Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle !

, par  Xuan

Le 23 juillet 2022 à 13:32, par Xuan En réponse à : Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle !

Je n’ai pas parlé des ingénieurs en général, la thèse "la classe ouvrière du manoeuvre à l’ingénieur" n’est pas de moi, et je ne demande pas à une directrice d’agence de la BNP d’avoir une prééminence dans la lutte de classe si elle ne veut pas se mouiller.

Ce sont pas mes hypothèses personnelles, mais les rapports sociaux de production dans la société capitaliste qui placent certains salariés entre le marteau et l’enclume, et qui accentuent les contradictions (mais aussi dans l’ensemble de la société), jusqu’au conflit.

De sorte qu’un chef d’atelier demande à un nouveau technicien en entretien individuel :
« Tu es avec nous ou contre nous ? »
"pourquoi, c’est la guerre ici ?..."

Ou bien le responsable d’un atelier de chaudronnerie qui multiplie les postes de travail sur une plateforme de montage, jusqu’au jour où la tôle d’un transfo précipite un soudeur antillais contre un chanfrein acéré, où je retrouve des petits bouts d’os de son front.
Et devant l’atelier en grève déclare blanc comme sa chemise « nous sommes tous responsables ! »

Ou le RH et le directeur qui viennent en cachette entre chien et loup retirer les pneus entassés devant la porte, embauchent un huissier pour relever les noms du piquet de grève filtrant (non bloquant) devant l’usine.
Pourtant le directeur c’est un salarié lui aussi, et un peu décontenancé quand je lui dis juste après, à la réunion du CE : « vous avez meilleure mine, vous étiez tout blanc tout à l’heure ».

Ou encore le contremaître, par ailleurs délégué syndical CGC, dont l’équipe se met en grève pour obtenir sa mutation, et qui se retrouve ensuite manager des entreprises extérieures. Qui pratique alors allègrement le délit de marchandage jusqu’au moment où un tuyauteur excédé lui met un cutter sous la gorge.

Mais aussi bien un jeune diplômé d’Arts et Métiers qui se trouve chargé de dresser la liste des futurs licenciés du plan social, et qui fume comme un pompier devant son bureau.
Et un directeur dont l’usine sera fermée, et qui vient saluer les grévistes et les syndicats de la zone en délégation.

Qui peut dire dans quelles conditions et à quel point ces relations dialectiques au sein du salariat deviennent antagonistes ?
D’abord il faut reconnaître que les salariés ne sont pas une entité indivisible mais que la lutte des classes les traverse aussi, que les rapports sociaux de production les placent de façon sélective dans un camp ou dans l’autre, et que dans leur grande majorité, mais pas totalement, ils prennent progressivement conscience d’appartenir au camp des exploités.
Jusqu’ici j’ai constaté que la lutte de classe est plus violente là où est créée la marchandise et où la plus-value est produite. La conscience de classe des ouvriers est plus aigüe que dans d’autres catégories intermédiaires, et cela se traduit dans les conflits sociaux.
Après quoi, lorsque la marchandise et les rapports sociaux de sa production s’étendent à toute l’activité humaine, d’autres catégories de salariés se lancent à leur tour dans la lutte de classe : dans les hôpitaux, chez UBER, Deliveroo, et même chez des employés non productifs. Eh bien c’est tant mieux évidemment.

Mais lorsqu’il y a conflit, que ce soit la grève pour les revendications, une grève politique de masse, voire une insurrection, il existe deux camps, avec des hésitants au milieu qui ne dirigeront rien ou qui feront capoter l’action. Et si certains salariés sont de l’autre bord, ce sont des ennemis, pas des amis.

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