Mais quel est ce faux débat mis en scène autour d’un président au milieu d’une salle avec une petite centaine de (...)
Lettre de protestation d’un jeune adhérent (Paris 19) à l’Humanité
Courrier envoyé ce matin par messagerie électronique à Patrick Apel-Muller, Patrick Le Hyaric, à la rubrique "Politique" de l’Humanité, ainsi qu’au courrier des lecteurs.
Madame, Monsieur, Chers camarades,
C’est avec gravité que je prends le temps de vous écrire, pour vous faire part de mon mécontentement quant au contenu de l’Humanité depuis plusieurs semaines. J’en suis abonné depuis mon adhésion au Parti Communiste en 2004, et j’ai financièrement contribué au lancement de l’Humanité Dimanche, sans compter mes multiples participations aux souscriptions, ainsi que mon implication, chaque samedi, au poste de vente militante de ma cellule dans le 19e arrondissement de Paris. A l’instar de milliers d’autres communistes, je vois l’Humanité comme un journal de combat et comme l’outil des communistes ; je me sens pleinement concerné par l’affirmation située sur le site internet : "Le seul groupe de presse qui appartient à ses lecteurs".
Pourtant, j’ai l’amère impression que, de ses lecteurs, ce journal est passé aux mains de Jean-Luc Mélenchon. Depuis le mois de janvier au minimum, vous relayez sans retenue sa personne, sa politique et son parti ; la politique de la direction du parti est (re-)devenue votre seule ligne politique. Vous prétendez traiter l’information "sans un gramme de pensée unique" et pourtant, dans le contexte de désignation du candidat du Parti Communiste et du Front de gauche, vous ne nous offrez que le spectacle monotone d’un soutien massif à votre ancien collègue, Pierre Laurent. L’Humanité du vendredi est dite "des débats" ; hélas, pas plus que la direction du PCF et son appareil, vous n’avez organisé le débat. Comment comprendre que vous soyez en mesure d’organiser des débats avec des intellectuels, et ne le soyez pas d’une table ronde avec les quatre (puis trois) candidats à la candidature ? Il a fallu la volonté des militants pour que, par exemple, des débats, de très haute tenue, se tiennent entre André Gérin et André Chassaigne, qui ont redonné de l’enthousiasme à tous les assistants présents. L’Humanité se serait distinguée par une attitude moins verrouillée, en publiant, par ailleurs, les tribunes des différents contributeurs, en publiant les adresses aux communistes d’André Chassaigne, les tribune écrites par Nicolas Marchand et ses amis, en donnant plus largement la parole à André Gérin et Emmanuel Dang-Tran, en organisant, bref, le débat contradictoire ; vous ne sortez pas grandis de ne pas l’avoir fait.
Pour la première fois depuis mon adhésion au PCF, j’ai le sentiment de me retrouver dans la situation du référendum de 2005, à ceci près que le média auquel je faisais confiance jusqu’à aujourd’hui, l’Humanité, endosse le rôle joué à l’époque par les médias dominants, en ne diffusant qu’une seule ligne et en infantilisant ses lecteurs. Vous condamnez avec force les régimes antidémocratiques ne permettant pas l’expression libre de leurs citoyens ; j’ai le regret de voir qu’ils vous ont hélas servi de modèle dans le bâillonnement de la parole. Mais comme vous êtes de fins politiques et que vous agissez en toute connaissance de cause, vous avez, hier, sans doute pour parer à ce genre de critique, fait la Une sur la nature "Indispensable" de votre journal. Il l’est, sans conteste ; mais cela ne justifie en rien son orientation univoque sur cette question cruciale, tant pour le PCF que pour la France, que par ce qu’elle révèle du fonctionnement interne du Parti Communiste.
Vous comprendrez, dès lors, que je ne répondrai pas, cette fois, à la souscription lancée par votre journal. Je m’en fais une trop haute idée pour vous donner quoi que ce soit qui pourrait vous encourager à poursuivre sur la même ligne.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, chers camarades, l’expression de mes très fraternelles salutations.
JC