Mais la guerre en Ukraine n’a pas commencé le 24 février par l’entrée de troupes russes. Depuis des années, les bombardements n’ont pas cessé sur le Dombass. Les affrontements entre forces séparatistes et armée de Kiev ont fait 14 000 morts depuis 2014. L’incapacité des dirigeants du monde à construire la paix n’est pas due à la folie de l’un ou des autres, mais aux enjeux géopolitiques, notamment du gaz, qui sont les vraies motivations de la guerre. Les nationalismes de chaque coté sont utilisés au service de ces intérêts économiques.
La démocratie en Ukraine n’a pas commencé en 2014. Des oligarques soutenues par les USA ont remplacés d’autres oligarques soutenus par la Russie en utilisant un mouvement social fortement organisé par des milices ouvertement néonazies. La secrétaire US interrogée sur place sur les risques pour l’europe avait répondu brutalement « Fuck UE ». Depuis, l’Ukraine s’enfonce dans la corruption et l’appauvrissement. L’émigration se poursuit. Le pays a perdu 10 millions d’habitants (22%) depuis son indépendance en 1991, un million depuis 2014.
La paix mondiale n’est pas menacée depuis des années par le nationalisme russe, mais par les guerres et interventions militaires aux dizaines de milliers de victimes conduites notamment dans le moyen-orient par les USA qui représentent à eux seul la moitié des dépenses militaires mondiales.
La guerre ne finira pas en Ukraine sans faire reculer l’affrontement géopolitique généralisé organisé par les USA, sans remettre en cause la croissance des dépenses militaires poussée par les USA, sans mettre en œuvre le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, sans remettre en cause l’OTAN et redonner à l’ONU un rôle prépondérant sur toutes les alliances militaires.
La démocratie ne se construira pas en Ukraine comme en Russie sur un modèle occidental finissant, dominé par l’argent et les plus riches, les populismes les plus vils, une médiatisation outrancière qui construit des fractures béantes entre citoyens. La démocratie doit être réinventée à l’Est comme à l’Ouest, d’abord en affirmant la souveraineté nécessaire des peuples, leur droit à l’indépendance politique et économique, en refusant que les intérêts privés des multinationales pèsent sur le droit des acteurs sociaux à organiser la société, à construire leur histoire démocratique comme ils l’entendent.
Reconstruire un mouvement mondial pour la paix est une urgence, un mouvement qui dénonce toutes les guerres, celles des USA sur toute la planète, de la France en Afrique. Les guerres ne sont motivées que par les enjeux économiques de l’accès aux ressources naturelles. Comme disait Jaurès, le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage. On ne peut défendre la paix en s’installant dans les valises médiatiques des armées occidentales, en reprenant leurs justifications mensongères. Ils nous ont menti pour bombarder Belgrade, l’Irak, la Libye. Nous n’acceptons plus un récit occidental au service de la militarisation de la planète.
La solidarité internationale entre les peuples exige d’affronter le capitalisme dans chaque pays et les logiques impérialistes.
Le peuple ukrainien comme le peuple russe ont besoin de notre solidarité. Elle commence par agir contre notre propre gouvernement pour refuser toute vente d’armes, en finir avec les interventions « extérieures », sortir de l’OTAN et imposer le droit de l’ONU sur toute alliance militaire.
Ce texte est signé par : Caroline Andréani, Paul Barbazange, Luc Bazin, Pascal Brula, Robert Brun, Marie-Christine Burricand, Michèle Carbonnier, Esteban Evrard, Clara Gimenez, Gilles Gourlot, Fabienne Lefebvre, Jean-Pierre Meyer, Anne Manauthon, Pierre-Alain Millet, Leila Moussavian-Huppé, Hervé Poly, Gilbert Rémond, Laurent Santoire, Danielle Trannoy...