La question de l’immigration est depuis longtemps utilisée dans la vie politique pour diviser le monde ouvrier, les quartiers populaires. De Mitterrand mettant en scène Le Pen dans les années 80 pour diviser la droite, jusqu’à ce « Zr » 2022 pour affaiblir droite et extrême-droite, en passant par la construction du piège médiatique « Tout sauf Le Pen » de Chirac 2007 à Macron 2017, le principal sujet est toujours l’immigration.
Mais c’était déjà le cas en 1981 quand un maire de droite organise le transfert d’immigrés de sa ville vers la ville voisine de Vitry dirigé par un maire communiste et que l’histoire militante de solidarité internationaliste des communistes avec ces travailleurs immigrés est transformé par tout le système médiatique et politique en attaque des communistes contre les immigés ! Cette « affaire de Vitry » que nous avons dénoncé il y a 10 ans est révélatrice de la convergence objective entre les forces gauchistes anti-communistes et la droite la plus raciste pour utiliser l’immigration contre l’unité du monde du travail qu’organise les communistes.
Même l’Humanité et la direction du PCF reprennent la version médiatique de l’histoire 30 ans plus tard dans une exposition de la fédération du Val de Marne, dénoncée aussi sur notre site.
C’est pourquoi il est utile de reprendre ce que nous écrivions il y a 10 ans et qui n’a pas pris une ride. C’est le meilleur hommage possible à notre camarade Georges Marchais !
Solidarité Français-Immigrés contre le travailleur-marchandise
La place qu’a pris l’immigration dans le débat politique fait de cette question un point de clivage traditionnel qui structure les représentations gauche-droite. Il y a à l’évidence un consensus idéologique sur le sujet. Consensus à deux facettes, celle de droite dans laquelle l’immigration est économiquement nécessaire mais culturellement dangereuse, celle de gauche dans laquelle l’immigration est humainement nécessaire, mais économiquement difficile.
Dans les deux cas, on ne parle pas de classes sociales. C’est d’ailleurs à cela qu’ont servi les questions politiques de l’immigration depuis le lancement de Le Pen sous Mitterrand. C’est à cela aussi qu’a servi la segmentation du travail ouvrier entre ouvrier qualifié et ouvrier spécialisé, le plus souvent immigré. Tenter de reformuler les questions politiques de l’immigration en terme de classe est donc essentiel, et la tendance à n’en parler qu’en terme de valeurs, d’humanisme, est justement ce qui a progressivement désarmé les communistes qui étaient historiquement porteurs du « Travailleurs français, immigrés, solidarité ». Et quand les communistes de Vitry menaient la lutte solidaire avec des travailleurs maliens pour leur droit au logement, les médias ont fabriqués cette image de communistes écrasant un foyer d’immigrés au bulldozer. Et qui connait l’histoire raconté par des militants voisins du foyer ?
Les Maliens, ont immédiatement été attendus et intégrés à la vie de la commune et du quartier. J’habitais à 100m du foyer, parce que les communistes de cette époque, bien que nous ne voulions pas plus d’immigrés, une fois que nous les avions, nous les intégrions. Mais à cette époque nous étions un Parti de proximité. J’étais membre de la cellule de l’entreprise SMAC, à Vitry, dont l’essentiel des travailleurs et des adhérents de la cellule étaient des Maliens, qui étalaient le bitume bouillant, pour des salaires de misère, certains sans papiers, sans vêtements de travail adaptés, mais cela n’intéressait pas les médias.
Cette histoire concrète éclaire une position communiste qui mobilise les travailleurs immigrés pour leur droits, en combattant l’immigration que les patrons organisent pour diviser les prolétaires... Non seulement, ces militants étaient étrangers à tout racisme, mais ils militaient en frères avec tous les travailleurs de toutes les nationalités. C’étaient des internationalistes.