Un monde nouveau tente de naître : la confrontation inévitable par danielle Bleitrach

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J’ai trop vécu pour entretenir des illusions sur ce qu’il peut advenir ; par expérience, le pire m’apparaissant toujours prévisible, mais il me parait néanmoins possible de deviner quelques effets bénéfiques du séisme de grande amplitude que l’on a coutume de désigner sous le nom de crise. Quel que soit son nom : crise des subprimes, crise financière et aujourd’hui crise grecque ou crise de la zone euro, le fait est que le paysage mondial se modifie en profondeur. Etant bien entendu que ce qui caractérise ce dernier avatar de la crise de l’impéralisme sénile est deux faits majeurs et difficilement contestables, à savoir que pour la première fois la crise n’atteint pas la périphérie mais le centre du système et ensuite que le système s’avère incapable de faire autre chose que poursuivre sa logique mortifère, son accumulation pathologique et parasitaire. A ces faits, il faut en ajouter deux autres le poids nouveaux dans les relations internationales de pays émergents et leur tentative dans la cadre de relations sud-sud de définir d’autres modes de relations.

Lacan à propos du meurtre des soeurs Papin disait que le fait divers fonctionnait comme un instant paranoïaque qui déchirait le rideau d’illusion de la société et en montrait la réalité. Chaque événement et surtout leur répétition, dans cette période historique, fonctionne comme un instant paranoïaque qui nous renvoit à la même réalité fondamentale : le déclin de l’empire et sa lutte éperdue contre le changement nécessaire. Nous n’avons pas cessé au coeur de cette crise d’être confrontés à la folie paranoïaque des Etats-Unis et de leurs alliés vassaux européens, elle va toujours dans le même sens : le refus de prendre acte de l’apparition d’un monde nouveau où les Etats-Unis n’auraient pas tous les droits et la capacité d’imposer leurs volontés impériales au reste de l’humanité.

Mais la vérité est que les Etats-Unis ne peuvent pas agir autrement parce que le colosse est menacé d’écroulement, la paranoïa sénile est intrinsèque à la diminution irreversible de la puissance.

Un des effets de la crise a été la montée en puissance de quelques protagonistes, deux d’entre eux en particulier se sont trouvés récemment confrontés aux Etats-Unis, la Chine et le Brésil(1). La Chine a essuyé les effets de la mauvaise foi étasunienne en de multiples occasions, cela est allé des taxes douanières, de la prétention à juger de la monnaie, jusqu’au soutien plus ou moins larvé aux séparatismes, et cela a toujours été accompagné d’un déchaînement de propagande sur “l’absence de démocratie” en Chine comme dans la risible affaire Google. Il faut également souligner que cette politique de confrontation ici comme ailleurs est plus encore lié au Secrétariat d’Etat, Hillary Clinton, qu’au président obama lui-même, elle ne peut pas être menée sans son accord mais c’est elle qui est chargée de la mise en oeuvre dans toute sa brutalité. S’agit-il d’une simple maladresse d’un secrétariat d’Etat un tantinet psycho-rigide, ou encore de l’influence des lobbies pro-israéliens ? En tout cas pas par pour la Chine. Et la violence du séisme est tel, nous sommes devant une chute accélérée de l’empire, qu’il faut éviter de la regarder par le petit bout de la lorgnette comme nous y incitent les commentateurs médiatiques…

Pour ceux qui pensent, en particulier à propos de l’affaire iranienne, et de la récente opposition frontale entre les Etats-Unis et le Brésil que la raison du refus des Etats-unis de tenir compte le moins du monde de l’avancée des négociations avec les homologues de Lula en Turquie et en iran serait dûe à l’alliance d’israêl et des etats-Unis, il faut mesurer que la cause est bien plus importante. Le parallélisme de l’attitude des Etats-unis avec le Brésil mais aussi tous ceux qui se mettent en travers de leur route témoigne d’une logique “historique”. Que cette logique historique implique des liens étroits avec Israêl comme avec la vassalisation de l’Europe et du Japon ne donne pas le sens réel qui est tout bonnement l’impérialisme à son stade de financiarisation monopiliste dont les Etats-Unis sont désormais le bras armé, l’instrument de la domination. C’est le leadership mondial des Etats-Unis qui est menacé et que ces derniers ne veulent en aucun cas partager. Accepter le moindre déplacement des relations internationales c’est dans cette période de crise voir menacer tout l’édifice, en particulier la confiance dans le dollar.

Le paradoxe est en effet que les deux puissances considérées ne prétendent à aucun leadership, le Brésil n’y aspire pas du tout, la Chine refuse d’entrer dans la course avec prudence. Mais ce que préconisent ces deux puissances est un simple déplacement de l’axe mondial sur quelques points.

Il s’agit de prendre en compte les pays du sud, ceux qui sont en développement. Comme on l’a vu lors du sommet de Copenhague et la brutale manipulation des Etats-Unis face aux exigences des pays du sud. Et on ne cesse pas de faire l’inventaitre de ces mini-affrontements dans lesquels il faut bien sûr placer la tentative de reprise en main de l’Amérique latine accompagnée des grandes orgues de la diffamation contre Cuba et le venezuela et du coup d’Etat au Honduras, etc… La crise a eu un effet majeur, celui de voir surgir de nouvelles puissances, les pays du Bric. Le plus notable est leur insertion dans des relations sud-sud qu’ils contribuent par leur poids économique à rendre possibles, en détournant les circuits d’échange de la traditionnelle relation du sud avec les métropoles coloniales. Ce déplacement s’exerce dans un monde qui, comme l’Amérique latine revendique indépendance et développement endogène, souhaite nouer des alliances débarrassées de la tutelle néo-coloniale. Il n’y a pas antagonismes comme du temps de l’Unio, Soviétique mais le changement de nature met encause le système. C e qui est préconisé est de voir se dessiner de nouveaux échanges planétaires qui ont besoin de paix et de non interventionnisme. Priviligier le dialogue est le maître mot de la Chine et celui du Brésil, mais c’est cela que les Etats-Unis repoussent parce que le dialogue signifie ttraiter en égaux ceux que depuis des siècles on considère comme des subordonnés. Le dialogue est donc le contraire de la stratégie menée par les Etats-unis, une stratégie de plus en plus poussés vers les expéditions militaires sous les prétextes les plus mensongers, en réalité à la fois pour poursuivre le pillage et pour imposer à tous la suprématie du dollar alors même que l’endettement phénoménal des Etats-unis le condamne à perdre de plus en plus de sa valeur(2).

La confrontation avec le Brésil à propos de l’iran, si elle déchire le voile d’hypocrisie des Etats-unis, leur capacité médiatique à diaboliser l’adversaire n’est donc pas un simple épiphénomène, l’empire joue sa suprématie et le sait.

Une question non dénuée d’importance aujourd’hui est celle de l’Europe. L’offensive qui est menée contre l’euro témoigne là encore de la fragilité du colosse étasunien, et des contradictions interimpérialistes de plus en plus aigües. Depuis la fin du XXe siècle et l’effondrement de l’Union Soviétique, les Etats-unis ont tout fait pour maintenir le système qu’ils avaient construit après la fin de la deuxième guerre mondiale et le développement de la guerre froide. Leur invraisemblable armada qui donnait sans cesse plus de poids au complexe industrialo militaire, le poids du dollar devenu monnaie unique ainsi que le petrodollar, les institutions internationales sous leur hégémonie, et enfin leur puissance médiatique, tout cela s’est mis à tourner à vide après la dispartion de l’URSS. Il a fallu resserrer les rangs autour d’une machine impérialiste quiavait perdu sa finalité et était inadaptée au monde en train de surgir, un monde multipolaire. Continuer à vassaliser l’Europe comme d’ailleurs le japon faisait partie de la domination. le japon aujourd’hui est de plus en plus tenté par l’orbe asiatique que dessine la Chine, qu’en est-il de l’Europe ?

La Russie, qui fait sans doute erreur, paraît de plus en plus croire en la possibilité d’isoler l’Europe des Etats-Unis, d’autres y ont cru avant elle. Mais avec la crise qui la frappe de plein fouet et la résistance des peuples, là encore les Etats-Unis sont pris dans la contradiction qui veut que wall Street attaque l’euro tout en laissant à découvert les Etats-Unis au fur et à mesure que s’écroulent les alliances.

Oui un monde nouveau est en train de tenter de naître et nous avons intérêt à comprendre que nos luttes en font partie.

danielle Bleitrach

(1) La Russie a eu la crise géorgienne comme coup d’arrêt à l’offensive étasunienne du moins momentannément mais elle est elle même confrontée au maintien de son oligarchie née de la fin de l’Union soviétique et à ses intérêts nationaux. D’où une politique à géométrie variable dans laquelle ces grands jouers d’échec tentent de reconquérir “la reine” Europe.

(2) On ne peut manquer d’être frappé par la manière dont dans la récente période ce refus vicéral du dialogue correspond à la manière dont le néolibéralisme, stade ultime de l’impérialisme, a tenté de détruire partout toutes les formes de négociation potentielles, qu’il s’agisse des institutions démocratiques citoyennes ou des syndicats.

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