« La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

, par  Gilles Mercier

Le 11 février 2022 à 16:27, par Gilles Mercier En réponse à : « La bête à deux dos » et « l’internationalisme aujourd’hui », analyse d’un débat

Pardonne moi Jean Claude mais je ne partage pas ton point de vue.
1°) La nation n’est nullement détruite. Le capital se fout de la nation mais pas de l’Etat national sans lequel il n’existerait pas. Le capitalisme c’est par principe la concurrence entre groupes mais aussi entre Etats. L’UE c’est l’association des Etats concurrents. Si l’euro a fait disparaître les différentiels de taux de change il a reporté ce différentiel sur les taux d’intérêt. Or aucun pays ne veut être solidaire de la dette des autres. L’euro a accru le différentiel entre les économies de la zone et contribué à renforcer celles qui étaient déjà performantes au détriment de celles dont l’industrie était plus faible.
Les contradictions ne cessent de croitre au sein de l’UE. Plusieurs pays membres de l’Union ont choisi le F35 américain et non le Rafale. L’Italie a fait le choix d’un avion britannique. Quant au successeur (Franco-Germano-Espagnol) de ce dernier il a du plomb dans l’aile, et ce ne sont pas les succès du Rafale à l’exportation qui vont aider cet hypothétique successeur à dépasser la planche à dessin. Autre élément de clivage : l’énergie. Le choix du gouvernement français de relancer le programme nucléaire met en difficulté les gouvernements qui ont fait le choix inverse. La France pourra vendre moins cher son électricité. L’Autriche est décidé d’empêcher la mise en œuvre de ce programme en attaquant en justice la décision de la Commission européenne d’inclure le nucléaire dans les énergies vertes jusqu’à 2040 ! Texte de compromis résultat de tractations très laborieuses. Entre membres de l’UE on ne se fait pas de cadeaux !
L’Europe fédérale est un fantasme ! Les niveaux économiques sont trop différents, les intérêts de chaque Etat ne sont pas les mêmes, (leurs groupes privés sont concurrents, les places financières le sont tout autant), leurs principes juridiques, leurs organisations administratives sont différents.
2°) Le Nationalisme est aussi l’idéologie du capital. C’est le cas en Pologne comme en Hongrie comme en Grande Bretagne, le Brexit en est la preuve et …aussi en France avec l’opération Zemour. Cette opération lancée par C-news et reprise par l’ensemble des médias s’est faite avec l’accord de Macron. Elle lui permet de recomposer l’échiquier politique afin de trouver une solution politique crédible assurant la pérennité du capital. Le PS, LR étant démonétisé. Il s’agit d’utiliser l’épouvantail Zemour pour créer un pôle démocrate qui apparaisse comme son antithèse, Macron étant le seul qui apparait comme le plus crédible électoralement pour faire barrage à Zemour. Les ralliements en cours de plusieurs personnalités du PS et de LR à LRM montre que l’opération est bien amorcée. Le problème de Marine Le Pen est qu’elle s’est trop institutionnalisée et que sa base électorale n’est pas assez large. L’intérêt de Zemour est qu’il élargit cette base électorale en s’adressant à des catégories sociales plus aisées qui vivent une situation de déclassement social et national. Il appuie la fibre nationale en jouant à l’historien. Il viole l’Histoire mais qu’importe les médias sont là pour lui servir la soupe.
Cette alimentation du discours nationaliste malfaisant par la bourgeoisie s’inscrit dans la montée des tensions entre Etats.
Le PCF a sa responsabilité dans cet état des lieux. Il a abandonné le terrain de la Nation depuis longtemps, laissant ce dernier au FN. La Nation c’est le terrain identitaire. Les différents gouvernements sociaux-démocrates et libéraux nous ont vendu l’Europe et la mondialisation comme facteurs de développement et de progrès. La France n’a cessé de se désindustrialiser, les régions de se désertifier, les services publics ont disparu, la désocialisation est massive. Les gens sont livrés à eux-mêmes, atomisés. Face aux stratégies d’appareil des partis et organisations syndicales le mécontentement s’exprime sous forme de jacqueries avec les gilets jaunes et maintenant les convois de la liberté qui ont pour point commun le rejet de la démocratie représentative le rejet de tout discours institutionnel, la seule source d’information étant celle des réseaux dit sociaux qui sont avant tout des réseaux de désinformation et de manipulation. Ces mouvements qui amalgament des revendications diverses sont profondément réactionnaires d’inspiration libertarienne, l’Etat ne doit rien imposer à quiconque. Zemour, Le Pen, Les gilets jaunes, les convois de la Liberté, s’inscrivent dans un glissement réactionnaire du pays consécutif du au fort recul de la conscience de classe, au chômage de masse, à la rétraction de l’Etat social, qui laissent les individus démunis et à l’absence totale de perspective.

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).