Après le PS, le PCF, les syndicats… Jean-Luc Mélenchon et les luttes de classes...

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 3%

La réalité des luttes de classes et des rapports de forces est connue de ceux qui luttent. Nous étions par exemple samedi 14 bien peu nombreux dans la dénonciation de la baisse des APL et la défense du logement social, mais il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher publiquement aux absents leur manque d’initiative. C’est pourtant ce que Jean-Luc Mélenchon se permet à propos des syndicats et de l’action contre la loi travail. L’article de Danielle Bleitrach ci-dessous est juste.

Relisant le texte de Jean-Luc Mélenchon, on comprend sans doute mieux pourquoi il est aussi critique des syndicats. Il est lui-même profondément convaincu de la pertinence d’une bataille médiatique qui passerait par dessus l’effort d’organisation, en s’appuyant sur les réseaux sociaux, dans l’illusion que cela permettrait de mettre le peuple en mouvement. La dénonciation des corps intermédiaire est un vieux thème du césarisme en politique, mais assimiler l’effort d’organisation militant à un corps intermédiaire est révélateur...

Le « vieux monde » impuissant à vouloir et à changer quoi que ce soit, ce n’est peut-être pas qu’un thème politique. Les directions des corps intermédiaires peuvent-elles être autre chose que des rouages à l’intérieur d’une réalité qui fonctionne comme un bloc ?

Il semble bien que la conception du rapport de forces de Jean-Luc Mélenchon, tout entier dans l’illusion de sa toute puissance médiatique, soit une explication aux difficultés de la mobilisation. L’apparente réussite de Mélenchon en 2012 puis en 2017 a conforté une faiblesse majeure du mouvement social en France. Trop de militants sont encore enfermés dans une conception électorale, médiatique des luttes, à la recherche du coup d’éclat qui percerait les médias et débloquerait le rapport de forces, sans voir que c’est au contraire dans le quotidien des liens sociaux et politiques avec leurs collègues et leurs voisins que se situe d’abord leur rôle militant.

Bref, à force d’attendre la prochaine échéance électorale, à force d’espérer en un sauveur suprême, de l’union de la gauche à Jean-Luc Mélenchon, notre peuple a profondément désappris les conditions de la lutte, l’effort d’organisation, la patience et la rigueur nécessaire pour unir, consolider, organiser...

Il n’y a pas de raccourci médiatique à la lutte des classes, et Mélenchon se trouve face à un mur. Soit il accepte d’être lui-même instrumentalisé comme opposant officiel du système, et donc inutile pour le peuple, soit il consacre son énergie à l’effort d’organisation de terrain, dans la durée, dans l’unité du peuple, et donc, en cessant de se considérer comme le leader suprême...

Pam

Après le PS, le PCF, les syndicats…

Mélenchon redoute une « victoire de Macron par KO ». Jean-Luc Mélenchon s’est dit déçu lundi, sur son blog puis au 20 heures de TF1, de la manière dont les syndicats conduisent le mouvement social contre les ordonnances modifiant le Code du travail.

Après s’être donné l’objectif très mitterrandien de détruire le PCF, et celui de se mettre à la place du PS, comme son modèle s’était substitué à la SFIO déconsidérée, le leader des insoumis voudrait-il détruire les syndicats pour qu’il n’y ait plus que lui et son mouvement dont il se veut le ciment avec quelques lieutenants du même acabit ?

En effet, il a rappelé avoir demandé « aux syndicats de prendre l’initiative » après avoir lui-même réuni des dizaines de milliers de partisans place de la République à Paris le 23 septembre, le chef de file de la France insoumise a jugé « la suite (…) bien décevante ». « Car de ce leadership, que sort-il ? Fort peu. À vrai dire : rien », a estimé le député dans une note postée sur son blog.

C’est vraiment extraordinaire cette grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Est-ce que les acquis des routiers, des dockers et d’autres qui ont de fait créé une brèche dans le code du travail sont moins importants que le nombre de marcheurs du 23 septembre ? Qu’ont-ils obtenu ? Je ne rentrerai même pas dans le ridicule des chiffres qui ose comparer une manif parisienne dont les médias ont pris pour une fois pour argent comptant les chiffres fournis par les organisateurs et des manifestations qui ont eu lieu partout jusque dans les petites villes moyennes. Non je sais que cela n’est pas suffisant et que toute la question est comment faire monter un mouvement à la hauteur de ceux qui effectivement pensent que Macron est le président des riches.

Si nul ne peut nier que la période soit difficile et que se battre mobilise encore les plus déterminés, en quoi vos propos irresponsables aident à repousser une victoire par K.O. Certes rarement on vit partis et dirigeants de ces partis dans un aussi piètre état, la médiocrité, les petites rivalités et les capacités d’autodestruction sont déchaînées, c’est sans doute cette situation comme celle de la répression systématique du monde du travail, la peur, qui pèsent lourdement sur le combat. Mais vos propos, comme ceux de Macron lors de sa prestation télévisé prouve à quel point les nouveaux mouvements ont engendré de l’arrogance et peu de vision de la réalité de ce qu’affrontent « les derniers de cordée », comment il est tenté non de les convaincre mais de les apeurer. Et vous en rajoutez bêtement mais avez-vous tant de mépris ?

Voulez-vous vraiment être celui que l’on flatte et que l’on transforme en opposant officiel parce qu’il apparaît comme le destructeur des forces organisées et le diviseur d’un monde du travail qui a besoin d’unité plus que de conseilleurs.

Franchement, je suis convaincue de la nécessité de cette unité et nous avons tous besoin de penser aux conditions de sa réalisation, personne n’a le secret mais je suis à peu près sûre que votre sortie ne la construit pas.

Danielle Bleitrach

Voir en ligne : Sur le blog histoire et société de Danielle Bleitrach

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).