« Fonds européen de développement social » : on touche vraiment le fond !

, par  Alfred Gautier , popularité : 3%

Le Conseil européen a décidé d’un « pacte de compétitivité » pour une nouvelle « gouvernance économique ». L’objectif est la mise en place d’une austérité drastique à travers la généralisation de la retraite généralisée à 67 ans, la mise sous tutelle des budgets nationaux et la baisse des salaires (fin de l’indexation sur les prix en Europe, supprimée, en ce qui concerne la France, par le PS en 1984).

Que proposent le PCF (et le PGE) face à ces nouvelles attaques ?

Propose-t-on de rétablir l’indexation des salaires, de prendre l’argent dans les banques, qui encaissent des bénéfices faramineux (20 milliards de bénéfices pour les banques françaises du CAC 40 en 2010 !) ou dans les grandes fortunes, qui explosent ?

Pas du tout ! En tout cas, la campagne lancée par le PGE (et le PCF) est complètement muette sur ces propositions, tout juste bonnes dans le débat national…

Non, là, il faudrait agir au niveau européen. Ce serait donc différent, il faudrait réinventer la poudre. Plus "intelligente" serait la proposition de créer un « fonds européen de développement social ».

En réalité, il ne s’agit que de poudre aux yeux. De quoi s’agit-il ?

Selon les dirigeants : « le fonds doit servir à accorder des prêts à taux minimes pour des investissements publics créateurs d’emplois, pour le développement de la formation, de la recherche, des services publics, pour des infrastructures utiles, des réalisations dans le domaine de l’environnement. Ce fonds doit bénéficier de sources de financement alternatives : le produit d’une taxe sur les transactions financières ; des prêts à des conditions exceptionnellement favorables de la Banque centrale européenne, qui doit, pour cela, user de son pouvoir de créer de la monnaie ; enfin une contribution substantielle du budget communautaire. »

Démêlons ce charabia de technocrates. Le constat est que les pays sont étranglés par des taux d’intérêt trop forts sur les marchés financiers. Sûr. Mais on ne voit pas pour quelle raison créer un énième fonds européen changera quoi que ce soit à cette situation !

Qui sait qu’il existe déjà un « Fonds européen d’adaptation à la mondialisation » (chargé de payer les dégâts sociaux des plans de licenciements !) ?

Il existe aussi un Fonds européen de développement (FED), un Fonds européen de développement régional (FEDER), un Fonds européen d’orientation et de garantie agricole (FEOGA), un Fonds de cohésion ou encore le Fonds social européen (FSE). Qu’est-ce que les travailleurs y gagnent ?

Conscients de cela, non seulement nos dirigeants proposent de créer un énième fonds, mais, selon eux, la vraie innovation résiderait dans les modalités de financement de ce fonds. Quelles sont-elles ?

Premièrement, le financement direct des États par la BCE. Même si un tel procédé était d’actualité (il faudrait changer le Traité de Lisbonne, ce qui suppose l’accord de TOUS les Gouvernements de l’UE), comprenons qu’il s’agirait simplement de s’aligner sur la situation actuellement en cours aux États-Unis.

Eh oui, là-bas, dans le pays le plus capitaliste du monde, le Gouvernement est financé directement par la réserve fédérale. Cette réalité est même utilisée pour dire : vous voyez, on ne demande pas l’impossible !

Les communistes peuvent s’interroger légitimement : les USA sont-ils, pour autant, à l’abri des griffes des marchés financiers ? Bien sûr que non. D’ailleurs, la situation des travailleurs américains est-elle à envier ? Le capitalisme est-il plus doux aux travailleurs outre-Atlantique ? Poser la question est déjà y répondre…

Deuxièmement, concernant le produit d’une taxe sur les transactions financières. Cette idée fait « alternative » dans les milieux petits bourgeois. Mais il faut bien comprendre que sa conséquence, c’est de rendre les ressources totalement dépendantes du montant de la spéculation sur les marchés (plus on spécule, plus l’argent entre) ! Belle manière de « s’affranchir de leur domination » ! On peut clairement parler de publicité mensongère !

Enfin, sans doute conscients de toutes ces lacunes, nos dirigeants expliquent qu’il faudra également compter sur une contribution substantielle du budget de l’UE pour alimenter le fonds (bah oui, là, c’est plus raisonnable !). Il n’y a pourtant pas besoin d’avoir fait de grandes études pour constater que le serpent se mord la queue : à partir du moment où le fonds de développement dépend des contributions des États membres, on ne voit pas trop comment celui-ci pourrait alléger le fardeau… du déficit de ces mêmes États membres !

Non, décidément, pour ne « pas tuer l’idée européenne » (laquelle déjà ?), pour « réellement réorienter cette UE », pour « rendre tangible l’alternative », selon les camarades Jean-François Gau et Francis Wurtz, il faudra bien, à mon avis, accuser (un tout petit peu) le capitalisme et dénoncer (un tout petit peu) les rapports de production qui vont avec.

Car avec le« Fonds européen de développement social », on touche vraiment le fond !

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