Le système est insupportable : y a-t-il une alternative ? Par Guillermo Almeyra

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Ce texte dit des choses qu’une grande partie d’entre nous partagent, il nous vient d’Amérique latine et à ce titre, il faut être attentif à la petite phrase qui commente les revers actuels des systèmes progressistes ; leur stagnation par rapport aux exigences populaires favorisent leur affaiblissement par rapport aux offensives impérialistes. L’Amérique latine vient de faire l’expérience bolivarienne, une des plus avancées depuis la chute de l’URSS, mais il semble qu’elle soit entrée dans un nouveau cycle, une contre offensive de l’impérialisme, des coups d’État sophistiqués où l’on conserve encore la façade institutionnelle pour renverser les gouvernements progressistes, une pseudo alternative électorale mais qui risque de déboucher sur des crises violentes d’un peuple qui n’en peut plus. L’auteur de l’article est donc sensible à ce moment crépusculaire de la contre révolution, ses aspects mondialisés. Il s’interroge et nous aussi sur la méthode.

Il propose de multiplier toutes les luttes anticapitalistes possibles, accompagnées d’un travail culturel lié à la conscience du caractère destructeur du système mondial, une sorte de rappel du « agir local et penser global ». Oui le constat est plus ou moins juste, mais la véritable question est le « comment faire ? » Quel point d’appui et quel levier ? Le local de l’action et le global de la conscience ? Quelle forme d’organisation est susceptible de mettre en œuvre une telle dialectique au niveau des masses ?

Est-ce que l’on peut articuler cette nécessité d’agir local pour recréer dans les luttes une solidarité de tous et en particulier des principales victimes, et dans le même temps, développer cette conscience globale de la nécessaire fin d’un système sans des partis politiques au plan national, mais aptes à recréer les conditions d’une solidarité internationale dans la défense de la paix ?

Il est clair qu’il n’existe pas, comme le dit l’auteur, de partis aptes à mener ce travail ; tous sont pris dans un électoralisme qui les soumet au capital. Le cas le plus caricatural est celui des partis verts qui théoriquement sont destinés à faire face à un danger qui menace l’espèce et qui s’enfoncent dans les pires manœuvres politiciennes qui se puissent imaginer. Les partis communistes depuis la chute de l’URSS ne paraissent pas plus en état de mener un tel combat, affaiblis au plan national, émiettés au plan international ; sont-ils en capacité de faire face au double danger dont l’article dit avec lucidité qu’il menace l’espèce ? Envisager qu’il puisse surgir de rien, simplement des luttes locales, la forme d’organisation collective apte à mener cette tâche paraît illusoire. Et pourtant ce sont les questions de l’heure… Une course de vitesse semble enclenchée. (note de Danielle Bleitrach)

El sistema es insostenible : ¿hay alternativa ?

A la piètre performance de l’économie chinoise et la rapidité avec laquelle diminuent les réserves de la banque centrale de ce pays, s’ajoute le désastre causé par la chute des prix à l’exportation en Russie et au Brésil, en Argentine, en Afrique du Sud, au Venezuela et dans les pays africains, en Asie ou en Amérique latine, exportateurs de pétrole et de gaz ou de matières premières minérales et agricoles. Pour compléter ces perspectives économiques, l’Union européenne stagne et est en crise politique, comme le Japon et les États-Unis, dont la croissance économique ne suffit pas pour compenser la croissance démographique et équivaut donc donc à une baisse du PIB par habitant.

La menace d’une longue récession similaire à celle qui a débuté en 2008 est accompagnée d’une gravissime crise écologique mondiale (réchauffement climatique, réchauffement de la mer, l’émergence et le développement dans les anciens pays tempérés de maladies tropicales, et l’aggravation des sécheresses, des inondations, des ouragans, des tornades et des cyclones dans le monde entier). Par ailleurs, la victoire de la Russie et la résurrection de l’armée syrienne contre l’État islamique et contre l’opposition soutenue par l’Arabie saoudite, les Émirats, les États-Unis et la France qui se profile à l’horizon causerait de tels changements dans le rapport des forces au Moyen-Orient qu’Israël et les États-Unis pourraient être tentés par une aventure militaire (une attaque sur la Syrie, l’Iran ou même contre la Russie), le déclenchement d’un conflit mondial aux terribles proportions (La Corée du Nord vient de lancer avec succès une fusée intercontinentale qui pourrait larguer des bombes sur le Japon et les États-Unis).

L’actuelle aggravation mondiale des conditions économiques déjà désastreuses, pourrait faire apparaître une augmentation brutale des tensions sociales et de la lutte des classes que nous annonce la croissance des partis racistes, xénophobes, d’extrême droite en Europe pour une part, et d’autre part, les tendances de la gauche radicale au Royaume-Uni, au Portugal, en Espagne, ou de centre-gauche, qu’exprime Bernie Sanders aux États-Unis, ou les luttes qui cherchent à surmonter les freins des "gouvernements progressistes" en Amérique latine.

Le capitalisme n’est pas éternel. Il est le résultat d’un processus historique. En tant que système, il a seulement 600 ans et sa diffusion mondiale sans entrave jusqu’à la fin du XIXème siècle. Comme tout ce qui existe, il va mourir.

Mais il ne meurt pas par lui-même, alors que se reproduit par la domination idéologique, renforcée par ses médias, et aussi par tous les gouvernements et les partis de masse, sans exception, qui se présentent à nous comme naturels et parfois "socialistes", le système salarial -c’est-à-dire l’exploitation capitaliste-, et qu’ils identifient l’échange de marchandises et le marché (qui existent depuis les premières hordes errantes) avec la production de biens pour le marché et la transformation de la force de travail en marchandises, propriété du seul capitalisme.

Pour enterrer un système insupportable et de plus en plus destructeur, d’une part, il est nécessaire de développer des formes de résistance pré-capitalistes ou anti-capitalistes qui surgissent dans les luttes (communautarisme, solidarités de tous types, expériences d’autogestion, de défense collective des ressources naturelles) et, de l’autre, aller au-delà de la lutte défensive contre les effets du système capitaliste (la corruption, la répression, la réduction des revenus réels, la criminalité organisée, la guerre) pour développer la conscience que le système ne peut pas être réformé. Une organisation consciemment anti-capitaliste qui s’appuie sur la compréhension de masse (inexistante aujourd’hui) de ce qu’est le système est également nécessaire.

Nous sommes dans la barbarie et dans la perspective que le système fonctionne sur les bases matérielles et sociales de la civilisation et aille vers une hécatombe bien pire que les précédents 1914-1918 et 1938-1946. Si nous ne construisons pas le dépassement du capitalisme, avec l’action et la diffusion des connaissances, les deux options pourraient être terribles : une grande catastrophe écologique qui provoquerait des famines généralisées ou une guerre nucléaire intercontinentale, avec des conséquences incalculables plus tard. Les deux détruiront d’immenses richesses et une grande partie de l’humanité et brutalement aliéneront les possibilités de dépassement du capitalisme.

Pour cela, l’appeler socialisme ou non, est possible seulement s’il existe à une échelle mondiale, la civilisation avancée, l’abondance, la richesse. Aujourd’hui il y a l’exemple du Vietnam pour montrer que cela ne suffit pas : la lutte la plus ferme et résolue contre l’oppression, a besoin de la base matérielle, de la culture et de la richesse qui permettent de guérir les blessures de la guerre impérialiste et de produire un régime démocratique qui ne dépend pas d’une minorité qui "sait" et commande bureaucratiquement ou sous l’empire du "marché".

L’option est là : vivre et manger comme ce que veulent les capitalistes ou briser les chaînes de la résignation, de la soumission, de l’ignorance, de l’acceptation naturelle d’un système d’exploitation et de domination dont la force principale est qu’il contrôle les têtes de ceux qu’il opprime.

Levez-vous, levez-vous, défendre la dignité humaine est un devoir politique et moral si nous voulons éviter la fin notre espèce ou un déclin social pour des millénaires. La solidarité doit remplacer la quête du profit qui pèse sur tout le monde ; la fraternité devrait remplacer l’égoïsme aveugle et l’ "après moi, le déluge" ; la conscience d’appartenir à une seule espèce doit se substituer au chauvinisme, au racisme, à la xénophobie. Nous sommes tous des Indiens, des femmes, des homosexuels, des juifs, des Palestiniens, des Noirs, des immigrés, parce que personne n’est libre tant que ceux-là sont opprimés.

Comme le chante l’hymne appelé l’Internationale : il n’y a pas de sauveurs suprêmes. La libération des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes organisés indépendamment des états, des parti capitalistes ou des églises.

Le système est insupportable y a-t-il un moyen d’en finir ?

Guillermo Almeyra

Voir en ligne : Traduit de l’espagnol par Danielle Bleitrach pour histoireetsociete

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