Quelques réflexions sur le congrès de Martigues en 2000 (30e congrès du PCF) resté célèbre comme le « congrès de la mutation ».
Ce congrès peut être considéré comme un des points de départ de l’effacement du PCF sous une direction Hue puis Buffet, une des origines de la situation actuelle du PCF (sur un temps plus long on pourrait remonter à d’autres dates mais on s’éloignerait trop du contexte de ce début de XXIe siècle sans compter que l’évolution sociologique de notre pays a joué, de même que l’échec et les drames des régimes dit du "socialisme réel").
Pour lancer la réflexion, j’ai recherché des traces audiovisuels de ce congrès grâce à Ciné archives (le fonds d’archives audiovisuelles du PCF et du mouvement ouvrier). Ce petit documentaire filmé en interne est intéressant. Peu ou pas de couleurs, de symboles communistes (pas de faucilles ni de marteaux, pas d’étoiles rouges, pas de drapeau rouge…) dans un congrès du PCF en apparence très sobre sous l’autorité de Robert Hue qui s’exprime à la fin. On y découvre – après l’introduction de la Résistante Lise London (décédé depuis) – de "jeunes recrues" promues directement au CN (Conseil national). Pour certain.e.s, sans expérience de responsabilité à l’échelon fédéral ou local, ce qui avait déplu à d’autres à l’intérieur du Parti.
Certain.e.s de ces "jeunes recrues" interviennent dans ce documentaire. J’ai suivi leur parcours (en me posant la question « que sont-ils.elles devenu.e.s » depuis Martigues ?). Aude Loumeau-Receptis a quitté le PCF pour le PS quelques années plus tard, Michela Frigiolini s’est tourné vers un engagement exclusivement associatif au mouvement LGBT de Paris, Eugène Henri Moré a rejoint le mouvement de Dupont-Aignan. Seule Isabelle Charpentier est toujours au PCF (élue à Paris) ainsi que Sylvie Jan. Foydé Sylla ancien président de SOS-Racisme – que l’on voit sur le film – ainsi que Roland Castro (architecte et dirigeant du mouvement soixante-huitard « Vive la Révolution ») ont quitté le PCF après la démission de Robert Hue, lequel – tout le monde le sait – roule aujourd’hui pour Macron. Francis Parny, que l’on voit rapidement dans la salle, a quitté le PCF pour la France insoumise. Ces exemples (que je n’ai pas choisi puisqu’ils apparaissent bien dans la séquence) montrent toute la fragilité d’une mutation qui jouait souvent sur de l’affichage de personnalités (comme Frédéric Begbeder) servant à cautionner une image de "neuf".
A quelques semaines du congrès d’Ivry (38e congrès) présenté comme « extraordinaire », cette rétrospective (qu’il faut conceptualiser et contextualiser) n’est pas inintéressante. Je précise que je n’étais pas membre du PCF à cette date bien que déjà communiste, des témoins oculaires pourraient en donner une autre approche. Enfin, je ne suis pas neutre, je suis signataire de « Pour un Manifeste du Parti communiste du XXIe siècle », texte alternatif au congrès (texte 2 si l’on prend la base commune proposée par le CN comme texte 0) qui propose – entre autre – une rectification des choix engagés depuis Martigues. Mais j’apporte ce document et ce commentaire pour lancer le débat entre communistes dans l’écoute fraternelle entre camarades. C’est à ce prix que nous irons de l’avant !
Adresse de l’archive vidéo du 30e congrès commentée dans ce texte :
https://www.cinearchives.org/Films-447-648-0-0.html