Givors les 1er et 2 février 2013
Intervention d’André Gerin à la Conférence fédérale du Rhône

, par  André Gerin , popularité : 2%

Je veux traiter deux points : L’actualité politique et notre projet communiste.

Comment sortir de l’impasse dans laquelle le PS tente de nous enfermer ? De cette tutelle hégémonique que nous avons acceptée sous la gauche plurielle ? S’émanciper du PS devient vital.

Clarifions notre posture. N’étant pas au gouvernement, nous ne pouvons être dans la majorité présidentielle. Car en dehors du sociétal malmené, le PS a abandonné depuis trop longtemps, toute stratégie de transformation sociale dans le « blairisme » ambiant qui nous est servi.

Alors que faire ? Puisque nous voulons que la gauche réussisse quand la révolte gronde, Goodyear, Aulnay, Florange avec des salariés en état de légitime défense.

Le PCF, dans la posture d’opposition de gauche. Ce n’est pas une opposition de principe. Elle est critique et constructive. Ce que nous voulons, c’est un PCF prêt à prendre ses responsabilités au gouvernement en correspondance avec les engagements face aux exigences populaires. Nous voulons un PCF prêt aux compromis, un PCF qui ne passe pas sous la table avec les socialistes qui accepte sans broncher les privatisations, les ordonnances sur la sécurité sociale et la directive européenne sur l’électricité, sous le gouvernement Jospin.

Portons une opposition de gauche pour empêcher l’échec, pour réparer la fracture avec le peuple et sortir de l’autisme. De la même manière, nous refusons le gauchisme et l’antiparlementarisme, deux démarches qui fragilisent la fracture politique.

Être autonomes bien au-delà du Front de Gauche, c’est l’ensemble du peuple qu’il faut rassembler. Il n’y a pas d’un côté le peuple de gauche et d’un autre, le peuple de droite. Il est trop facile, comme le font certains médias, de conclure à une droitisation de l’opinion. Il y en a assez de mépriser, assez de morgue vis-à-vis de la France d’en bas. C’est le peuple de France qui souffre et qui appelle « au secours ». La notion Front de Gauche apparaît bien étriquée au regard des défis de civilisation. Il nous faut donc impérativement changer de logiciel pour moderniser notre approche. Nous devons mettre le peuple au centre de toutes nos questions pour bousculer la délégation de pouvoir et surtout appeler à la conquête des pouvoirs, à la prise du pouvoir : dans l’entreprise, les institutions, la finance, les média et les idées. Pour bousculer l’ordre établi, nous faisons appel à l’insurrection et à la subversion.

Notre projet politique pour ouvrir une alternative s’inscrit dans cette résistance au capitalisme prédateur dans le même esprit que la Résistance pendant la deuxième guerre, au cœur de la braise sociale et politique.

Plus d’un milliard d’êtres humains ne dispose pas du premier droit de l’Homme, le droit alimentaire alors que pointe la menace d’une troisième guerre mondiale, avec un capitalisme occidental cynique et sans pitié.

Je veux prendre au mot la proposition d’un communisme de nouvelle génération. Nous devons, tous ensemble, écrire tous les chapitres de ce livre. Allumer de nouvelles étoiles, les pieds dans la glaise, sans oublier l’histoire du PCF.

La page du congrès de Martigues doit être tournée, de ses renoncements qui ont contribué à diviser et à disperser les communistes, au nom de la dite modernité, ce que j’ai appelé « le dépôt de bilan de Fabien ». Je ne suis pas communiste pour aller vers le PS et pour jeter aux orties ce qui a fait l’identité et la diversité du PCF.

Je refuse les caricatures, les réductions d’un communisme présenté comme criminogène ou encore totalitaire alors, que cela plaise ou non, il apparaît comme un phénomène politique majeur de l’histoire du 20ème siècle, avec ses ombres et ses lumières. Si nous devons être sans complaisance vis-à-vis de l’histoire, je ne vois pas en quoi les communistes français auraient du sang sur les mains.

Oui ! La révolution d’octobre a changé le cours de l’histoire de l’humanité.

Un communisme né dans la guerre qui a incarné la modernité dans un pays arriéré.

C’est vrai, nous avons idéalisé, nous avons sacralisé l’URSS. Pourtant, l’envergure du communisme, l’idéal révolutionnaire, la lutte pour la paix ont constitué les points forts du siècle dernier.

Toutes les conquêtes de pouvoirs, syndical, municipal, la lutte contre le fascisme, la reconstruction de la France, « la France de Jean-Ferrat ou du Chiffon Rouge », la France du drapeau tricolore et du drapeau rouge, les valeurs et les idéaux du socialisme et du communisme ont irrigué le monde.

Comment expliquer ce qui se passe aujourd’hui sans cet héritage ?

Impossible de faire l’impasse sans parler des étoiles que nous avons portées qui ont fait de notre pays, la passion française du communisme.

Si nouvelle génération du communisme il y a, elle doit s’enrichir de l’histoire des générations précédentes qui ont contribué à être attractives dans le tiers monde. Ce phénomène historique qui a réussi plus souvent qu’on ne le dit.

Notre culture politique issue du siècle dernier, la culture communiste, notre fierté s’inscrit dans le combat pour un projet commun.

Je veux être clair : le doute à propos du congrès de Martigues n’est pas levé. Même si je mesure le fait que le PCF a toujours droit de cité 13 ans après et j’apprécie la volonté de rassembler les communistes. Je doute encore, lorsque j’entends des responsables politiques entretenir l’idée qu’il faudrait dépasser le PCF, aller vers la création d’une nouvelle force politique. Ne tournons pas autour du pot, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, cette bagarre existe, une lutte interne est menée pour tenter de dépasser, effacer la place et le rôle du PCF.

Car je suis convaincu que l’échec du socialisme du 20ème siècle n’invalide pas la portée universelle du communisme, pas plus que la Saint-Barthélemy a mis en défaut les valeurs du christianisme. Comme le dit Pierre Laurent : repenser, rassembler.

C’est OK : oui parlons des drames du 20ème siècle en parlant de toutes les forces politiques ayant des responsabilités dans l’histoire de France.

Oui parlons des combats communistes qui ont joué un rôle majeur dans l’histoire de la France. Malgré les blessures, les désillusions, nous pouvons être fiers d’être communistes, lucides et fiers de nos aînés.

Dès les années 60, on a débuté ce travail de « repenser » : comité central d’Argenteuil de 1966, manifeste de Champigny 1968, le socialisme aux couleurs de la France en 1973, L’URSS et nous en 1969… tout cela s’est fait avec des avancées et des reculs.

Si le communisme doit reconstruire sa légitimité, il peut le faire avec un PCF capable de faire du neuf, capable de se régénérer, qui refuse de se fondre et de se confondre.

Le PCF a de l’avenir en étant indépendant, en capacité de prendre des responsabilités pour diriger la France, en volant de ses propres ailes, en devenant la 3ème force politique du pays. Le duo UMPS n’est pas fatal, l’influence du Front national peut être réduite de manière significative.

Notre raison d’être de communistes, au PCF c’est la souveraineté du peuple en toute circonstance.

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