Mais quel est ce faux débat mis en scène autour d’un président au milieu d’une salle avec une petite centaine de (...)
Le coup de marteau de Noël Zicchina sur le Front de gauche
Paru le vendredi 4 juin 2010 dans Corse Matin
Noël Zicchina fait partie de ces communistes qui dénoncent la stratégie d’effacement du PCF au sein du Front de gauche.
Des communistes critiquent le Front de gauche. La démarche peut surprendre et le débat est pour le moins inattendu à l’heure où le président de l’assemblée de Corse porte haut le rouge. Et pourtant, des voix dénoncent la « stratégie d’effacement du Parti communiste au profit du Front de gauche ».
S’agit-il d’un coup de faucille dans l’air ? En fait, des communistes insulaires se veulent le relais d’une grogne nationale qui s’amplifierait sur le sujet. Certains communistes « sincères » affichent leur désaccord avec les instances. Noël Zicchina, l’homme à l’écharpe rouge, fait partie de ces militants « déçus » par l’« alliance électorale » lancée en 2008. « C’est quoi le Front de gauche ? Une nouvelle force politique ? Un mouvement ? Autre chose ? Moi, j’appelle ça "la Cosa". Le Front de gauche n’existe pas... », tranche Noël Zicchina.
Membre du comité départemental de la fédération du PCF de Corse-du-Sud depuis 1972, secrétaire général de la CGT de Corse-du-Sud de 1989 à 2000, Noël Zicchina est partisan d’une ligne plus marxiste. « Plus claire », avance-t-il. « Nos dirigeants laissent penser que le parti n’est plus crédible... Et ce n’est pas une spécificité corse. Il y a une volonté délibérée de se cacher derrière un sigle : le Front de gauche. Alors que dans l’île, "la Cosa", n’est constituée que d’une seule force politique : le PCF », s’indigne-t-il.
Préférant le débat d’idées au conflit des hommes, ce communiste de la première heure se bat pour sauver la structure : « Ici plus qu’ailleurs, le Parti communiste ne sert qu’à amener des voix au Front de gauche ».
Il demande le report du congrès national
Noël Zicchina, comme une trentaine d’autres militants insulaires, refuse que le PCF devienne un outil pour les élections. Il estime que le parti doit se recentrer sur son identité. Revenir à des fondamentaux : la lutte des classes. « Je faisais partie des militants qui souhaitaient que le PCF mène sa liste aux territoriales. Une liste ouverte à des progressistes, syndicalistes, mouvements associatifs sur un contenu anti-capitaliste. Je n’ai pas été écouté. Je me suis donc mis en congé du parti », confie le syndicaliste, regrettant l’effacement du PCF « jusque sur le bulletin de vote ». « Depuis, il n’y a plus eu de débat dans la structure. Il n’y a eu aucune transparence sur la réunion et les accords de Venaco, mais aussi sur le contenu politique du programme de Paul Giacobbi... Ce contenu a permis de satisfaire les besoins des élus, non ceux des citoyens ». Et d’ajouter : « On a gagné les élections, en effaçant le PCF ». Félicitant la nouvelle majorité à l’assemblée de Corse, il assène cependant : « Je ne connais pas le contenu du projet commun pour faire une véritable politique de gauche en Corse. J’en appelle à la lutte... Pour les aider... ».
Pourquoi ces communistes montent au créneau aujourd’hui ? « Je m’appuie sur la déclaration des secrétaires fédéraux qui demandent le report du congrès national prévu les 18, 19 et 20 juin prochains à La Défense. Ce congrès devrait permettre d’adopter une feuille de route sur les transformations de notre parti. II a pour but d’institutionnaliser le Front de gauche. Dans ce texte, l’effacement du PCF est mis en évidence. Je pense qu’il est nécessaire de retarder ce congrès, afin de permettre l’implication réelle des communistes ».
Absent de Corse jusqu’au 15 juin, Noël Zicchina a adressé des courriers tous azimuts la veille de la conférence fédérale du PCF de Corse-du-Sud (prévue le 5 juin). Des missives cinglantes. Aux membres du comité départemental, il écrit : « Je pense que l’appellation des élus à la région sous l’intitulé "communistes et citoyens du Front de gauche" aurait mérité débat au PCF de Corse, en lien avec les nouveaux élus. Cette appellation est révélatrice de l’opinion qu’ont certains dirigeants des deux fédérations insulaires qui ne considèrent pas le PCF comme un parti capable de porter le changement ». Et il s’oppose clairement à la dilution du parti : « Je suis convaincu de la nécessité de continuer le PCF de notre temps : démocratique, actif, dynamique, rassembleur, créatif ».
« Je tiens à la souveraineté des communistes »
Dans un second courrier « aux camarades », Noël Zicchina présente le FDG comme un échec. Il n’épargne pas la stratégie du deuxième tour : « Le nom de la liste, Alternance et pas Alternative, en dit long sur la politique de Giacobbi... Et la phrase "la mafia va rentrer à l’assemblée de Corse" a créé un trouble. Et n’a pas aidé ». Il avance : « Nous avons sept élus dont trois sont communistes et quatre sont progressistes... Comment travailler au mieux des intérêts des couches populaires de Corse dans ce contexte ? Cela demande débat et nous avons très peu de relation avec ces élus ».
En refusant de laisser filer toute référence au communisme, Noël Zicchina agite le drapeau rouge. Il souhaite faire vivre et renforcer le PCF. Quitte à prendre à revers les partisans du Front de gauche. « Je tiens à la souveraineté des communistes dans le parti et le peuple a besoin du Parti communiste. Il n’a jamais été aussi utile que maintenant, notamment pour les retraités, les chômeurs, les précaires, les salariés, les commerçants », estime Noël Zicchina qui dit n’avoir « aucune ambition à 65 ans ». Il veut simplement la peau de « la Cosa ». Avec la faucille et le marteau.
Paule Casanova