Recadrer le conflit syrien

, par  florent

Le 29 février 2016 à 17:28, par florent En réponse à : Recadrer le conflit syrien

Cette analyse par un média russe (proche du pouvoir) des influences étrangères en Syrie est intéressante mais fait quasiment l’impasse sur l’acteur majeur de la contre-révolution de 2011 puis de de la guerre qui s’en est suivie : l’Iran. Le régime réactionnaire iranien est le seul à avoir envoyé (du moins officiellement) des troupes au sol en Syrie, sans parler des milices qu’il organise et des groupes jihadistes qu’il envoie depuis le Liban ou l’Irak (Hezbollah ou autres). Des divisions entières de l’armée dite “syrienne” sont depuis longtemps, et tout à fait officiellement, dirigées par des officiers iraniens. De plus, il est très probable que la passivité d’Obama (dont l’influence est quasi négligeable depuis le début du conflit syrien) visait surtout à obtenir un accord avec l’Iran et a bien peu à voir avec la Russie (malgré cette nostalgie de la guerre froide très en vogue dans les milieux poutinistes).

Par ailleurs, le rôle international du tyran Assad est certainement bien moins important que ce que laisse entendre cet article. Le soutien de la Russie et l’Iran à Assad n’est que pure façade. C’est juste une manière pour ces régimes réactionnaires de montrer à leurs peuples ce qui les attend si ils leur venait l’idée de protester. Mais les interventions russes et iraniennes (tout comme celles de la Turquie et l’Arabie saoudite) sont avant tout motivées par des intérêts financiers et/ou impérialistes. Il est bien clair qu’Assad n’est qu’un pantin entre leurs mains et qu’ils n’hésiteront pas une seconde à s’en débarrasser si il ne leur était plus utile.

En revanche je suis convaincu que pour les Syriens le sort d’Assad est central. Pour l’immense majorité d’entre eux, il n’est pas envisageable que celui qui a choisit de détruire le pays pour garder son trône conserve le pouvoir. Il faut avoir parlé avec des Syriens pour comprendre l’ampleur de la détestation des familles Assad et Mahklouf dans ce pays, et elle date de bien avant 2011. Il est probablement qu’une fois Assad parti, l’opposition syrienne accepterait de combattre l’ISIS conjointement avec l’armée (d’ailleurs l’opposition syrienne combat depuis longtemps l’ISIS, contrairement à l’armée loyaliste). C’est peut-être la solution vers laquelle on s’achemine, en tout cas c’est ce qu’on peut espérer.

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