Compte-rendu du Conseil national du 7 janvier et de la réunion des animateurs de sections du 8 janvier 2011 à Villejuif

, par  Caroline Andréani , popularité : 3%

Le conseil national du 7 janvier était organisé autour de l’adoption d’une adresse aux communistes, feuille de route pour le travail à engager jusqu’en 2012. Après un rapport reprenant les différents thèmes de l’adresse, la discussion s’est engagée rapidement sur la candidature aux élections présidentielles.

Les différentes prises de position sont sans surprise. La ligne majoritaire, défendue par la direction, est celle d’une intégration de plus en plus importante du Parti communiste dans le Front de gauche. Ce dernier est cité à de multiples reprises dans l’adresse aux communistes, alors que le Parti communiste tend à disparaître.

La véritable surprise est que le congrès, qui devait se tenir en juin 2011, est repoussé à l’automne 2012. Une conférence nationale est prévue les 4 et 5 juin « avec pour ordre du jour nos choix politiques et des candidatures pour les élections de 2012 ». Elle déterminera donc les termes dans lesquels le vote des communistes pour désigner le candidat à l’élection présidentielle sera organisé les 16-17 et 18 juin.

L’adresse réaffirme que les statuts seront respectés, et que les candidatures sont officiellement ouvertes. La candidature d’André Chassaigne a donc été officialisée au CN et le lendemain, à l’assemblée des animateurs de sections.

Cependant, la direction reste dans le flou quant au processus de désignation. Comment les communistes seront-ils amenés à se prononcer sur les candidatures, l’adresse ne le précise pas. Par ailleurs, rien n’a été dit par Pierre Laurent sur l’arbitrage définitif avec les « partenaires » du Front de Gauche. D’où les mises en garde de plusieurs camarades qui ne veulent pas revivre le scénario des collectifs anti-libéraux. Par ailleurs, quid de la situation si les communistes désignent un candidat communiste : cherchera-t-on à leur imposer, au nom du Front de Gauche, un candidat qui ne soit pas le leur ?
L’attitude de Jean-Luc Mélenchon, candidat auto proclamé soutenu par les médias, sa personnalité controversée, l’attitude des adhérents du Parti de Gauche partout ils sont implantés, ont été plusieurs fois pointés du doigt. Plusieurs membres du CN refusent qu’on considère Mélenchon comme une « candidature naturelle » parce que relayée médiatiquement. D’autres soulignent que son programme, tel qu’on peut le découvrir dans son livre et ses différentes interventions, n’est pas un programme de rupture avec le capitalisme, ni même avec les institutions. Le Parti de Gauche porte au mieux un programme réformiste.

Mélenchon ne fait pas mystère de sa volonté de mettre la main sur l’appareil du Parti. A cet égard, les interventions de Nicolas Marchand et des économistes du Parti sont sans concession dans leur dénonciation des manœuvres du Parti de gauche.

Les membres du CN à l’initiative de l’appel à une candidature communiste ont, quant à eux, demandé un véritable débat, loin des négociations d’appareils. Ils exigent que les communistes puissent se prononcer et que leur souveraineté soit respectée. Le fait que la candidature d’André Chassaigne soit mise de côté, que le Front de Gauche se substitue de plus en plus au Pcf, ont été dénoncés. L’adresse aux communistes, qui repousse le congrès et qui entérine la conférence nationale et l’organisation d’un vote des communistes pour la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle, est le résultat de l’appel du 4 décembre qui a réuni plus de 500 signatures en un mois.

La proposition contenue dans l’adresse aux communistes de lier les élections présidentielle et législative, sans que soit clairement défini ce que cela signifie, a interrogé de nombreux camarades. Dans plusieurs fédérations, les militants du Pcf sont confrontés au diktat du Parti de Gauche aux cantonales dont les représentants exigent de présenter leurs candidats dans des cantons où il y a des sortants communistes ! Sans compter ceux qui refusent de se confronter à l’adversité dans des circonscriptions détenues par des socialistes ou par la droite.

Autre question, celle du programme populaire partagé. Les camarades ne voient pas en quoi ce programme, élaboré en cercle fermé, avec et par des « spécialistes », pourrait être populaire ou partagé. La démarche est jugée laborieuse et peu convaincante. Les termes mêmes de l’adresse aux communistes, l’objectif proclamé de « battre Sarkozy » et de « faire gagner la gauche » en 2012 ont été jugés insuffisants face aux enjeux.

Un « incident » a créé une véritable polémique dans le conseil national. En effet, à 11 h le vendredi matin, alors que le CN venait de débuter, un communiqué publié dans lemonde.fr faisait état de la décision du Pcf de soutenir la candidature de JL Mélenchon à l’élection présidentielle. Plusieurs camarades ont donc interpellé la direction, qui a annoncé qu’elle ferait un démenti. Lequel démenti, lu dans l’après-midi, est plus qu’alambiqué. Un deuxième article plus nourri, paru dans l’édition du Monde datée de samedi, reprenait les mêmes allégations, évoquant même des accords entre le PG et le Pcf.

André Chassaigne, après plusieurs interventions en faveur de sa candidature, a pris la parole pour confirmer qu’il était candidat à la candidature à la présidentielle pour le Front de Gauche. De son point de vue, la candidature d’un communiste est aussi rassembleuse qu’une autre. Les communistes ont une longue tradition de travail collectif et d’union qui légitime leur démarche, autant que celle Jean-Luc Mélenchon. Il a fustigé les communistes qui partent du principe qu’il faut soutenir Mélenchon mais qui ne le disent pas clairement, préférant les camarades qui ont le courage de leurs opinions.

La discussion sur l’adresse aux communistes a été laborieuse. Comme d’habitude, tous les amendements qui n’allaient pas strictement dans le sens de la direction nationale, ont été systématiquement rejetés. Ainsi, il a été impossible de substituer à la formule vague « la crise » crise du capitalisme, comme il a été impossible de modifier l’affirmation dangereusement réductrice suivant laquelle, en 2012, l’objectif des communistes est de « battre Sarkozy ».
Beaucoup de camarades du CN ont jugé cette adresse mollassonne, sans contenu, sans enthousiasme, opinion largement partagée le lendemain par les animateurs de sections. Au final, l’adresse a été adoptée par 80 voix pour, 35 voix contre et 3 abstentions.

Le lendemain se tenait l’assemblée des animateurs de sections, qui a réuni plus de 500 communistes venus de toute la France. La réunion a été consacrée le matin aux élections cantonales. En filigrane de cette séance, la réforme des collectivités territoriales dont tout le monde peut apprécier la nocivité. La décision du Conseil national a été rappelée : présenter des communistes, sous la bannière Front de Gauche, partout où il y a un sortant communiste (dans 104 cantons), et gagner des cantons supplémentaires.

Le rapport a été suivi de plusieurs interventions en séance plénière, où l’on a pu entendre toutes les positions, et tous les cas de figure suivant les fédérations, et les sensibilités des intervenants. La séance s’est clôturée sur l’intervention du secrétaire fédéral du Pas-de-Calais qui a souligné que sa fédération présentait 37 communistes sur 37 cantons, sur un programme politique clair, contre la désindustrialisation, pour la préservation de l’agriculture, dans une région fortement touchée par la crise où l’électorat Front National prospère.

Cette séance a été suivie par un travail en « ruches » sur trois thèmes dont le Front de Gauche et les ambitions pour 2012. L’intérêt des ruches est la liberté de parole : organisés par tables d’une dizaine de militants, les camarades peuvent s’exprimer plus librement. Les critiques à l’égard du Parti de Gauche, notamment l’opportunisme des militants du PG qui veulent avant tout des places électives, a souvent été dénoncé. Autre problème, le niveau du programme proposé. L’adresse aux communiste donne des pistes de travail qui dans l’ensemble ont été jugées très faibles.

Au moment des restitutions, toutes les aspérités ont été gommées. Le Front de Gauche ? Un outil extraordinaire, qui promet des lendemains qui chantent. Le programme populaire et partagé, lui aussi est jugé essentiel. Quant aux ambitions pour 2012, elles se résument à élaborer un programme, le choix du candidat étant en définitive secondaire ! Pierre Laurent s’est tout de même senti obligé d’affirmer qu’il ne souhaitait pas la disparition du Parti au sein du Front de Gauche.

Dans la discussion qui a suivi, et qui est restée d’ordre très général, la candidature de Mélenchon a été à plusieurs reprises critiquée sévèrement. André Chassaigne est intervenu dans des termes très proches de ceux du CN : il a été très longuement applaudi, bien plus que Pierre Laurent.
Jean Jacques Karman est intervenu pour que les communistes adoptent un programme de rupture au niveau de la crise du capitalisme.

Au total, une journée où nous avons pu sentir que les animateurs de sections restent très partagés. Les légitimistes font un éloge sans retenue des vertus du Front de Gauche et de la candidature Mélenchon qui n’a rien à envier à ce que l’on pouvait entendre au moment de la candidature de José Bové. Ceci étant, même les plus suivistes reconnaissent qu’il est très compliqué de travailler avec le Parti de Gauche. Ceux qui attendent de l’expérience un véritable travail collectif sont déçus de l’attitude du PG. D’autres se félicitent d’un Front de Gauche élargi à d’autres forces politiques, notamment au NPA, qui leur permettrait d’obtenir une plus grande assise, comme dans le Limousin par exemple.

L’appel du 4 décembre pour une candidature communiste a de toute évidence marqué les débats et l’attitude de la direction nationale. D’autant qu’il n’est pas le seul : deux autres appels, soutenant la candidature d’André Chassaigne, ont vu le jour dans la même période. Une grande partie des communistes est donc attachée à une candidature communiste à l’élection présidentielle.

La candidature de Jean Luc Mélenchon pose des problèmes aux communistes : beaucoup restent dans l’expectative, et il n’est pas sûr que si la direction tentait d el’imposer vaille que vaille, elle ne soit pas vivement contestée.

A nous, initiateurs de l’appel du 4 décembre, de poursuivre notre démarche en continuant :

  1. à faire signer l’appel, modifié à la marge pour prendre en compte l’évolution de la situation avec le CN et l’assemblée générale
  2. travailler de manière partagée à l’élaboration d’un programme communiste pour l’élection présidentielle pour lequel il serait fait appel à la contribution des signataires et plus largement.
  3. en organisant une réunion, date et lieu à préciser dans les jours qui viennent, pour faire le point des signataires et définir une démarche collective pour la conférence des 4 et 5 juin

Notre objectif est que la souveraineté des communistes soit entendue et surtout respectée.

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