Sommet de la Ligue arabe : au-delà des divergences, un principe de « non-alignement » adopté Par Faycal Métaoui, correspondant à Alger de RFI

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Voici un second point de vue sur ce qui s’est passé au sommet de la ligue arabe,plus “occidental” : Lors du sommet de la Ligue arabe, qui s’est tenu les 1er et 2 novembre à Algerles dirigeants arabes ont dépassé leurs traditionnelles divergences . À son issue, les dirigeants ont adopté la « Déclaration d’Alger » et prôné un principe de « non-alignement » sur la guerre en Ukraine là aussi le constat d’une évolution vers une position de “non alignés” alors que l’Algérie puissance organisatrice souhaitait une réintégration de la Syrie et un engagement plus clair contre l’OTAN et les USA, il a fallu respecter un certain statu quo mais celui-ci va incontestablement dans le sens d’un détâchement économique, politique face à l’occident avec en toile de fond le chaos libyen et le “terrorisme”, la destabilisation en forme de chantage opéré sur le monde arabe, avec la fameuse phrase attribuée à Kissinger : “Si nos adversaires survivent à notre hostilité, nos alliés n’y survivent pas”. Mais le fond n’est-il pas que comme en Algérie, ces pays comme ceux d’autres continents, y compris africains, sont confrontés à une opinion publique qui remet en cause leur gestion et opère elle des ruptures plus profondes que les USA partout dévoient en utilisant “la démocratie” comme le moyen d’accroître leur influence et leur pillage ? (note de danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

photo de Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères

Lors du sommet de la Ligue arabe, les dirigeants arabes ont dépassé leurs traditionnelles divergences et adopté, mercredi 2 novembre, un document, la « Déclaration d’Alger », qui résume les préoccupations actuelles et qui tranche avec les précédents communiqués sanctionnant les sommets arabes. Le sommet de la Ligue arabe s’est tenu les 1er et 2 novembre à Alger. À son issue, les dirigeants ont adopté la « Déclaration d’Alger » et prôné un principe de « non-alignement » sur la guerre en Ukraine.© Fayçal Métaoui/RFI

Les dirigeants et représentants de la Ligue arabe réunis à l’ouverture du sommet de l’organisation, mardi 1er novembre à Alger. via REUTERS - TUNISIAN PRESIDENCY

« Il n’y a eu aucune réserve sur ce qui a été décidé », a souligné l’Égyptien Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, lors de la conférence de presse finale du sommet arabe, au Centre international des conférences (CIC), à l’ouest d’Alger.

« Un sommet réussi, c’est celui du renouveau », a soutenu, de son côté, Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères. Le sommet d’Alger était, selon le président algérien Abdelmadjid Tebboune, une halte pour « renforcer la solidarité et unifier les rangs arabes ».

17 chefs d’États et de gouvernements ont assisté à ce sommet. Un niveau de représentation salué par le secrétaire général de la Ligue arabe, malgré l’absence des rois du Maroc et d’Arabie saoudite, Mohammed VI et Salman ben Abdelaziz al-Saoud, ainsi que du président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyane.

Dans la déclaration du 2 novembre 2022, il y a moins de littérature et de vœux pieux, même si les intentions sont plus présentes que les actes concrets. « Le plus important est d’avoir la volonté politique », a déclaré Ramtane Lamamra, en qualifiant la « Déclaration d’Alger » de document « mesuré et consensuel », obtenu après des heures de tractations.

« Des solutions arabes aux problèmes arabes »

Dans le texte, on évoque clairement les crises qui traversent le monde arabe et que la Ligue arabe, ligotée par ses propres statuts, peine à résoudre. Il y a d’abord la Libye, un pays divisé entre deux camps depuis la chute brutale du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Tous les dirigeants qui ont pris la parole lors du sommet d’Alger ont eu un mot ou deux pour la Libye avec le souhait de voir ce pays, riche en hydrocarbures, sortir de l’impasse. Ils soutiennent les efforts visant « à mettre fin à la crise libyenne par une solution libyo-libyenne qui préserve l’unité et la souveraineté de la Libye ».

Sommet de la Ligue arabe : le réveil de la diplomatie algérienne

La « Déclaration d’Alger » survole la crise en Syrie, un pays suspendu de la Ligue arabe depuis 2011. Les États arabes entendent jouer un « rôle collectif et de chef de file » dans les efforts visant « à parvenir à une solution politique à la crise syrienne et au traitement de toutes ses retombées », en vue de « garantir l’unité et la souveraineté de la Syrie ».

La « Déclaration d’Alger » ne précise pas le mécanisme à actionner pour contribuer à mettre fin à une crise qui a pris des dimensions internationales avec l’implication de la Russie, de la Turquie, des États-Unis et de l’Iran dans le conflit. Les « ingérences étrangères » dans la région arabe sont pourtant dénoncées dans le même document. L’idée avancée est de trouver « des solutions arabes aux problèmes arabes ».

Position prudente par rapport à la guerre en Ukraine

Ahmed Aboul Gheit a appelé à protéger « l’État-nation » dans la région arabe, menacé par « les interventions extérieures » ainsi que par « le terrorisme et les milices ». Il a également parlé d’une nouvelle approche sur « la sécurité arabe commune » qui prend en compte « les sécurités alimentaire, hydrique, sanitaire et énergétique ».

L’Égypte et le Soudan ont demandé « un appui arabe » dans leur conflit avec l’Éthiopie sur le partage des eaux du Nil et la mise en service du barrage de la Renaissance.

Les retombées de la guerre en Ukraine ont été évoquées par la plupart des dirigeants arabes sur notamment « la sécurité alimentaire » de la région. Les pays arabes, comme l’Algérie, le Maroc et l’Égypte, sont de gros importateurs de céréales et d’engrais de Russie et d’Ukraine. Cette dépendance a été soulignée par les experts économiques, réunis à Alger. Elle motive, probablement, la décision des pays arabes d’adopter une position prudente par rapport à la guerre en Ukraine et ses implications.

Les pays arabes mettent en avant « les principes de non-alignement » et estiment que la position arabe commune sur la guerre en Ukraine est basée sur « le renoncement à l’usage de la force et le soutien de l’option de la paix ». Ils disent appuyer « une solution politique » à la crise en Ukraine, « conformément aux principes de la Charte des Nations unies », et « en prenant compte des préoccupations sécuritaires des parties concernées ».

Dans les coulisses du sommet d’Alger, on rappelle que la communauté internationale n’a pas adopté la même position de dénonciation lorsque les États-Unis avaient décidé d’envahir l’Irak en 2003. Dans un message au sommet d’Alger, le président russe Vladimir Poutine a appelé les dirigeants arabes à contribuer à « instaurer un régime mondial multipolaire ».

Participer à « définir les contours d’un nouvel ordre mondial »

Si le président algérien Abdelmadjid Tebboune a proposé la création « d’un bloc économique arabe », la « Déclaration d’Alger » affirme l’importance de la participation des pays arabes « dans la définition des contours du nouvel ordre mondial post-Covid-19 et guerre en Ukraine, en tant que bloc harmonisé et uni » et « comme un acteur qui peut, avec sa volonté, ses capacités et ses compétences, contribuer de manière efficace et positive dans ce domaine ».

Et comme pour répondre aux critiques américaines sur la décision de l’alliance Opep+ de réduire la production du pétrole, début octobre 2022, les dirigeants arabes ont salué et demandé à valoriser la politique qualifiée d’équilibrée adoptée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), « afin de garantir la stabilité des marchés énergétiques mondiaux et la pérennité des investissements dans ce secteur stratégique dans le cadre d’une approche économique assurant la protection des intérêts des pays producteurs et consommateurs à la fois ».

Par ailleurs, les dirigeants arabes se sont entendus sur la nécessité de créer une zone dénucléarisée et exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, « conformément aux références convenues, et d’inviter toutes les parties concernées à rejoindre et mettre en œuvre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui demeure la pierre angulaire du Système mondial de non-prolifération nucléaire ». Un message adressé à l’Iran et à Israël à la fois.

Et conformément à la volonté de l’Algérie, les dirigeants arabes ont appelé à relancer l’Initiative arabe de paix, adoptée lors du sommet de Beyrouth en 2002, qui préconise la solution des deux États et « l’établissement de l’État palestinien des les frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est », comme l’a souligné le chef d’État algérien.

Enfin, et par solidarité avec Doha après les récentes critiques qui l’ont ciblé, les dirigeants arabes annoncent leur appui à l’État du Qatar qui se prépare à abriter la Coupe du monde de football 2022 et disent avoir leur « entière confiance » en sa capacité « à organiser une édition remarquable de cet événement international ». Ils condamnent « les campagnes diffamatoires » contre cet émirat du Golfe. Le Qatar a été notamment critiqué pour « le mauvais traitement » des travailleurs migrants.

Voir en ligne : lu sur le blog histoireetsocieté de Danielle Bleitrach

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