Le mauvais esprit de Noël : cadeaux en vrac…

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Et je place ce Noël sous le signe de la maternité désirée…

Dans la commission des experts qui a décidé en Espagne du rétablissement de l’interdiction de l’avortement et du droit des femmes, leur absence ne manquera pas de vous frapper : la régression, la mise en tutelle, un petit cadeau de Noël et les aiguilles de la tricoteuse en prime, le curetage à vif comme du temps de ma jeunesse ?

A cette bouffonnerie tragique, je voudrais opposer deux réflexions pleines de bon sens. La première a été faite lors de la rencontre entre Jean-Paul II et Fidel Castro ; le premier a tenté de faire revenir Fidel sur le droit à l’avortement des cubaines en échange de son entremise sur quelques dossiers. Ce à quoi Fidel lui a répondu : "Mon saint père, vous et moi sommes mal placés pour juger de la situation. Si on demandait leur avis aux femmes cubaines ?". La seconde a été la réflexion de ma fille adoptive Djaouida qui m’a expliqué : "tant qu’un homme dira aux autres hommes ce que dieu attend des femmes, je me méfierai !".

Alors à tout seigneur tout honneur, puisque l’Eglise catholique flanquée des politiciens franquistes et de leurs soutiens capitaliste, ont remporté en Espagne un immonde triomphe sur le droit des femmes, j’offre comme cadeau l’histoire édifiante d’une congrégation religieuse et de son édifiant fondateur dont le Vatican se demande encore ce qu’il peut en faire tout en continuant à nommer leurs membres à des postes important… dans un autre post de ce blog, ne manquez pas cette histoire édifiante qui semble digne de la vie des douze César de Suétone…

D’abord ce début de lettre de Paul Eluard sur sa haine de Noël, je me souviens avoir écrit en classe de troisième une charge contre cette fête mercantile. A l’époque la décoration des magasins était assez sommaire : il y avait des fils de fer tendus le long des vitrines dans lesquels on glissait des bouts de coton qui peu à peu se salissaient, j’avais décrit le regard avide des marchands derrière ce triste décor… J’étais une enfant triste et solitaire, la lecture était mon seul oasis, je ne comprenais personne et personne ne me comprenait… Maintenant je sais pourquoi ; ces gens n’avaient rien à dire qui ne soit sale, moche, ce qui les faisait rire me désespérait… Et puis un jour je marchais le long du trottoir en comptant les pierres d’angle et je me suis dit : "comme j’ai de la chance d’être née avec moi, comme je me serais ennuyée si j’étais née avec certains autres, alors j’ai compris le mérite décrit par Paul Eluard de ne pas savoir se réjouir à heure fixe et d’attendre le bonheur comme une surprise. Nous en aurons beaucoup en 2014 et pour cela il faut apprendre à voir, au lieu de regarder le monde comme une vitrine à acheter…

Extrait de lettre de Paul Eluard

20 décembre 1928

Mon cher ami,

Noël ? Je hais Noël, la pire des fêtes, celle qui veut faire croire aux hommes « qu’il y a quelque chose DE MIEUX sur la terre », toute la cochonnerie des divins enfants, des messes de suif, de stuc et de fumier, des congratulations réciproques, des embrassades des poux à sang froid sous le gui. Je hais les marchands de cochon et d’hosties, leur charcuterie, leur mine réjouie. La neige de ce jour-là est un mensonge, la musique des cloches est crasseuse, bonne au cou des vaches. Je hais toutes les fêtes parce qu’elles m’ont obligé à sourire sans conviction, à rire comme un singe, à ne pas croire, à ne pas croire possible la joie constante de ceux que j’aime. Le bonheur leur est une surprise.

Apprenez à avoir des convictions sans vous masquer les faits, ne cherchez pas partout le diable et le bon dieu.

Considérer le monde comme une surprise, c’est refuser de croire que l’on écrit les bons sentiments sur une page blanche, mais au contraire la savoir noire d’écriture, de choses pensées et dites que l’on ignore comme un amnésique alors qu’elles commandent le sens du message. Par exemple je me réjouis que trois jeunes femmes ne passent pas Noël en prison, les Pussy Riots et j’aime leur entêtement, qu’elles se croient révolutionnaire, même si je n’en suis pas convaincue, mais je ne supporte plus la manière dont l’Occident nous fabrique des héros pour diaboliser l’adversaire que ces hypocrites tartuffe souhaitent affaiblir pour tout, sauf pour des raisons morales. Alors je vous offre cette extraordinaire réponse de Poutine à madame Merkel à propos des Pussy Riot. Le fait que ces jeunes femmes aient manifesté à diverses occasions leur antipathie pour les juifs ne change rien à mon soutien à leur libération mais je souhaite que les combattants de "l’humanitaire" arrêtent comme G.W.Bush ou quelques Imam ou Rabbin, de fonder leur monothéisme politicien sur, d’un côté les saints et les anges, les autres Satan incarné.

Enfin, l’enfant est né dans une étable, juif de surcroît, il a fallu que très vite les rois chargés de présents précieux viennent corrompre la pauvreté avec leur puissance, leurs ors et parfums précieux… C’est un beau rêve que celui d’imaginer qu’il y aura des passeurs entre les êtres humains, traducteurs de langage, connaissance de l’histoire véritable et non de fables idéologisées pour servir la haine et l’exploitation du travail autant que de la naïveté et la crainte de la mort… C’est un beau rêve d’imaginer qu’un jour tous les vaincus se relèveront et demanderont ce dont leur vie a manqué… Comme dans un conte de Isaac. B. Singer qui imaginait qu’à la résurrection, des millions de juifs se réveilleraient et demanderaient : "Y a-t-il un bon livre en Yiddish ?" Et après l’avoir lu ils éclateront de rire et abattront tous les murs de tous les ghettos…

Tant qu’il y aura quelqu’un pour poser les questions qui fâchent, une petite fille qui se console d’être seule le soir de Noël comme le reste de l’année, tout ne sera pas perdu ; c’est pourquoi je soutiens toujours celle qui interroge les manies identitaires, les chauvinismes, les inconditionnalités et ce qui est à la base de tout, à savoir le droit de certains à exploiter les autres, à les priver de ressources et de dignité, en disant "et si c’était mieux en faisant autrement ?".

Danielle Bleitrach

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