Solidarité avec la résistance grecque, pas avec son oppresseur !

, par  pam , popularité : 2%

Le lancement d’une pétition par l’Humanité en solidarité avec la résistance du peuple grec est une excellente initiative. Mais il faut pour cela écouter ce que dit justement le peuple grec, et ne pas lui proposer de solution qu’il refuse. Le pire serait sans s’en apercevoir, de se trouver du coté de ceux contre lesquels le peuple grec résiste.

Le texte de la pétition fait de la solidarité avec le peuple grec une action pour l’Euro et l’Union Européenne. Drôle de choix quand les grecs n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer et l’Euro, et cette Union Européenne qui envoie ses consuls mettre à bas la démocratie dans le pays dont on dit qu’il l’a inventé...

Le constat de la guerre menée contre le peuple grec est bienvenue, et il est tout à fait juste de souligner que les autres peuples sont tout autant attaqués.

Le Peuple grec est en situation de légitime défense. On tente de lui imposer des politiques d’austérité insupportables. Les plans successifs échafaudés à Bruxelles ou par le conseil européen et présentés à intervalles de plus en plus réguliers comme le seul moyen de le « sauver » du surendettement et de « sauver » l’euro, sont à chaque fois en échec. En se soumettant toujours davantage au diktat des marchés financiers on ne traite pas le malade. On le tue. Poursuivre dans cette voie est aussi insensé que dangereux. L’austérité, fait mal aux peuples européens, elle frappe aussi l’Europe de plein fouet.

Mais le texte affirme tout de suite, que la solidarité avec la Grèce est la seule "voie de salut pour l’Euro et les partenaires d’Athènes... " Tout journaliste, tout militant qui s’intéresse à la Grèce et qui suit les débats animés de ce peuple très politique qui manifeste, proteste, depuis des mois avec des centaines de milliers de voix qui prennent la parole, tout le monde sait que l’Union Européenne et l’Euro sont mis en cause fortement. Il y a bien sûr le parti communiste grec qui affirme sans hésitation que l’Union Européenne est une machine capitaliste et que la Grèce doit sortir de l’Euro et annuler unilatéralement la dette, mais ce sont au delà des communistes des milliers de grecs qui se passionnent pour ce débat et qui s’expriment souvent avec rage contre l’Union Européenne.

Comment peut-on alors leur affirmer sans même faire écho à leurs batailles

Il faut un véritable plan de solidarité avec la Grèce. C’est aussi la seule voie du salut pour l’euro et les partenaires européens d’Athènes. La Banque Centrale Européenne (BCE) doit aider à relancer la croissance et l’emploi en Grèce et partout ailleurs, en finançant - au taux auquel elle prête aux banques à 1% voire moins -, les Etats et leurs services publics, en leur permettant ainsi de sortir de leurs dépendances des marchés financiers et de leurs taux d’intérêt usuraires.

De qui faut-il être solidaire ? du peuple grec ? des peuples en lutte contre l’austérité et la guerre menée par le capitalisme contre les salaires et les conditions de vie de tous les peuples ? Ou faut-il comprendre en lisant cette pétition qu’il faut s’inquiéter pour la construction européenne, qu’il faut trouver une "voie de salut" pour sauver l’Euro ?

La construction européenne ne survivra pas à cette fuite en avant. Les peuples en lutte contre l’austérité ont raison. Ils ont besoin de toute notre solidarité.

Si la construction européenne, celle du FMI, de la BCE, des commissaires, des directives, de ces institutions antidémocratiques que le peuple de France, après d’autres, a rejeter en 2005 mais qui lui sont imposées, si cette construction s’écroule, qui peut s’en inquiéter ? A part bien sûr, ceux qui en profitent, ceux qui l’ont créé, ceux qui la défendent, les capitalistes, les forces réactionnaires et fascisantes qui repensent à cette maxime de leurs ainés "plutôt Hitler que le Front Populaire". De la présence de l’extrême droite des colonels au gouvernement, à ce dirigeant hongrois qui était parait-il libéral et qui serait devenu fascisant, mais dont on est sûr qu’il est et a toujours été anticommuniste, jusqu’à ce Sarkozy candidat courant derrière le Front National pour ouvrir une issue fascisante à la crise de domination des élites Françaises, tout montre que les bourgeoisies feront tout pour conserver ces institutions européennes qui leur permettent de dominer les peuples et de leur imposer une fantastique régression des salaires et des conditions de vie. Quand ils jouent de l’opposition apparente entre nationalisme et européannisme, c’est pour mieux masquer leur accord sur le contenu capitaliste de toutes leurs politiques, de gauche comme de droite.

Comment l’Humanité peut-elle conseiller aux Grecs de s’endetter, cette fois auprès de la BCE, certes à de faible taux, mais en considérant donc que la dette serait légitime et devrait être au bout du compte payée par les peuples !

Nous appuyons l’idée avancée par des économistes, des acteurs du mouvement social et des forces de gauche pour que, par le rachat de titres de dette publique à l’émission, la BCE finance directement les Etats et leurs services publics. Ce serait là le seul moyen de casser les ressorts de la spéculation contre les dettes publiques.

La revendication qui fait mouche dans les manifestations grecques est simple, et elle n’est pas affirmée uniquement par les communistes grecs ! "Annulation unilatérale de la dette" ! Comment un mouvement de solidarité en France pourrait ainsi agir contre la revendication portée par un peuple en colère ?

Les différents partenaires de la zone euro doivent pouvoir user du pouvoir de la BCE de créer de l’argent pour financer les immenses besoins de notre temps (sociaux, écologiques, énergétiques, sanitaires etc) et répondre enfin présent à la nécessaire solidarité européenne.

Comment peut-on faire croire que le problème de l’Europe serait un problème de solidarité entre les pays ? Comme si c’était aux Allemands de payer pour les dettes grecques, portugaises ou espagnoles... ? Ce qui est bien sûr le plus sûr moyen d’aggraver au contraire les réactions nationalistes ! Non, les armateurs et la bourgeoisie grecque ont de quoi payé ! Ils ont d’ailleurs profité des énormes dépenses d’armement que tous les pouvoirs grecs ont maintenus depuis des décennies. Et les fonds privés grecs placés à l’étranger dépassent le montant de cette fameuse dette ! D’ailleurs sur l’ensemble de l’Union Européenne, les patrimoines privés représentent plus de 10 fois le total des dettes publiques et privées ! Nos pays sont bien des pays riches, mais dans lesqules les inégalités se creusent. Et ce sont des choix politiques portés par les états et organisés par les institutions européennes qui ont fabriqué ces dettes publiques qu’on veut désormais faire payer aux travailleurs !

Le Fonds Européen de Stabilité Financière mis en place par l’UE doit être transformé en un fonds européen de développement social et écologique et dévoué à cette optique. Et la recapitalisation des banques ou leur nationalisation doit être conditionnée à une autre politique du crédit au service de ces objectifs.

Cette pétition n’est pas une action de soutien au peuple grec, mais une tentative de justification des propositions politiques du Parti de la Gauche Européenne qui continue à considérer qu’on peut mener dans un système capitaliste une politique en faveur des travailleurs sans mettre en cause ce système et ces institutions...

L’Europe est à un tournant. Elle ne peut sortir de la crise que si elle s’émancipe de la dictature des marchés financiers et se rend capable d’une promotion sociale, démocratique et écologique partagée.

La dictature bien réelle n’est pas seulement celle des "marchés financiers" comme si ces marchés étaient des monstres extra-terrestres, mais bien la dictature de bourgeoisies qui se sont donnée des institutions européennes pour supplanter les cadres politiques nationaux jugés trop accessibles aux peuples et à leurs luttes. Quand Sarkozy et Merkel ont convoqué Papaandréou qui voulait faire un référendum sur les réformes en Grèce, ils l’ont traité comme un sous-fifre d’une colonie, et ont confirmé ce que tout le monde sait depuis le résultat du référendum de 2005 en France. Dans le cadre de cette Union Européenne, les peuples n’ont pas d’autre avenir que celui de cette dictature. Ils ne peuvent en sortir qu’en retrouvant leur souveraineté populaire, en trouvant, chacun dans sa situation spécifique et ses repères historiques, les voix de socialismes européens du XXIème siècle.

Il faut d’urgence une autre pétition qui fasse clairement le choix de la solidarité avec le peuple grec qui se bat, en reprenant ses propres revendications. De ce point de vue, qu’on partage ou non les analyses du parti communiste grec, le minimum pour le Parti Communiste Français et pour l’Humanité, c’est de faire connaitre ses positions, quitte à les situer dans un débat nécessaire.

Voir en ligne : un résumé des analyses des communistes grecs

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