Quelques réflexions sur la crise politique en France

, par  Franck Marsal

Le 7 octobre 2024 à 18:29, par Franck Marsal En réponse à : Quelques réflexions sur la crise politique en France

Il est clair que si l’on rejette en bloc l’ensemble de la révolution d’Octobre et de l’apport de l’URSS, on se prive des outils essentiels pour comprendre le monde d’aujourd’hui, et surtout pour le transformer. Il n’y a pas d’autres expériences de sortie du capitalisme, de lutte concrète et sérieuse contre l’impérialisme hors de ce qui a été inspiré par la révolution d’octobre. Tout le 20e siècle a été porté par l’inspiration soviétique : la lutte pour la paix, la lutte contre le nazisme, la lutte contre le colonialisme, la libération des femmes, la sécurité sociale en France, ...

Alors, comment appréhender cette expérience historique ? Il me semble que la question à se poser, c’est qu’est-ce que le stalinisme et existe-t-il vraiment, comme un bloc constitué et cohérent, déterminant d’une ligne politique ?

Staline a existé, il a été le principal dirigeant de l’URSS rapidement après la mort de Lénine et jusqu’à la sienne en 1953. C’est un personnage historique, marqué par l’extrême dureté de ses méthodes, dans une période de guerre et d’affrontements extrêmes, tant nationaux que politiques. Cette période, et celle qui l’a suivie ont été hautement contradictoires, des périodes de luttes intenses, de guerre mondiale, dans un pays qui sortait à peine du tsarisme et de l’arriération et qui est devenu la seconde puissance mondiale. Mais peut-on réellement classer dans la catégorie stalinisme, la totalité des expériences socialistes du 20e siècle ? Peut-on y classer à la fois Staline lui-même et Khrouchtchev voire même Gorbatchev ? Fidel Castro et Che Guevara ? Mao et Deng, jusqu’à Xi aujourd’hui ? Thorez et Marchais , jusqu’à Robert Hue voire au delà ? Certains le font. Mais quel sens cela a-t-il de nier ainsi toute divergence politique entre des orientations si différentes ?

C’est Khrouchtchev qui envoie les chars en Hongrie, non Staline. Khrouchtchev avait d’ailleurs préalablement envoyé les chars à Tbilissi, tirer sur les étudiants et les ouvriers géorgiens qui défendaient le bilan de Staline, donc la violence politique est bien partagée. Elle est la caractéristique d’une période, intense. C’est Brejnev qui fait de même à Prague et non Staline. On pourrait comparer cette situation à celle de la révolution française. La guillotine fonctionne sous la terreur, elle fonctionne encore après thermidor. Peut-on tirer un trait d’égalité entre ces deux périodes ? Il me semble que non. Il faut saisir les contradictions pour penser la dynamique des événements. Le concept de « stalinisme » égalise tout et ne permet pas de saisir les contradictions.

La révolution d’octobre et l’action de l’URSS sont un moment du processus, non sa totalité. Ce n’est pas (encore) la fin de l’histoire. Donc, c’est un processus hautement contradictoire. Certains courants tirent dans un sens, d’autres dans l’autre. Si on ne distingue pas les uns et les autres, il est difficile de rester rationnel. Ce processus s’est achevé (en partie en tous cas) avec la destruction de l’URSS. Donc, il y a matière à tirer des bilans non pas en effet en uniformisant tout et en rejetant tout.

Au-delà du tumulte des événements, il reste les changements visibles à long terme, apportés par l’URSS et le communisme du 20e siècle. Victoire contre le nazisme, 1er état socialiste de l’histoire, développement extraordinaire de l’URSS, puis de la Chine, lutte contre le colonialisme et libération politique des peuples dominés, ... Que reste-t-il de notre monde actuel si l’on rejette tout cela ? Veut-on sérieusement revenir à l’époque des empires sur lesquels le soleil ne se couchait jamais ?

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