Réponse à jacques Sapir

, par  Gilles Mercier , popularité : 2%

Non, Monsieur Jacques Sapir, la raison de rester dans l’euro n’est nullement politique mais économique. L’euro est une monnaie découplée des Etats. Elle confère au Capital la liberté absolue de se mouvoir dans la zone de la monnaie unique en fonction du cout de la force de travail et des divers avantages que lui offre les Etats de la zone. La monnaie unique est le fruit d’une évolution étalée sur une quarantaine d’année qui a abouti à la monnaie commune puis à la monnaie unique. Avec le passage à la monnaie unique, la spéculation sur les taux de change s’est déplacée sur les taux d’intérêt.

La puissance d’une monnaie est celle de son économie. L’euro est un faux nez du Mark comme l’était l’Ecu. La RFA n’a cessé de réévaluer sa monnaie au détriment des autres monnaies européennes car ses entreprises étaient en mesure d’imposer à leurs clients de payer leurs achats en Mark en non en dollars n’ayant pas de concurrents compte tenu de la qualité de leurs productions. L’Allemagne maintenant réunifiée est toujours un pays de production de haut de gamme et de moyenne gamme. La France c’est un choix de son patronat qui date de bien avant l’Euro est un pays contrairement à l’Allemagne dont le capital est à dominante financière. C’est aussi le cas de la Grande Bretagne. La France et la Grande Bretagne n’ont cessé de se désindustrialiser. L’Allemagne s’est fait jeter de l’Afrique par la France et la Grande Bretagne à l’issue du traité de Versailles, elle n’a pas eu d’empire colonial. Comme conséquence de sa responsabilité dans le déclenchement de la deuxième guerre mondiale, elle n’a pu développer une industrie militaire conséquente. De ce fait son économie est uniquement civile et centrée sur son territoire national. Le Japon après 1945 se trouvait dans une situation identique. Ces deux pays sont devenus des puissances industrielles civiles majeures imposant leurs technologies par la qualité de leurs productions.

La France est un pays de production essentiellement de moyenne gamme qui ne peut être compétitif qu’en diminuant ses couts de production. D’où les délocalisations successives dans les pays où la force de travail ne coute pas cher.

Ce n’est pas en sortant de l’Euro que la nature du capitalisme français changera. La Grande Bretagne est sortie de l’Union européenne, le sort des salariés britanniques ne s’est pas amélioré pour autant et le pays n’est pas en cours de réindustrialisation.

Il faut sortir de l’idée que l’UE imposerait ses choix au Etats. Affirmer comme Jacques Sapir que « le Choix de rester dans l’euro est un choix essentiellement politique qui sous-tend un objectif implicite jamais présenté aux Français de dissolution de la Nation dans un cadre fédéral » n’est pas sérieux. Il n’y a pas de capitalisme sans Etat national. Le capital se contrefout de la Nation, mais pas de l’Etat national sans lequel il n’existerait pas. Pour qu’il y ait un Etat fédéral européen il faut que la compétition entre les entreprises et entre les Etats ait disparu, en clair que le capitalisme ait disparu.

Mais, le capitalisme, c’est par nature la compétition. Les Etats européens sont en compétition entre eux pour attirer le capital financier et industriel. Le crédit d’impôt recherche français avec ses 7 milliards en est un exemple. Il n’y a pas qu’une seule place financière en Europe, mais plusieurs qui sont en concurrence. Il n’y a pas de politique industrielle commune. Il n’y a pas de politique étrangère européenne, car chaque Etat a sa zone d’influence. Les discussions entre la France l’Allemagne et l’Espagne pour l’avion de combat successeur du Rafale sont particulièrement difficiles pour le partage de la propriété intellectuelle, le partage des taches, etc. De leur côté, la Finlande et la Belgique ont fait le choix du F35 américain, l’Italie du futur Tempest Britannique. La plupart des pays de l’UE préfère rester sous parapluie américain que d’avoir un politique européenne souveraine car elle poserait de facto la question de savoir quel (s) pays en sera (seront) le(s) leader(s). Pour qu’il y ait un Etat fédéral, il faut que tous les Etats soient solidaires entre eux, notamment au niveau financier, ce qui n’est pas le cas comme l’a démontré le défaut de paiement de la Grèce. Or tous les Etats de l’UE sont confrontés à leur dette qui ne cesse de progresser. Et ce problème est d’autant plus crucial pour ceux dont l’Industrie est insuffisamment développée. D’où les lignes de faille entre les Etats dits frugaux autour de l’Allemagne et ceux du Sud de l’Europe, la France occupant une position intermédiaire.

Contrairement au discours « bisounours » du secteur Economie et Politique du PCF, il ne peut pas y avoir un autre euro. Comme l’Euro n’est pas la monnaie d’un Etat, mais d’une association d’Etats, son avenir est lié au devenir de cette association. C’est à dire fédéralisme ou éclatement.

La solution n’est pas de sortir de l’Euro, car cela aura pour conséquence immédiate la dévaluation de la monnaie nationale. Elle est au niveau de la lutte de classe de chaque Etat.

Revenir aux monnaies nationales ne changerait rien à la faiblesse du capital français face à son concurrent allemand.

Le problème de l’euro (y rester ou en sortir) est jusqu’à maintenant particulièrement mal posé.

La monnaie est le rapport social par référence. L’euro marque la domination absolue du Capital en Europe. Il faut mettre fin à sa domination. Ceci se fera Etat par Etat par la lutte de classe.

La bourgeoisie doit être dégagée de la conduite de l’Etat. Pour que l’Etat ne soit plus au service du Capital, il faut que le gouvernement qui gère l’Etat ait la maitrise des flux de capitaux. Sans cette maitrise il est impossible de forcer le patronat à réinvestir en France. Cette maitrise ne peut être acquise avec une monnaie extérieure à l’Etat. Sans monnaie nationale, le gouvernement ne peut être en mesure de mener une quelconque politique économique. La Banque centrale nationale doit être sous le contrôle du gouvernement. Mais pour protéger la monnaie nationale de la spéculation, son cours doit être forcé. Sont alors posées les bases de la réindustrialisation et par la même du renforcement de la monnaie nationale.

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