Cette crise démocratique concerne en premier lieu le président de la république, pas seulement la personne de Macron, ni seulement le « président des riches », mais le statut même de la présidence dans la 5e république, le « président au dessus des partis » qui porte la voie de la France. Macron ne porte plus rien, cherchant désespérément un rôle international pour se donner une stature, mais simple agent de la finance, sans culture historique et politique, méprisant pour les pauvres, pour les travailleurs, et servile face aux capitaux. Comme représentant des premiers de cordées, il est incapable de construire un projet rassembleur pour la France. Il n’a été réélu que grâce aux divisions de notre peuple. Et surtout, le principe même d’un président « au dessus des partis » représentant un intérêt général national est totalement périmé, dans un monde d’interactions multiples, de transformations rapides.
Cette crise démocratique concerne aussi le parlement et les parlementaires. Une grande majorité populaire a voté en 2022 pour remettre en cause la réforme des retraites que l’opinion publique avait toujours largement rejeté, que le mouvement social avait contesté, sans pouvoir maitriser les violences des blacks blocs, sans déborder suffisamment au de-là de ses militants pour mettre en difficulté le pouvoir. Mais la majorité du parlement est très favorable à l’annulation de la réforme. Patatras, le NFP dénonce le projet de loi du RN qui refuse réciproquement de le soutenir face aux manœuvres macronistes pour empêcher le vote. Le parlement nous a montré qu’il ne pouvait pas voter une loi pourtant majoritaire !
Comme l’ont dit les communistes vénissians dans la manifestation du 5 octobre,« c’est pas à l’élysée, c’est pas à matignon, c’est pas dans c’parlement qu’on obtiendra satisfaction »... slogan connu de la CGT dans les manifestations, slogan très actuel !
Cette crise n’est pas seulement une crise d’en haut, une crise politique, qui pourrait trouver des solutions dans le cadre des institutions, elle est d’abord une crise de société, née d’une crise de structure d’un capitalisme occidental déclinant, confronté malgré le dollar et l’OTAN à la fin de sa domination mondiale. A chacune de ses grandes crises, 1873, 1929, 1973, 1993, 2008... le capitalisme a trouvé de nouvelles sources d’expansion pour absorber ses dettes et relancer l’accumulation et le profit. La colonisation et la domination du monde et de ses ressources ont joué un rôle essentiel. Mais le développement patient des BRICS, comme la crise climatique rendent impossible une nouvelle relance, ne laissant comme alternative qu’une guerre mondiale dévastatrice, pour les hommes et le climat, dans un rapport de forces militaires qui se dégrade pourtant lentement pour les USA et l’OTAN.
Dans ce contexte, la démocratie occidentale révèle sa vérité, elle n’est pas démocratique, elle ne peut pas donner la parole au peuple et surtout pas le pouvoir ! Car les peuples ne veulent pas la guerre, ils ne veulent pas l’aggravation des inégalités, ils veulent tous vivre dignement, tranquillement, pouvoir faire des projets et transmettre à ses enfants. La contradiction explose entre des oligarchies économiques toujours plus concentrées et arrogantes dans un monde massivement interdépendant dont les humains se parlent et se connaissent à l’échelle de la planète. Il va falloir s’en occuper vraiment et poser la question d’une autre société, d’une démocratie réelle, et il faut dire le gros mot qui fâche et que notre vie politique avait cru faire disparaitre... il faut une autre société que le capitalisme et l’histoire lui a donné un nom, le socialisme !
Vieux débat entre démocratie formelle occidentale et démocratie populaire que l’histoire est en train de trancher, toutes les formes de la démocratie occidentale sont dépassées :
– le modèle parlementaire allemand du consensus au centre éclate sous la violence de la crise énergétique qui révèle l’impasse de la transition énergétique allemande, de la crise migratoire qui croyait accompagner la puissante industrie allemande désormais en perdition, de la poussée de l’extrême-droite qui s’installe comme un fantôme de retour.
– le modèle présidentiel états-uniens de l’alternance institutionnelle dans l’équilibre des pouvoirs cède sous les milliards écrasant tout débat démocratique de publicités, vulgarités, racismes, machismes les plus vils, transformant les milieux populaires en hooligans des oligarques, divisés dans le délire des innovations sociétales.
– le modèle français d’une constitution entre parlementarisme et présidentialisme qui devait assurer l’unité du pays dans une confrontation politique au service d’un intérêt général, la 5e république est à bout de souffle, incapable de construire une majorité autour d’un homme providentiel, son parlement perdu dans des polémiques politiciennes sans fin. Macron s’en amuse, lui qui dans quelques mois pourra marchandiser son passage à l’Elysée en conférences et communications pour les élites.
Dans la mue, le serpent est aveugle écrivait dans un livre l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors, le créateur du statut de la fonction publique territoriale en 1982, qui affirme aujourd’hui que « Le capitalisme n’a pas le pouvoir d’empêcher l’unité de destin du genre humain » .
Il faut sortir des polémiques politiciennes électorales, l’urgence n’est pas ce qui se passe en haut, mais notre capacité à reconstruire l’unité en bas, faire reculer le racisme et l’individualisme, reconstruire un large rassemblement populaire porteur de solidarités, de services publics, et donc d’un socialisme aux couleurs de la France pour le XXIe siècle.