Avec désormais 20 régions sur 23
Venezuela : la marée rouge

, par  Jean Ortiz , popularité : 2%

Nouvelle victoire du chavisme

Dans le contexte difficile créé par la quatrième et grave opération du président Chavez contre un cancer dans la région pelvienne, trois éléments caractérisent les élections "régionales" du dimanche 16 décembre au Venezuela :

- nouvelle poussée chaviste. Les candidats socialistes du PSUV gagnent 20 États (sur 23). Le PSUV avait jusqu’à présent 15 gouverneurs.

- le taux de participation passe de 80,4% aux présidentielles du 7 octobre dernier à 53,9 % ce 16 décembre. L’abstention (46%), est la plus forte depuis 2005. Les enjeux sont sans doute apparus à beaucoup plus régionaux que nationaux et, localement, le peuple chaviste est souvent critique contre la bureaucratie, la corruption, la violence, l’inefficacité, qu’il attribue aux technocrates locaux, et à des gouverneurs parfois insuffisamment réceptifs.

- la réélection dans l’État de Miranda du gouverneur Henrique Capriles Radonsky (50,3 % des voix), qui fut le candidat de l’opposition aux dernières présidentielles, et qui consolide ainsi sa position au cas où de nouvelles présidentielles devraient avoir lieu. Il affrontait l’ex vice-président Elias Jaua, qui a pu donner l’impression d’un "parachuté". En perdant sa responsabilité de vice-président, E. Jaua, qui a pourtant mené une bonne campagne de terrain, a pu apparaître comme affaibli, non impliqué dans la nouvelle équipe présidentielle.

Le chavisme gagne l’Etat stratégique de Zulia, très peuplé et riche en hydrocarbures (50,99% des voix).

Le quotidien d’opposition El Nacional, titre : "L’opposition résiste dans les Etats de Miranda et Lara, au milieu d’une marée rouge". Le PSUV gagne entre autres les États de Carabobo (nord), Nueva Esparta (nord-est), Tachira (sud-ouest), et Zulia (nord-est), anciens bastions de l’opposition.

Dans une intervention devant ses supporters vêtus de jaune, Henrique Capriles a déclaré "ne pas avoir le sourire" malgré sa réélection. Il a dénoncé "l’arbitraire, les énormités", l’instrumentalisation de l’état de santé du président qui, chacun le sait, simule un cancer... Ce Capriles est déroutant. Il est pâlot, falot, peu charismatique, mais son faux "angélisme", sa pelisse de "centre-gauche", dissimulent une fortune, une âme, et un esprit ultra-libéraux... plus sa "jeunesse" (40 ans) ; des apparences qui trompent. "Nous avons, a-t-il lancé, vaincu les abus de pouvoir, le chantage", mais perdu... C’est le discours d’un rescapé assez seul sur le champ de bataille, mais qui prend rendez-vous pour demain. Il n’a eu aucun mot, ni courtois, ni diplomatique, ni feint, envers le président Chavez, qui lutte toujours contre une dure adversité, et dont l’état, de source gouvernementale, s’améliore. Capriles manque de compassion. Il se réclame de la "Vierge del Valle", mais sans doute pour la privatiser !!

Jean Ortiz, le 17 décembre 2012

Opposition vénézuélienne : la gueule de bois

L’opposition vénézuélienne accuse le coup après les élections "régionales" : une nouvelle avancée du chavisme sans la présence physique du président...

L’opposition, fragilement "rassemblée" dans la MUD (Table d’unité démocratique), est depuis dimanche comme K.O. debout, de l’ultra-droite aux "adecos", membres de l’ex parti social démocrate Action Démocratique. Elle tablait sur la maladie de Chavez et pensait qu’elle commencerait à lever "l’hypothèque Chavez"... Grossière erreur de calcul.

Les médias, peu suspects de sympathie chaviste, s’interrogent sur le thème : "que fera-t-elle pour survivre" et affronter une élection présidentielle de plus en plus probable à court terme ? En effet, si le 10 janvier 2013 le président Chavez ne peut prendre ses fonctions et assumer un quatrième mandat, l’intérim sera assuré par le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello, et ce dernier devra convoquer de nouvelles élections présidentielles dans un délai de 30 jours. Dans ce cas de figure, Nicolas Maduro, successeur désigné par Chavez, et qui s’affirme chaque jour davantage comme un fin politique, un homme de convictions, convaincu de la nécessité de poursuivre "l’option socialiste", affronterait Henrique Capriles, reconduit dans son mandat de gouverneur de l’État de Miranda (qui englobe une partie de la capitale et regroupe à la fois des beaux quartiers et des "ranchitos" (quartiers pauvres) du Petare). Pour le professeur C. Blanco, de l’Université Centrale de Caracas, "l’opposition doit revoir sa stratégie". Elle manque d’"un message clair alternatif". En résumé : l’anti-chavisme, c’est un peu court...

Le secrétaire exécutif de la MUD, Ramon Guillermo Aveledo, dans une interview à la chaîne Globovision, reconnaît hier que les résultats du 16 (victoire nette des candidats du PSUV dans 20 États sur 23), sont "un coup très fort" pour l’opposition. "Cela nous a fait très mal". L’arrière goût de défaite aux présidentielles a pesé au sein d’un électorat anti-chaviste contraint de constater que l’enracinement populaire de la révolution repose sur des acquis sociaux, sur la conquête et défense intransigeante de la souveraineté nationale...

Le quotidien El Nacional opine que "le chavisme s’en sort sans Chavez". Bien vu. L’éditorial attribue la victoire à la fois "à Chavez, mais pas seulement à lui".

A La Havane, le président, selon le quotidien Ciudad Caracas, "recommence à travailler".

Jean Ortiz, le 18 décembre 2012

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    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

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    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).