Au cours des récréations, même celles des grandes classes où nous nous bornions à former des petits groupes, nous étions surveillées par une de nos Sœurs qui passait et repassait entre nous, les yeux baissés et comme méditative, les bras d’abord croisés dans ses grands manches. Il était défendu d’aller par deux, notre sœur nous séparait et nous priait d’aller rejoindre les autres : quand on est à deux, le diable est au milieu…

Ce qui ressort de ce choix, c’est que la grande bourgeoisie de notre pays a rompu avec une « alternance » de façade, gage de la « démocratie ». Elle a donné à un parti « non républicain » un droit de regard sur la conduite de l’Etat, tout en faisant le plus de bruit possible autour des « partis non républicains » dont il fallait se garder comme de la peste.

Alternance de façade parce qu’elle n’a jamais laissé de choix entre capitalisme et socialisme, entre les divers partis bourgeois et le parti communiste.
La seule occasion où ce choix aurait pu se présenter - alors que le PCF était le premier parti de France - fut la désignation du Président du Conseil en 1946. Thorez avait alors déclaré que « Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes ». Mais sa candidature fut écartée par la coalition des autres formations.
Il n’y a jamais eu d’alternance « démocratique » pour un possible passage pacifique au socialisme.

L’abandon de l’alternance « démocratique » est certainement en lien avec la situation économique désastreuse, et à la soumission à l’hégémonisme US.
Cette domination belliciste a mis à genoux le deuxième pilier de l’Europe, l’Allemagne, en la privant du gaz russe bon marché tandis que l’écologisme y mettait fin au nucléaire.
En ce qui concerne le pilier français de l’UE, nos monopoles et notamment ceux de la finance (*), les rentes de l’impérialisme en Afrique s’épuisent, et les pays africains se tournent à la fois vers la Russie et vers la Chine Populaire.

Des conditions sont réunies pour l’instauration d’un système fascisant et belliciste, à la botte de l’hégémonisme US, où la façade des mœurs « républicaines » s’effrite et laisse nue et visible la dictature de la grande bourgeoisie.

C’est aux communistes qu’il revient d’inventer les grandes lignes de nouvelles institutions, en tenant compte de notre histoire et des causes de l’échec des révoltes populaires.
En tenant compte aussi des 4 principes fondamentaux qui ont permis à la Chine de Deng Xiaoping de surmonter les tentatives de restauration capitaliste, tandis qu’ils ont été combattus et bafoués par Gorbatchev : la voie du socialisme, la direction du parti communiste, la dictature du prolétariat et la théorie marxiste-léniniste.
Il faut inventer une république populaire à la française où seront autorisés tous les partis qui accepteront le socialisme et n’useront pas de la force armée ou de la subversion pour restaurer le capitalisme.

(*) https://www.zonebourse.com/cours/action/BNP-PARIBAS-4618/actualite/Les-banques-europeennes-ont-bien-negocie-le-premier-trimestre-2024-46621477/