Tant que l’on convaincra les peuples que rien n’est pire que la sortie de l’Euro

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 2%

Ce matin à propos des écoutes de l’Elysée, les commentateurs de radio et de télévision font chorus : la seule solution serait dans la constitution d’un service d’espionnage d’une taille appropriée et donc garantie de notre indépendance à l’égard de Etats-Unis. On croit rêver, depuis quand l’Europe est-elle autre chose que l’instrument de la vassalisation à l’égard des Etats-Unis, sans parler des ex-pays de l’est, de la Pologne aux pays baltes qui eux se foutent complètement de l’Europe et selon le mot récent d’un dirigeant polonais acceptent de faire des gâteries aux USA sans même en référer à la mère maquerelle Allemande. Le problème n’est pas la taille de l’Europe face aux Etats-Unis, il est dans un choix de société dont le bras armée est et reste les Etats-Unis. Un choix de société dont les deux mamelles sont l’austérité pour les peuples et le bellicisme généralisé. Pillage et concurrence sans limite.

Alors quand on nous présente l’indépendance sous la forme d’un plus d’intégration, il y a un parfum d’escroquerie et il ne s’arrête pas à l’espionnage entre alliés. On croit rêver mais le fait est là et ces stipendiés US que sont nos médiacrates ne font que traduire la victoire idéologique sur le peuple français que l’on a réussi à convaincre comme les autres que la sortie de l’euro serait un tel cataclysme que tout, je dis bien tout vaut mieux que cette extrémité, parce que dans le fond il s’agit de la rupture avec le capitalisme que personne n’ose envisager..

Et c’est ici que nous sommes confrontés à la deuxième question de l’heure ou plutôt de l’euro, la Grèce. Le bras de force mené contre ce pays et qui malheureusement est en train de réussir est simplement de démontrer aux peuples qu’il n’y a pas d’autre issue que l’austérité imposée. Tant que le mouvement anti-austérité qu’il soit mené par Tsipras ou Laurent-Mélenchon se donnera comme limite ce refus de la sortie de l’euro, il sera condamné à l’impuissance et paraîtra devoir être mené par une extrême-droite qui joue les simulacres de Rébellion.

Ce qui faisait la force du mouvement grec qui a néanmoins réussi un léger ébranlement européen c’était le mouvement populaire et surtout le fait que la coalition héréroclite avait une armature qui s’était renforcé avec le KKE malgré son refus des illusions ou plutôt à cause de ce refus. Syriza est un conglomérat avec une forte composante de ce que chez nous on appelerait « les frondeurs », c’est-à-dire des ventres-mous à leur tête. Ils ont conduit le peuple grec sur cette voie illusoire d’imaginer que l’on peut résister à l’austérité imposée sans le courage de la rupture avec le licol d’étranglement de l’euro.

Que pouvait-on dire nous communistes français dont les dirigeants entretiennent les mêmes illusions, ont cru pouvoir mener une lutte par procuration ? A côté de nous Syriza ne manquait pas de mérites, ne serait-ce qu’en matière de politique internationale. Grâce à ce parti, le notre est passé de l’idée que les aventuriers étaient dans le Donbass, que le maïdan était démocratique et Poutine l’agresseur à l’idée que l’oTAN menait une politique aventuriste sur le continent européen. Bref à côté du Front de gauche le gouvernement grec et le peuple grec étaient cent pas en avant. C’est dire l’appui que nous pouvions fournir au peuple grec.

Tsipras a dî concéder des coupes sur les pensions de retraite et la hausse de la TVA et sans rien obtenir au titre de l’allégement de la dette. Merkel a aussitôt insisté sur le fait que l’on restait dans le cadre antérieur… C’était ça ou l’aide aux banques grecques coupées. Le danger est là, celui déjà à l’œuvre dans l’hétéroclite coalition, le refus d’une telle capitulation et l’entrée dans le rang des autres. Qui ne voit stratégie de l’Eurogroupe : exiger toujours plus de concessions, le gouvernement grec s’est donné des limites de protection des plus pauvres, les dirigeants de l’Europe attaquent sans cesse ces limite, non pas parce qu’elles ont de l’importance dans le remboursement de la dette, mais parce que c’est là que se joue la mise à genoux. Il faut atteindre la TVA, les pensions et rien d’autre autrement on laissera seul le gouvernement grec face au FMI. Voilà ce qu’est l’Europe face aux institutions hégémoniques étatusiniennes qu’il s’agisse de l’économie ou de l’OTAN.

Est-ce que nous Français qui depuis des mois nous battons par procuration grecque en tirerons la moindre leçon ? Et qui le fera ? Peut-être un jour les dirigeants du PCF comprendront-ils que l’on ne peut pas lutter contre la résistible ascencion de l’extrême-droite en France et en Europe, que l’on ne peut pas ouvrir une perspective de paix, d’égalité et de fraternité sans affronter ce qui nous tue et nous contraint à nous incliner devant le capital, bref être comme un quelconque Hollande ou Valls, toujours prêt à esquisser un discours de gauche tout en s’inclinant à l’idée des conséquences.

Voilà, il est probable que tout est fait pour diviser le peuple grec qui refuse l’austérité entre ceux qui veulent aller jusqu’à la sortie de l’euro et les autres qui tremblent parce qu’ils ont encore quelque chose à perdre devant les conséquences.

Alors imaginez la France et les bobos qui imprègnent de leur mauvaise humeur impuissante ce qui jadis fut l’esprit du peuple français, quitter l’euro, vous n’y pensez pas mon brave et acceptez donc les conséquences de ce qu’est l’europe, sa vassalisation aux Etats-Unis… Ces derniers espionnent nos chefs d’Etat, ils auraient bien tort de s’en priver, d’ailleurs on devrait créer un espionnage européen intégré à l’OTAN pour mieux faire la guerre aux Chinois et aux Russes qui menacent l’occident démocratique.
Tant que l’on convaincra les peuples que rien n’est pire que la sortie de l’Euro, et dieu sait que nos dirigeants communistes dans une entente totale avec mélenchon font tout pour nous en persuader on ne voit pas comment il en sera autrement. Un mot encore, les élections régionales prochaines sont chacun en a bien conscience un pas de plus vers l’intégration européenne avec des landers à l’allemande, comment peut-on nous inviter à voter contre la politique du gouvernement socialiste sans jamais éclairer les enjeux sur lesquels celui que nous avons pris pour modèle est en train d’écraser la révolte de son peuple ?

Voilà pourquoi ce blog ne parle que très rarement de cette question, il est difficile de tenter de remonter les chutes du Niagara sans la moindre organisation collective.

Danielle Bleitrach

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