Ukraine
Le régiment néonazi Azov lance une campagne de recrutement en France !

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Des utilisateurs du réseau social Twitter ont commencé à s’inquiéter de la diffusion d’une propagande de recrutement sur le sol français de mercenaires pour rejoindre le célèbre régiment néonazi Azov. Jusqu’ici l’affaire n’est évidemment pas nouvelle, car le régiment Azov qui n’était alors qu’un bataillon recrutait déjà en France depuis l’année 2014 (notamment avec le combattant oustachi français, Gaston Besson aujourd’hui décédé). Ce recrutement se faisait alors dans les rangs de groupuscules identitaires français, organisations souterraines fascistes, néonazies, ultranationalistes et dans les rangs de fans ultras de football. Les internautes signalent depuis quelques jours ce recrutement sur Twitter, via un contenu sponsorisé par le site Azov-france.fr, mis en place par des extrémistes néonazis français après l’opération spéciale russe. Plus grave encore est la distribution de tracts dans les rues de Paris, signalée aussi par des citoyens français ces derniers jours. Le tract incite les gens à « choisir le camp du bien », et à s’enrôler car « défendre l’Ukraine c’est défendre la paix dans le monde ». Il incite donc les futurs volontaires à se rendre sur le fameux site web, avec un e-mail de contact du nom de recrutement@azov-france.fr.

Le bataillon Azov, l’hideux visage des bourreaux du massacre de Marioupol.

Massacre de Marioupol ? Vous n’en avez pas entendu parler ? Et pour cause car les médias occidentaux et français ont caché son existence. L’affaire commença dans le contexte explosif du Maïdan en Ukraine (hiver 2013-2014). Le coup d’État financé par les USA ayant réussi, entraîna de graves troubles dans tout le pays, et plus particulièrement dans le centre, le Sud et l’Est du pays. Mi-mars, le Parlement autonome de la Crimée, entité officielle créée avec l’Ukraine en 1992, organisa un référendum qui acta le retour de la péninsule au giron russe. Début avril 2014, des militants anti-Maïdan prirent d’assaut le bâtiment administratif de la région de Kharkov et proclamèrent une République populaire de Kharkov, appelant à se séparer de l’Ukraine. La révolte fut écrasée par des militants néonazis menés par Andreï Biletsky, qui fut ensuite le créateur du bataillon Azov. Ils furent appuyés par des sbires de la police politique ukrainienne, le SBU, et par des agitateurs et émeutiers des compagnies d’autodéfense du Maïdan, conduits en transports en commun de toute l’Ukraine jusque dans la ville. L’Ukraine s’enflamma alors, avec des répressions et assassinats de pro-russes, Russes ethniques dans différentes villes, notamment à Dniepropetrovsk, avec l’arrestation et parfois le meurtre de militants syndicalistes, communistes et du Parti des Régions de l’ancien président Ianoukovitch. D’autres répressions eurent lieues, à Kiev, à Zaporojie, puis dans l’horrible massacre d’Odessa (2 mai 2014). A cette date le Ministère de l’Intérieur ukrainien ordonna l’envoi de centaines de militants bandéristes et néonazis, dans le grand port du Sud, où une résistance anti-Maïdan s’organisait. Environ 1.500 fanatiques s’attaquèrent au camp de fortune des militants pro-russes, puis massacrèrent dans la Maison des Syndicats et dans la ville une centaine de personnes (officiellement 47 dans la Maison des Syndicats), mais le nombre des victimes est à ce jour encore inconnu et un secret bien gardé par l’Ukraine. Dans le Donbass, un mouvement de création de deux nouvelles républiques populaires se propagea à la vitesse du vent. Les insurgés républicains organisèrent des référendums dans quasiment toutes les villes, notamment et surtout à Donetsk, Lougansk, Gorlovka, Artëmovsk, Liman, Debaltsevo, Enakievo et Marioupol. Les républicains s’emparèrent justement de Marioupol, à l’occasion de la fête de la victoire contre l’Allemagne nazie, qui avait été déclarée illégale en Ukraine (9 mai), puis le référendum fut organisée avec une participation massive dans tout le Donbass (11 mai). La population ayant voté pour, à une majorité écrasante, furent alors fondées les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk (RPD, RPL). Chassés de Marioupol et de toutes ces villes, le régime de Kiev lâcha dans le Sud une colonne, avec le bataillon nouvellement créé Azov, mais aussi d’autres bataillons néonazis et bandéristes (dont Dniepr-1).

Azov, l’armée privée d’Avakov dégoulinante de sang.

Les massacres commencèrent immédiatement à la reprise de la ville de Marioupol (13 juin 2014), se poursuivant par des centaines d’arrestations dans les mois suivants, l’un des bourreaux a même raconté son expérience. Par la suite, je pus récolter des témoignages de survivants, qui furent torturés et emprisonnés, puis échangés ou qui purent s’enfuir. Notamment ceux d’Oleg, de Vitali ou de Dmitri. A ce jour, le massacre de Marioupol est estimé entre 200 et 600 victimes, et les témoins de l’époque m’ont aussi signalé l’emplacement de fosses communes, de caves du SBU où étaient torturés et exécutés les victimes, et où nous nous sommes rendus en compagnie du Père Théophane en 2022. Le bataillon Azov participa activement à ces répressions et tueries, et poursuivi ensuite son œuvre de mort en tentant de s’emparer de Donetsk. Une partie de l’unité fut engagée dans la bataille de Mariinka, la clef Sud de la grande capitale du Donbass (juillet), puis s’enfonça dans le territoire insurgé durant la bataille des frontières (août-septembre). Les troupes ukrainiennes et Azov furent vaincus dans une bataille restée mémorable, qui conduisit à la catastrophe du chaudron d’Ilovaïsk. Par la suite le bataillon fut encore impliqué dans la bataille de Shirokino (février 2015), et resta ensuite cantonné sans bouger à Marioupol et dans la région de Granitnoe et Volnovakha (2015-2022). Le bataillon fut transformé en régiment et devînt une unité légendaire en Ukraine, dont la réputation se répandit partout dans le monde. Étrangement, alors que l’unité dépendait du Ministère de l’Intérieur et avait une valeur militaire faible, son aura, via la propagande massive qui fut déployée dans le pays, la conduisit au statut de légende, et ses combattants furent considérés comme les meilleurs d’Ukraine. Il forma jusqu’en 2021, et la chute du Ministre de l’Intérieur Avakov, son armée privée, et s’illustra dans des scandales sordides de corruptions, d’assassinats politiques (dont Sheremet), d’émeutes ultranationalistes à Kiev (notamment en août 2015), mais aussi de trafics douteux (vols des biens des victimes et des « terroristes » russes, racket, ventes illégales de voitures volées aux mêmes victimes, etc.).

La conférence néonazie d’Azov dans la ville de Nantes en 2016.

La propagande d’Azov en France ne date pas d’hier, car je fus informé à la fin de l’année 2015, de l’organisation d’une conférence néonazie dans une salle louée de la municipalité de Nantes. A l’époque des citoyens de la ville prirent leurs responsabilités, et ne sachant que faire, me contactèrent pour l’écriture d’un article qui serait envoyé à la maire socialiste Johann Rolland (en place depuis avril 2014). La conférence annonçait la venue d’un mercenaire français jamais clairement identifié, et usant du pseudonyme de Thibault Dupire, qui défraya un temps la chronique, avant de partir avec d’autres néonazis locaux servir comme mercenaires en Syrie (vers 2016-2017). L’article que je rédigeais à cette époque se terminait par les mots suivants : « Les Français qui ont servis dans ce régiment ont également laissé assez de traces et témoignages notamment dans "le plaisir" qu’ils ont eu à bombarder les civils du Donbass, pour que de prochaines actions en justice soient bientôt lancées contre ces criminels de guerre qui en toute impunité donnent désormais des conférences payantes dans notre pays. La ville socialiste de Nantes ainsi que les autorités locales apprécieront certainement l’information que dans leurs murs "la bête immonde" citée par Bertold Brecht en 1941 après avoir fui l’Allemagne nazie en 1933 et avoir été déchu de sa nationalité en 1935, prospère dans leur région. Il serait intéressant également de connaître la destination des fonds qui seront récoltés si cet événement déshonorant pour la France avait lieu. L’événement est annoncé avec fierté par des activistes de l’Ukraine brune de Porochenko, pourtant jusqu’à présent restés dans la mesure acceptable mais qui se radicalisent assurément au fil des mois. Habitants de Nantes, Bretons, citoyens de France, fils et petits-fils de maquisards, nous comptons sur toutes les bonnes volontés pour que vous fassiez votre devoir et signaliez aux autorités compétentes et à la Mairie, la tenue d’une réunion néonazie où sera faite l’apologique de criminels de guerre par-dessus le marché contre argent sonnant et trébuchant. Que chacun fasse son devoir en son âme et conscience, pour ma part mon choix est clairement fait depuis fort longtemps : je suivrais les traces de mon grand-père, Gaston, modeste FFI des maquis de l’Ain, faisant que leur combat n’ait pas été inutile ». L’appel fut entendu par la maire de Nantes, qui ordonna l’annulation de la location de la salle. Je reçus alors des dizaines de messages, de menaces de mort, notamment celle d’un Corse me décrivant avec délectation comment il allait m’assassiner, me dépecer et donner mon cadavre à manger aux sangliers du maquis corse… Sur Facebook, les néonazis locaux annoncèrent que la conférence s’était tenue dans un lieu secret et privé (16 janvier 2016), et les brutes déclarèrent qu’ils étaient armés et attendaient « les enculés de Rouges pour leur faire la peau ».

Une campagne de recrutement en France !

Avec le support officiel du Président Macron et du gouvernement français à l’Ukraine, les néonazis français agissent en toute impunité. Nous en sommes donc rendus là, la distribution de tracts pour le recrutement du régiment Azov en plein Paris… La ville qui se libéra de l’occupation nazie en août 1944, dans ce moment historique que nous connaissons tous. La presse française s’est acharnée, dans un mouvement presque d’ensemble, à magnifier le régiment Azov « comme des combattants de la Liberté », et du « martyr de Marioupol »… en crachant littéralement sur les victimes de la ville massacrées en juin 2014, justement par cette unité. Des grands médias français comme TF1, LCI, BFMTV, Le Monde (pour ce journal, le bataillon était nazi en 2014… mais ne l’était plus en 2022 !) et tant d’autres sont venus à la rescousse pour gommer l’accointance nette et visible d’Azov avec le néonazisme et le bandérisme. Forts désormais de cette impunité quasi totale, le résultat est là, et l’on verra peut-être bientôt l’ambassade d’Ukraine à Paris ouvrir un bureau de recrutement ! Le régime honni de Vichy fit d’ailleurs la même chose en autorisant le recrutement de SS français pour la formation de la Brigade Frankreich, puis de la 33ème division SS Charlemagne. A quand un réveil des Français, de politiciens responsables et d’organisations et associations civiles et civiques ?

Laurent Brayard
pour Donbass Insider

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