemagne, dont la bourgeoisie croit avoir retrouvé grâce à l’UE une domination continentale perdue en 1945 : mais des millions de salariés d’Outre-Rhin, Allemands et immigrés, subissent une précarité féroce. Évidemment, ce carcan Européen pèse encore plus fort sur les économies les plus affaiblies, l’Espagne et ses 25 pour cent de chômeurs, la Grèce qui a "bénéficié" de plans "d’aide" d’austérité successifs, sous prétexte d’une dette chaque année gonflée par les banques créancières occidentales : elles encaissent en intérêts la plus grosse partie des subsides de l’UE et du FMI.

Ne revenons pas sur les péripéties de la tragédie grecque de ces mois derniers, sinon pour constater que l’Union Européenne a confirmé à cette occasion qu’elle était à l’égard des peuples qui lui sont soumis un système néo-colonial du même ordre que celui subi par le Mali ou le Tchad dès 1960. Il est néfaste par nature, inamendable : remettre les pays d’Europe sur le chemin de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire et du progrès social est illusoire dans le lacis des Traités Européens ; il n’y a pas d’autre Union Européenne possible, la seule issue est la rupture avec cette prison des peuples.

Nombre de nos concitoyens ont parfois cru un peu naïvement durant quelques jours que le magistral NON a l’austérité infligé par les électeurs grecs à l’UE allait permettre au gouvernement d’Athènes d’engager un processus de rupture avec ses maîtres occidentaux, c’est à dire de faire ce que le peuple français a été jusqu’à présent incapable de faire. C’était oublier un peu vite que le rejet de l’austérité ne débouche sur rien de concret si elle s’accompagne du désir de rester au sein de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN. En France, en Grèce, ou ailleurs, il nous reste à convaincre nos peuples du caractère néfaste de cette UE, qui n’est et ne saurait être autre chose qu’un instrument du capital contre les peuples d’Europe. Tout accord avec elle ne peut être, comme à Athènes aujourd’hui, qu’une nouvelle soumission, qu’il suffira de faire entériner par des politiciens prêts à trahir leurs promesses et a s’allier avec leurs concurrents de droite : on se gardera bien de consulter les électeurs à nouveau sur la nouvelle avalanche de mesures de régression sociale et de privatisations qui vont aggraver encore la situation économique. Cette nouvelle chute vers le gouffre a, bien sûr, l’assentiment des financiers occidentaux qui vont engranger de plus belle les dividendes de la dette, et la bénédiction des stratèges de Washington, contents de constater que le gouvernement Tsipras n’a a aucun moment mis en cause la participation essentielle de la Grèce a la machine guerrière de l’OTAN.

La "crise grecque" a surtout révélé la nécessité de convaincre tous ceux, autour de nous, qui vivent de leur travail ou aimeraient en avoir un, que les illusions sur "une Autre Europe" doivent faire place à la lucidité et à la rupture avec ce système néo-colonial, possible seulement avec un soutien populaire majoritaire. Elle révèle aussi que cette prise de conscience ne doit pas se laisser leurrer par le discours "anti-européen" des partis d’extrême-droite, pure démagogie électorale : s’il fallait une nouvelle preuve de leurs mensonges à ce sujet, il suffit de remarquer que dans la meute ultra-libérale dirigée par le gouvernement allemand, le plus hargneux contre la Grèce récemment était celui de Finlande, auquel participent depuis peu les ministres xénophobes des "Vrais Finlandais" !

Un gros effort militant reste à faire, pour convaincre une opinion d’ores et déjà convaincue du caractère néfaste de l’austérité, mais pas encore de l’inanité d’une "autre UE possible"...

Francis Arzalier, le 27 juillet 2015

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