Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle !

, par  Ruiz Eric

Le 21 juillet 2022 à 11:45, par Ruiz Eric En réponse à : Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle !

Je rejoins Gilles Mercier sur l’idée qu’il faut faire évoluer nos grilles d’analyse et nos pratiques. Si, effectivement, la « classe ouvrière » résumée aux seuls ouvriers de production, stricto sensu, devait être le moteur du mouvement révolutionnaire du temps de Marx, le monde a changé, les modes de production ont évolué et les rapports au travail avec.
Se limiter à la définition historique de la « classe ouvrière », comme seule catégorie de travailleurs en capacité d’être le moteur d’une révolution, c’est avoir raté les soixante dernières années !
Car, aujourd’hui, les grands sites industriels ont quasiment disparu et le travail s’est atomisé en une multitude de métiers et fonctions qui n’existaient pas, ou de manière très réduites, jusque dans les années 60. Les métiers de la logistique, de l’informatique, du support technique clientèle, les fonctions « support » en entreprise, les centres d’appel, ... autant de métiers qui ont explosé et qui cachent des profils professionnels différents. Différents mais tous concernés par l’exploitation capitaliste, la pression sur le résultat, les menaces sur l’emploi, la déqualification, et l’insécurité sociale et écologique créée par un système capitaliste qui, lui, a su adapter son modèle et le modèle de formation professionnel à ses besoins.
Il en est effectivement de même pour des métiers qui ne faisaient pas historiquement partie de catégories sociales que nous ciblions, l’encadrement, le milieu médical, ou la recherche (et je dirai même la police et la justice), pour ne citer que ces catégories ! Tous sont concernés par une évolution des métiers qui introduit une course effrénée au résultat, sans moyens mais avec des contraintes et des pressions qui deviennent intolérables. Les vagues de suicides chez Orange, il y a quelques temps, ou dans la police, les vagues de démissions dans le secteur hospitalier, tout cela illustre un mal-être, un déclassement social, qui gagne des catégories sociales nouvelles.
Et, comme le dit Gilles, on n’est pas révolutionnaire parce que ouvrier, on le devient par une prise de conscience des causes profondes de l’évolution des sociétés, des rapports de force sociaux en jeu. Et cela concerne tout travailleur, quel que soit son métier, quel que soit sa qualification et son salaire ! Tout comme la soumission au patronat et à ses règles concerne également des travailleurs ouvriers !
Cette prise de conscience, elle est de notre ressort.
Elle doit partir de l’expérience concrète des travailleurs, effectivement. En ce sens, l’entreprise devrait être le cadre du travail politique des communistes.
Cependant, l’essentiel des travailleurs n’est plus concentré dans de grands sites industriels comme on a connu au temps des mines, de Renault-Billancourt ou de la sidérurgie ! Comment réaliser ce travail aujourd’hui avec des salariés aux métiers si divergents dans une même entreprise, avec des sites qui regroupent au mieux dix ou cent salariés, avec des horaires différents selon les métiers ? Et je ne parle pas des précaires, des chômeurs, des jeunes en formation ou en stage !...
Si l’on veut que le mouvement communiste reprenne de la force en France, cela nécessitera de résoudre cette difficulté. D’autant plus que les effectifs militants actuels ne sont pas ceux des années 60/70 et que le Parti communiste subit les conséquences des effets dévastateurs de l’abandon de la formation des militants et de la destructuration volontaire de son organisation et de sa pensée.

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