Leur drapeau portait les insignes d’une république universelle

, par  Gilbert Remond , popularité : 2%

"la pensée d’un mouvement ne se génère qu’avec et après lui : elle est libérée par des énergies créatrices et l’excès du mouvement lui-même. Ce sont les actions qui produisent des rêves et des idées et non l’inverse."

Christine Ross

"Qu’est-ce la commune ?, ce sphinx qui tracassait si fort l’entendement bourgeois ? tout simplement, c’est la forme sous laquelle la classe ouvrière prend le pouvoir politique dans ses places fortes sociales, Paris et les autres centres industriels"

Marx

La commune est l’antithèse directe de l’empire. Elle survient après la catastrophe militaire de Sedan alors que nul ne l’attendait. Les fiers régiments de napoléon allaient fondre pendant cette" Débâcle" , devant la force de la Prusse conquérante et disciplinée laissant la France sans défense pour la contenir. Le siège de la ville de Paris abandonné de ses classes dirigeantes sera le deuxième épisode de la fin calamiteuse de l’aventure bonapartiste. La France officielle passait alors de la défense à la défection nationale ." Sa perspective du monde étant celle d’un œil de Bœuf" ses devoir ne faisaient pas long feu devant ses intérêts de classe.

Devenue soudainement républicaines par la grâce de Thiers qui dans un traquenard électoral faisait élire une sorte de chambre introuvable, elle décidait le désarment de Paris et de sa garde nationale à l’aube du 18 mars 1871. Les capitulards bonapartistes retrouvant leur courage, alléguait soudainement un suffrage universel auquel ils s’étaient toujours opposés sous leur propre régime, venaient sur de leur fait pour s’emparer des canons de Montmartre mais le peuple de Paris qui s’était débarrassé de l’institution militaire durant le siège et s’était organisé dans la garde nationale s’y opposa donnant le départ de ce que nous connaitront sous le drapeau de la commune de paris "Portant sur son visage les traces de sa longue famine, sous la menace même des baïonnettes prussiennes, la classe ouvrière s’élan(çait) d’un bond à l’avant garde du progrès" (Marx- la guerre civile en France).

Allié au peuple parisien, elle déclarai la commune pendant que la réaction se retirait à Versailles où elle ira préparer la reconquête de la capitale par la force et la terreur avec l’aide de l’ennemie d’hier, qui soudainement rabiboché lui remettait a disposition les cent mille hommes fait prisonnier par ses troupes quelques mois plus tôt. Ce sera pour solde, la semaine sanglante et les trente milles fusillés, le mur des fédérés et les déportations massives.

Dans un texte consacré a sa mémoire Lénine écrivait "La classe ouvrière, n’avait ni préparation ni long entrainement et dans sa masse elle n’avait pas une idée très claire de ses taches et des moyens pour les réaliser". Il lui manquait un parti politique de classe, des organisations de masse et du temps pour appliquer son programme. Mais le spectacle de sa lutte héroïque et l’image du gouvernement ouvrier qui pendant deux mois feront de cette place, la capitale du monde, resterons à jamais le récit en acte d’une alternative crédible au capitalisme. Cette histoire enflammera l’esprit de millions d’ouvriers qui reprendrons espoir pour une autres condition, une autre vie . Leur
sympathie pour le socialisme s’en trouvant agrandie .

Il en devenait ainsi parce que sa cause était celle de la révolution sociale, de l’émancipation totale des travailleurs et du prolétariat dans une lutte universelle. Lénine verra en elle un de ces moments historiques qui changent définitivement le regard que l’on porte sur le monde. C’est pourquoi il concluait son texte en dépits des critiques qu’il avait émis en le débutant pour dire sa certitude que "l’œuvre de la commune n’était pas morte", qu’elle" vivait dans le présent en chacun de nous".

Qu’était donc cette commune, indépendamment qu’être le" sphinx" qui tracassait si fortement l’entendement de la bourgeoisie ? Tout simplement la forme sous laquelle la classe ouvrière de Paris et de quelques autres centres industriels, prenait le pouvoir la où elle était concentré, comprenant devant l’incurie générale et la trahison de la classe
dirigeante, qu’il était de son devoir impérieux de le faire et de son droit absolu de prendre en main ses destinés . C’est pour cela , qu’il lui fallait prendre le pouvoir politique comprenant comme Marx l’expliquait dans "la guerre civile en France" qu’elle ne pouvait se contenter de prendre telle quelle la machine d’état et de la faire
fonctionner pour son propre compte, comprenant que l’instrument politique de son asservissement ne pouvait servir comme instrument politique de son émancipation. Elle apprendra dans les fait et avec elle ce sera tout le mouvement ouvrier qui profitera de l’expérience, que s’il existe une condition pour conserver le pouvoir politique, c’est a
celle de transformer l’appareil existant , de détruire cet instrument de domination de classe.

Mais il y eu le mouvement et les énergies qui s’en sont dégagé, leurs actes, les idées et les rêves qu’ils ont permis et qui se sont colportés dans l’imaginaire des révolutions à venir. La commune loin d’avoir été cet objet froid qui prend place dans les panthéons de la république pour mieux se figer dans la statuaire et les cérémonies mémorielles de notre modernité, fut un laboratoire d’intervention politiques, bricolées a partir du passée. Elles n’en étaient cependant pas moins des créations repensées par les besoins du moment, emmenées sous le drapeau de la république universelle qui avaient pour promoteur de "grand chasseurs d’étoile" décidés à marcher dans la lumière après que les privilèges de l’or et de la naissance les aient condamné à l’ignorance et l’esclavage salarié . Le système dans lequel ils avaient vécu reposait
fondamentalement sur l’aliénation de l’individu, quoi de plus réaliste dans ces conditions que de rompre avec lui dans le sens de l’émancipation individuel et collectif !

L’ imagination de la commune privilégiait l’autonomie locale dans un horizon internationaliste, ce qui la plaçait dans un niveau supérieur a toutes les révolutions qui l’avait précédé et engageait les générations à venir qui voulaient continuer son idéal a lutter pour une société nouvelle dans laquelle ne serait ni maîtres par la naissance, le titre ou l’argent, ni asservis par l’origine la caste ou le salaire.

Ainsi elle remplaçait l’ armée permanente, par le peuple en arme, donnait a l’instruction public un caractère laïque ouvert aux filles comme au garçon, imposait l’interdiction du travail de nuit pour les boulangers et les systèmes d’amendes contre les ouvriers , l’égalité salariale entre hommes et femmes. Elle rendait un décret dont on aurait bien besoin aujourd’hui, "en vertu duquel toutes les fabriques, usines et ateliers abandonnés ou immobilisés par leur propriétaires étaient remis aux associations ouvrières qui le referaient fonctionner. Enfin elle décidait d’un traitement plafond pour les fonctionnaires de l’administration et du gouvernement qui ne pouvait dépasser 6000 franc par ans.

La France officielle, celle des manuels scolaires, des médias sous influence et des célébrations nationales, s’est toujours gardé de rendre hommages à ceux qui s’étaient haussé au dessus de la condition décidé par ses institutions sociales et économique et que pour ces raisons elle avait férocement punie, fusillant 30 000 d’entre eux, emprisonnant ou déportant 100 000 autres, écrasant la masse restante par ses lois, sa
police et l’occupation militaire quand l’une où l’autre ne suffisaient pas .

Quand elle n’exorcise pas l’occurrence même de ces journées de" temps des cerises" en les effaçant, elle les noie dans un préchi-précha républicain fait d’imprécisions et de manipulations. Elle souhaite l’oublie, mais se vautre le plus souvent dans le déni. Si la république une fois assuré de son triomphe à concédé en 1880, l’amnistie des communards , jamais elle n’a tenu a les réhabiliter ni moins encore, intégrer leur expérience dans l’imaginaire national .Le front populaire ou la libération seront mieux traité et finalement nationalement reconnu malgré l’effroi suscité en leur temps. La commune et son programme avaient été trop radicale, dans ses intentions comme dans ses mises en actes. Elle n’avait surtout pas l’intention de se laisser détourner de
ses objectifs. Ayant pris le pouvoir elle l’avait mis sous le contrôle démocratique des masses en effervescence. Cela ne pouvait pas lui être pardonné.

Les femmes ont été particulièrement actives durant toute la période de la commune, allant jusqu’à prendre place sur les barricades pour faire le coup de feu la dernière semaine pour aux côté des hommes pour s’opposer à la progression des armées versaillaises. Elles s’étaient s’organiser dans des structures qui leur étaient propres telles que "l’union des femmes" et développaient leur propres revendications. L’une d’entre elle Louise Michel nous est plus particulièrement connue. Son courage et sa ténacité ont fait d’elle une guerrière, une héroïne, connue et célébrée dans le monde entier. Elle sera la grande dame de la commune. Nos hagiographies ont besoin de figures de proue. Elle, de son côté, n’avait pas cette prédilection. Elle a cependant a bien voulu servir de porte parole, pour toutes celles qui restaient invisibles. Pour autant les femmes du temps de la commune furent nombreuses a prendre elles aussi la parole. Elles furent nombreuses a s’engager parmi "les Chasseurs d’étoile".

Gilbert Rémond

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