Le peuple chilien dit NON au néolibéralisme

, par  Véronique Forestier , popularité : 1%

La rébellion populaire au Chili, qui ne semble pas s’arrêter malgré la marche arrière du Gouvernement et ses pseudos propositions, est un signe du profond mal être qui règne depuis des décennies.

Il n’est pas facile d’écrire actuellement sur le Chili. Pas parce qu’il n’y a rien à dire, au contraire, il s’est passé beaucoup de choses en si peu de temps et les surprises et les émotions sont nombreuses ainsi que les interrogations. Mais les faits se sont enchaînés à une telle vitesse qu’on ne sait pas par où démarrer.

Peut être quelques semaines en arrière par une phrase du président Piñera devant la presse nationale : « le Chili est un véritable oasis au milieu d’une Amérique Latine perturbée ». Les premières « évasions massives » organisées par les lycéens commençaient, en réponse à la hausse du ticket du métro, qui coûtait déjà 1 dollar. Pendant une semaine, les jeunes sont allés dans les stations de métro en sautant les portiques massivement, en invitant les autres à faire de même, et ainsi à ne pas payer le voyage.

La réaction officielle fut celle de toujours : « des actes de vandalisme, des délinquants, des ultras » jusqu’à ce qu’à ces « évasions » s’ajoutent les employés, les ouvriers, les retraités… Et l’évasion dans le métro est monté à la surface, dans les rues du centre ville, au centre des quartiers à Santiago, à Valparaiso, à Conception, à Iquique et enfin dans tout le Chili.

Aujourd’hui le pays est en feu. De « l’oasis » de Piñera nous sommes passés à un séisme social de magnitude inconnue et difficile à mesurer aujourd’hui. Ce sont des manifestations populaires dues au ras le bol du modèle qui a tout privatisé et précarisé : la santé, l’éducation, la sécurité sociale, les services basiques, l’eau. Absolument tout est privatisé au Chili. Le niveau de vie est précaire, l’endettement est énorme et 70% de la population gagne moins que le salaire minimum. Toutes ces tensions ont éclatées avec un net caractère de classe. Au centre de toutes les demandes se retrouve l’injustice sociale que plus personne ne peut supporter. C’est ce qui préoccupe et laisse perplexe le gouvernement.

Sa réponse a été radicale : emploi de la force. Sur le plan répressif la droite ne se trompe pas. Les principales régions du pays sont sous l’état d’urgence et les autorités civiles ont cédées leurs fonctions aux militaires. Les chefs de zone sont des généraux de l’Armée de Terre et de Mer. Piñera, entouré de militaires, dans son discours de dimanche dernier a commencé en disant « bonsoir chiliennes et chiliens, nous sommes en guerre… ». Cette phrase a stupéfié beaucoup de personnes et les dirigeants politiques des partis de l’opposition l’ont fortement critiquée. Le message était clair, on laisse la sortie politique de côté et on opte pour l’option militaire.

Et de l’oasis imaginaire de Piñera on est passé au séisme social quand a commencé le couvre-feu, réminiscence de 1973 et ses suites. Des militaires patrouillant dans les rues du Chili comme avant : répression, détentions, tortures, violations, coups, morts, des milliers de détenus, des disparus…

Malgré les réformes annoncées par le Président et celles déjà actées par l’assemblée nationale, les manifestations continuent, la grève générale s’accentue : secteur médical, les professeurs, les étudiants, la culture, les dockers, les mineurs, les transports….

Dans de nombreuses manifestations, les slogans reprennent la consigne « ce n’est pas pour 30 pesos (prix de l’augmentation), c’est pour les 30 ans ».

D’après un dirigeant syndical, les manifestants et grévistes veulent maintenant une réforme de la Constitution, élaborée sous la dictature, et une réforme de la santé et de l’éducation pour qu’elles soient publiques et de bonne qualité. Il pense donc que l’unique solution pour sortir de la crise serait que Piñera convoque un « pacte social » où s’analyseraient les demandes des secteurs populaires.

La situation actuelle est difficile à décrire car le gouvernement empêche les médias de faire leur travail et nos médias sont récalcitrants à donner les vrais chiffres. Le nombre de morts s’élève vendredi 25/10 à 18 dans la Région Métropolitaine (chiffre officiel), plus de 300 blessés par balle et les détentions, selon le Ministère, s’élèvent à 2500.

Par ailleurs, l’Institut National des Droits de l’Homme a dénoncé les excès des militaires et a constaté après avoir visité des commissariats de Santiago « un usage inapproprié de la force, harcèlements sur des enfants, mauvais traitement, coûts au visage et aux jambes, tortures, déshabillage de femmes, harcèlements sexuels ».

Ainsi, sur les réseaux sociaux, des dizaines de vidéos circulent montrant comment les militaires frappent, arrêtent, violent et tirent.

La crise est beaucoup plus profonde que ce que peuvent penser les puissants. Et elle est planétaire, en Equateur, au Honduras, au Costa Rica, au Liban…

Dans le pays qui a été la première école du néolibéralisme, celle des « chycago’s boys » et des plans d’ajustement structurel du FMI, ses enfants et petits enfants sont en train de lui donner un grand coup de pied. C’est peut être dans ce pays, à l’origine d’une contre-offensive historique de l’impérialisme, que se trouve la fin du plus pervers des modèles inventés par le capitalisme.

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