Réunion nationale du 13 janvier 2018

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 3%

Plus de 45 camarades étaient présents à cette rencontre organisée sous l’égide de « Faire vivre et renforcer le PCF », venus de 12 départements, une dizaine s’étant excusés de ne pas pouvoir participer.

Marie-Christine Burricand présentait le rapport introductif qui a été suivi de très nombreuses interventions permettant un débat approfondi et la prise de décisions.
Celles-ci peuvent se résumer ainsi :
 Se saisir du site congrès 2018 pour publier de nombreuses contributions sur la question du bilan qui est centrale et est aujourd’hui escamotée par la direction nationale.
 Organiser dans plusieurs de nos sections des débats à rayonnement national permettant la confrontation des points de vue entre tous ceux qui ont la volonté de garder le PCF.
 Produire une contribution collective portant les thèmes qu’ils nous semblent essentiels de retrouver dans la base commune.

Nous avons l’objectif avec cette réunion de nous placer à l’offensive dans la préparation du prochain congrès dit extraordinaire, de décider ensemble d’une ligne claire et partagée, de prendre les décisions d’action et de travail qui permettent à cette ligne d’être identifiée, reconnue comme utile et de rassembler.

Personne n’est en capacité de dire aujourd’hui ce que sera l’issue du congrès. La direction nationale va-t-elle pouvoir s’en servir pour aller plus loin dans la fin du PCF comme parti révolutionnaire et sa transformation, voire son absorption, en une force réformiste ? C’est en tous cas cette volonté qu’affirme Pierre Laurent lorsqu’il insiste, comme il l’a fait à plusieurs reprises ces derniers mois, sur le fait que nous ne sommes pas allés assez loin dans les transformations de notre parti, transformations qu’il inscrit dans la poursuite des précédents congrès.

Mais cette même direction est confrontée à ses échecs, à l’attachement des communistes à leur parti, à l’effondrement du PS et de la gauche, à la concurrence de Jean-Luc Mélenchon sur le terrain du réformisme... Après avoir lancé un nouveau ballon d’essai sur le changement de nom du parti, Pierre Laurent a été contraint pour l’instant de revenir en arrière sur cette question.

Pouvons nous imposer en rassemblant largement les communistes un vrai débat stratégique et un début de rupture pour une nouvelle orientation politique ? Cela doit être en tous cas notre objectif. Nous avons des atouts pour cela dans la situation politique nationale et internationale, dans l’expérience qu’ont fait les communistes ces dernières années. Mais force est de remarquer qu’après le choc des présidentielles et des législatives, la direction nationale a malgré tout réussi à garder la main sur l’appareil et les cadres intermédiaires et à minorer l’expression de la colère et l’exigence de bilan qui restent pourtant très présentes.

Devrons nous nous contenter d’éviter le pire en gardant la coquille PCF et préserver ainsi l’avenir ? C’est un peu ce qui se passe depuis 20 ans, mais cette situation est mortifère pour le PCF et ses militants et ne peut durer éternellement.

Nous entamons cette réflexion dans un climat politique pour l’instant difficile. Le développement des luttes et le rejet de la politique du gouvernement Macron/Philippe
que beaucoup espéraient à la rentrée n’a pas eu lieu. Malgré les efforts de la CGT, malgré notre propre investissement pour réussir les différents moments de manifestation et de grève, le mouvement social n’a pas pris l’ampleur nécessaire pour inquiéter ce gouvernement. Les manifestations n’ont pas été ridicules mais elles se sont effilochées au fil du temps et les ordonnances contre le code du travail n’ont pas été battues !

Sur le logement social et les APL, nous avons pris, ainsi que les associations de locataires, des initiatives. Les résultats sont restés en dessous de ce qu’il aurait fallu et les mauvaises mesures s’installent contre le logement social. Je rappelle pour mémoire sur ce dossier que nous défendons l’aide à la pierre.

Sur l’école, nous sommes parfois étonnés dans nos ZEP qu’il suffise des CP à 12 élèves, dont les moyens sont pour l’essentiel pris sur d’autres dispositifs, pour satisfaire des enseignants que nous avons connus plus combatifs. Quant à la révolte des maires et des collectivités locales, alors que les budgets se votent à la baisse, elle peine à se voir et à s’entendre même s’il y a des exemples très intéressants dans les villes et les départements que nous dirigeons. L’adaptation à la situation est dominante !

Ce gouvernement, après un début difficile, ne connait pas pour le moment la chute vertigineuse de popularité de Hollande en début de quinquennat.
De nombreuses luttes se développent pourtant dans les entreprises, mais elles peinent à converger et à se traduire par un mouvement social d’ampleur national.
Cela pèse lourd sur les militants ; Cela interroge aussi. Quel est le poids de l’absence de perspective révolutionnaire et de l’effacement du PCF dans cette résignation et ce qui peut apparaître comme un affaiblissement du niveau de conscience ?
Cette situation à l’instantané ne présage pas de l’avenir mais chacun mesure les efforts nécessaires pour ouvrir une issue.

Au plan international, la situation apparaît plus ouverte. La vérité fait son chemin quant à la responsabilité du capital, de l’Union Européenne, de l’impérialisme des États-Unis quant aux guerres qui déchirent et défont de nombreuses nations. Le rôle pervers de DAECH dans ces batailles, nouveau fascisme visant à s’approprier richesses et terres, humains réduits en esclavage, apparaît plus nettement.

La Chine est au centre du débat international et il est difficile de la diaboliser du point de vue de son développement et de son rôle international, de son expérience et sa réflexion quant à la situation internationale.

Les résurgences fascistes en Ukraine et en Pologne, l’anniversaire de 1917 qui rappelle qu’il y a toujours des communistes en Russie et qu’ils relèvent la tête...tout cela pousse à réexaminer l’expérience socialiste du 20éme siècle en sortant du prisme de la criminalisation du communisme.

Et puis le Venezuela ne s’est pas effondré, Cuba tient le coup, Le Viet-Nam aussi. Plus près de nous, le PC portugais est au cœur d’une expérience originale en Europe, alors que le PCE se libère de Podemos et que Siryza s’est complètement déconsidéré. Le jeune premier de la gauche européenne cher à Pierre Laurent, Alexis Tsipras, est devenu le serviteur des prédateurs de l’Union européenne, quelle leçon !

Comment faire et où mettons nous la barre dans cette préparation de congrès ? Nous pouvons considérer qu’une majorité de communistes souhaitent garder le PCF sinon il n’existerait plus ! Mais une grande partie de cette même majorité se retrouve régulièrement à soutenir et mettre en œuvre une ligne qui porte la destruction du PCF ; légitimisme certes, mais aussi doute sur la mise en œuvre d’une autre alternative, qui peut apparaître trop difficile dans la situation d’un parti affaibli et d’un capitalisme tout puissant dans la sphère politique et économique, incapable de porter une majorité de direction.

Beaucoup d’entre nous sentent ce mouvement complexe chez nos camarades. « Nous nous sommes peut-être trompés,mais remettre en cause 20 ans de congrès, reconstruire une stratégie révolutionnaire, est ce bien réaliste ». L’effort exigé tant du point de vue théorique que dans l’engagement quotidien dans l’action et l’organisation, apparaît inaccessible. D’autant qu’il existe des impensés au PCF, sur le socialisme, la prise de pouvoir, les nationalisations, la nation, impensés sous-tendus par la rupture avec 1920 et le socialisme. Je vous renvoie à l’article de Pierre-Alain Millet sur Octobre 17. Ces tabous rendent impossible de concevoir l’avenir de notre parti différemment, ils conduisent finalement à se limiter à une exigence d’action, de fraternité et de solidarité, la question de la prise de pouvoir et de la révolution étant renvoyée aux calendes grecques !

Des camarades se battent depuis plusieurs années pour la reconstruction et la réorientation du PCF. Ils ont fait la force de nos textes alternatifs aux congrès. Ceux là ne doivent pas se laisser gagner par la fatigue, le découragement, ni le sectarisme qui éloigne des communistes. Nous devons travailler à ce que ces camarades se mettent rapidement en mouvement, en leur donnant des outils qui leur permettent de s’adresser à tous les communistes qui veulent continuer le PCF, d’une manière fraternelle et ouverte, sans pour autant en rabattre sur le contenu de nos propositions, car l’urgence aujourd’hui c’est de faire réfléchir et d’éviter les consensus de façade sur le plus petit dénominateur commun.

Utilisons et élargissons l’espace ouvert par la situation du parti et ce congrès extraordinaire pour convaincre et interroger largement les communistes quant à l’avenir.

Je dirai un mot des textes alternatifs.La direction nationale développe l’artillerie lourde pour qu’il n’y en ait pas et les charge de tous les maux. Le problème ne serait pas qu’il y a des désaccords réels entre communistes ou que les décisions des derniers congrès aient produit des échecs, le problème serait que ces textes découragent, troublent et divisent les communistes. Nous n’avons aucune raison de nous laisser mettre la pression sur cette question. D’abord parce que c’est l’indigence des projets de base commune et leur incapacité à prendre en compte le débat réel des communistes qui ont conduit à produire des textes alternatifs ; Ensuite parce que ceux-ci sont plutôt source d’une plus grande participation aux congrès, comparons par exemple avec le questionnaire !. Enfin, parce que sans ces textes, se confrontant directement aux lignes d’effacement du PCF, il n’est pas certain que le PCF existerait toujours.

Bien sur, une base commune réellement ouverte pourrait permettre d’éviter la multiplication des textes ; Qu’est qu’une base commune ouverte : c’est un texte qui pose les questions, sans tabou, et crée les conditions que les réponses soient construites par les communistes dans le cadre du débat du congrès, le contraire de ce qui se passe depuis 20 ans où le terrain du débat est soigneusement balisé. Pour l’instant, les prémices de ce congrès ne vont pas dans ce sens, notamment avec l’effort obtus de la direction pour éviter l’indispensable débat sur le bilan stratégique et organisationnel. Mais, nous ne présageons pas de l’avenir et travaillons à faire évoluer la situation, nous prendrons notre décision le moment venu.

Dans l’immédiat, une contribution collective destinée à présenter les questions qui nous semblent incontournables dans la base commune serait la bienvenue, mettant en exergue cette question essentielle qu’est le bilan et la nécessité de construire de nouvelles réponses aux questions qui nous sont posées en sortant des impasses dans lesquelles le PCF s’enferme depuis 20 ans. Il s’agit à partir de ce bilan de décliner les thèmes qui sont les nôtres avec la volonté de construire les repères d’aujourd’hui. Une telle contribution collective pourrait être un évènement permettant d’éviter un débat enfermé dans un cadre préétabli.

Nous voulons aussi donner à voir notre volonté de débattre avec tous ceux qui veulent garder le PCF ; Dans cet esprit,nous pourrions organiser dans plusieurs sections des débats de rayonnement nationale, confrontant des camarades d’opinions différentes, débats que nous donnerions à voir et à entendre au travers du site lepcf.fr.

Enfin, et c’est le plus urgent, le site du congrès 2018 est ouvert. Le bilan n’en est même pas un thème. Il est indispensable que de nombreux camarades envoient rapidement des contributions individuelles permettant que cette question soit au centre du débat.

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