Revue Unir les communistes nr 7-8
Se résigner aurait été renoncer... Compte-rendu des rencontres communistes de Vénissieux du 30 avril 2016

, par  Herve Poly , popularité : 3%

Intervention de Hervé Poly, secrétaire fédéral PCF du Pas-de-Calais.

Comme beaucoup j’apprécie les différentes interventions qui ont été faites. Elles aident à reprendre l’utile et toujours actuel chemin de la lutte des classes. Cela me semble tout a fait important. Je voulais aussi dire à Georges, sans le fâcher, en m’appuyant sur une citation de Shakespeare que « la mémoire c’est l’étincelle de l’esprit ». Les communistes en général, particulièrement ceux qui ont gardé la tripe bolchévique aiment bien l’étincelle.

Partant du principe développé par Rémy quand il parlait d’effondrement, je voulais dire plusieurs choses. Le système dans lequel nous vivons est à bout de souffle, au bord de l’effondrement. Il prendra fin vraisemblablement au court du XXIème siècle. La seule inconnue c’est qu’on ne sait pas s’il sera corollaire à la fin de l’humanité et c’est bien là tout le fond de la question qui nous est posée et donc du combat qui doit être le nôtre. La fin de l’espèce humaine est en jeu. La question du réchauffement de la planète se résoudra d’elle même si nous répondons à ce défi c’est-à-dire, si nous vivons encore.
Le système capitaliste est un système prédateur pour l’humanité et l’on est bien d’accord qu’il n’existe pas de tigre végétarien, que cela ne s’est encore jamais vu. A partir de ce constat, je voudrais souligner plusieurs choses. Beaucoup ont été dites avant moi mais je voudrai m’arrêter plus particulièrement sur ce qui se passe dans le Parti communiste français, vous faire part de ce que j’en pense et comment je vois les choses évoluer.

Je suis responsable des communistes du Nord-Pas-de-Calais. Leur histoire est riche et longue. Elle tient une grande place dans celle des communistes de France. Comme pour la plus grande part d’entre eux, je suis resté membre du parti. Il ne s’agit pas de dire si j’ai eu raison ou tord, si j’ai fait ou non le bon choix ! Je l’assume pleinement et je vais vous en dire les raisons, ce qui les fondent.

Je pense que l’effondrement du système social, se montre d’une rare violence. Il tient d’abord et avant tout à l’effondrement des salaires et je pense qu’il est fondamental d’avoir cela en tête pour comprendre la situation que vivent les gens. Ma mère qui a été maire d’Avion et pendant trente ans adjointe aux affaires sociales, me disait toujours « n’oublie jamais la vie des gens ». Alors je voudrai vous parler de cela. Je voudrai vous parler de ce qui se passe dans une ville, ma ville, une ville qui a eu une longue histoire de résistance aux guerres coloniales, dont le maire et un de ses adjoints ont été révoqués par le préfet de l’époque pour avoir dit « paix en Algérie ».

Cette ville est une ville ouvrière qui compte près de 18.500 habitants. Pas plus tard que la semaine dernière des camarades s’y sont opposés à une expulsion locative. Je vous invite à ce sujet à prendre connaissance du reportage fait par la télévision et des témoignages qu’elle rapporte. Ils donnent un aperçu saisissant de la réalité vécue par une partie de la population.

Il s’agit d’un salarié qui tous les jours doit faire vingt kilomètres aller et retour pour 1.200 euros par mois. Là dessus il doit s’acquitter pour se loger d’un loyer de 500 euros par mois. Il n’en peut plus ce salarié et il arrive un moment où il ne peut plus payer. Ce reportage vous montre la solidarité qui s’est faite autour de lui, une solidarité de classe qui s‘est organisée dans la cité. Il est important de la signaler tant elle montre les convergences qui peuvent se faire sur cette base et les luttes qu’elles peuvent entraîner pour se réapproprier des choses dans des termes concrets.

D’une manière générale le climat est à la résistance et à la riposte aux mauvais coups. A Avion nous avons déjà empêché la fermeture d’une perception et d’une classe ce qui n’est pas du goût de l’administration. Du coup, la sous-préfète pète un plomb comme l’on dit. Elle convoque le lundi suivant au commissariat quatre camarades qui avaient participé à cette action, dont le maire, mon épouse, le secrétaire de section et le président du groupe communiste, pour être entendus sur l’accusation de violence aggravée sur les forces de l’ordre.

Si vous avez eu l’occasion de regarder les vidéos faites de la manifestation, vous pourrez constater que nous sommes en plein fantasme. Nous sommes en plein état d’urgence et il ne s’agit que d’un acte supplémentaire de répression anti populaire. S’il y a violence, c’est de violence de classe qu’il est question. Tel est le premier aspect de la situation dans laquelle je vis et milite, dont je voulais vous parler et dans laquelle j’essaie de me dépatouiller avec mon Parti, malgré les choix que peut faire sa direction. Des choix qui me mettent en colère, comme beaucoup. Oui parfois les bras m’en tombent, surtout quand j’entends parler de primaires, je peux me permettre de le dire, surtout que nous vivons dans un pays minier et que nous savons de ce qu’il en retourne, mais là on peut dire que : même quand ils sont au fond du trou, ils continuent à le creuser.

Pour revenir sur la question du PCF, je pense comme militant lutte de classe, et comme militant communiste, qu’il y a aussi autant de communistes a l’extérieur du parti qu’à l’intérieur. Comme le disait Giscard à Mitterrand au sujet du monopole du cœur, je pense que le PCF n’a pas à ce jour le monopole du communisme. Je partage aussi, ce qu’ont pu dire les intervenants précédents sur la crise, sur l’histoire des luttes de classe y compris sur la question du bilan positif concernant ce qui s’est passé à l’est.

En tant que militant communiste en France, terre classique des affrontements politiques, je pense que nous devons être tendus par une volonté politique et en faire notre priorité, nous devons faire échec à la loi El Khomry. J’en viens sur ce que disait l’obligé. Je pense que comme moi vous avez entendu dire que Macron n’était pas l’obligé de François Hollande ? Le problème n’est pas à chercher à ce niveau car en fait tous deux sont des obligés. Ils sont les obligés, des Rothschild, des Bolloré et de l’Union Européenne, car la loi El Khomry, c’est le conseil européen de juillet 2015 qui l’a imposé à la France. Je pense que nous avons à faire un travail là dessus pour gagner encore et plus fort sur la convergence des luttes. Une victoire contre cette loi de régression sociale ouvrirait beaucoup de portes.

Pourtant si je regarde comment les choses se passent du côté du congrès du PCF, franchement il y a de l’inquiétude à avoir.

Nous nous battons à l’intérieur du Parti. Il ne faut pas croire, ce n’est pas facile. C’est même un combat difficile. Ils n’en ont que pour la primaire. Nous nous battons contre cette idée folle de primaire, parce que franchement, si tel en était le cas, ce serait un suicide politique et je ne comprends pas comment certains en sont arrivés à penser à cela, les bras m’en tombent.

J’entends certains parler à propos du parti de coquille vide. Moi je pense que cela mériterait débat parce que c’est tout de même la coquille vide la plus importante dont ils parlent. Pour en revenir à mon exemple de tout à l’heure et sur la nécessité de se référer au quotidien des gens, pour eux comme pour la masse la plus importante des salariés, que vous le vouliez ou non, les communistes c’est le PCF. Je dis cela pour ne vexer personne. Il s’agit d’une réalité concrète. Pour prendre un exemple, quand je vais en tant que responsable départemental à la cité d’Arras participer à la cérémonie d’hommage aux fusillés, c’est au parti des fusillés que l’on pense et le représentant légitime désigné pour honorer nos camarades morts pour la France, il est tout naturellement choisi parmi les communistes du PCF.

Qu’on le veuille ou non ce lien n’a pas été coupé et heureusement. Alors je voudrais en venir sur une confusion qui est faite parfois avec l’Italie. Je vous le dis, ils n’arriveront pas à renouveler chez nous, ce qui s’est passé en Italie. Avec les communistes, nous nous battons pour empêcher ce scénario de liquidation totale, y compris celle de l’enseigne, qu’il n’est pas question de leur laisser, et vous verrez qu’au bout du bout nous seront majoritaires. C’est cela que j’ai dans la tête. Je ne leur laisserai pas la guitoune. Voilà qui est dit.

Le siège de la fédération du Pas-de-Calais restera aux communistes du Pas-de-Calais. Il s’agit de leur histoire. Il n’ira pas dans une quelconque fédération des gauches ou que sais-je encore. Cette histoire est celle du Pas-de-Calais, elle est celle des communistes qui ont résisté à plusieurs occupations. Quand je vous raconte cela, je ne suis pas dans la justification. Je répète qu’il s’agit d’un combat difficile.

Comme j’en parlais tout à l’heure, sous forme de boutade, je trouve effarant de trouver à chaque fois que j’ouvre l’Humanité une citation de Jaurès. J’ai l’impression à chaque fois qu’il s’agit de la mise à mort de Lénine. C’est un peu comme s’il n’avait jamais existé. Excusez moi d’employer cette référence car elle n’est pas très classique, comme vous le savez, dans Harry Poter l’ennemi s’appelle Voldemort, eh bien c’est comme si Lénine était le Voldemort du parti communiste. C’est tout de même affligeant pour la pensée du parti communiste de lui retirer l’apport de Lénine. C’est se priver de son apport révolutionnaire, et c’est finalement comme se couper une patte.

Pour être clair et synthétique, j’affirme comme d’autres l’on dit avant moi, que le pays n’a pas connu de politique de gauche depuis 1983. Cette césure dans le pays et je pense que nous serons d’accord pour le dire tous en commun, est essentiellement le fait de la politique de l’Union Européenne et de notre ralliement à ses institutions.

Je lis attentivement tout ce qu’écrivent ceux qui sont intervenus jusqu’alors. Je lis aussi Annie Lacroix-Riz, tout ce qu’elle a écrit sur la création de l’Union Européenne et ses relations avec le grand capital. Elles prennent leurs racines dès 1923 avec les cartels, puis elles sont mises sur pied avec l’appel du 9 mai 1950 de Maurice Schumann, l’obligé des De Wendel. Il n’y a pas que des forces invisibles qui agissent dans ce pays. Nous connaissons des noms, Bolloré, Arnaud etc.

J’observe ce qui se passe dans les « Nuits debout », plein de camarades essayent de faire bouger des choses. J’ai lu récemment les travaux sur les libéraux libertaires de Clouscard, bon ça me laisse un peu sceptique, mais c’est pour dire qu’il existe de la matière pour réfléchir et relancer l’action. Je pense qu’il faut qu’on fasse converger tout cela. Il y a la mobilisation sur la loi du travail et la question de l’Union Européenne. Chacun doit évoluer à son rythme, mais les convergences doivent se faire.

Je pense que la question de la sortie de l’union européenne est devenue une question centrale de notre combat. C’est ce que nous avons d’ailleurs écrit dans notre texte alternatif. Et je pense que le score qu’il fera, l’audience qu’il rencontre, ne sont pas ridicule. La direction a tout fait pour diviser les communistes et pour qu’il y ait trois textes alternatifs à gauche. Si je ne me trompe, nous aurons cinq texte au total. Je rappelle qu’en principe les communistes sont pour l’unité. Pour ma part, j’ai commencé à signer des textes alternatifs quand le centralisme démocratique a été abandonné au 28ème congrès.

Je n’ai jamais été favorable aux tendances, mais malheureusement la Direction nous a obligé à nous organiser à l’intérieur de notre parti pour défendre ces principes révolutionnaires d’organisation. On gère ce que l’on appelle des contradictions en permanence. On nous force à faire des choses qu’on n’a pas envie de faire mais c’est comme cela, c’est la marche que l’Histoire nous impose.

Je pense que se résigner équivaudrait à renoncer. Nous continuons le combat aussi à l’intérieur avec mes camarades et c’est un gage de fierté pour nous. Il n’y aura pas de scénario à l’italienne. Si cela devait être, les communistes ne l’accepteraient pas. Ils suivraient majoritairement ce que nous pensons. Voila ce que j’avais à vous dire.

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