Sabiha Ahmine : pour moi André Chassaigne est une candidature de sobriété

, par  Sabiha Ahmine , popularité : 3%

« La porte du bonheur est une porte étroite, ne me dites surtout pas que c’est la porte à droite » nous prévient l’immortelle poète du peuple de gauche, Jean Ferrat. Car en effet il faut toujours se méfier des dérives droitières d’où quelles viennent : du PS comme du PC et même de l’extrême gauche.

En lisant attentivement les courriers et autres positions d’André Chassaigne à propos de sa candidature qui n’est pas soutenue officiellement par le PCF, et sachant qu’il ne peut lutter à armes égales face à son adversaire du Parti de Gauche, comme de nombreux communiste je me suis inquiétée et révoltée face à cette injustice. D’où ma question : vraiment, avec JL Mélenchon ne sommes-nous pas en train d’assister à un nouveau renoncement et une nouvelle dérive droitière ?

Pour analyser ce glissement droitier, qui n’est pas uniquement sémantique, un retour oblige vers les fondamentaux. Loin de moi d’opposer Jaurès à Lénine ou Trotski à Rosa Luxembourg, mais il est judicieux de se méfier des dérives du gauchisme, fréquentes dans le réformisme trotskiste. Tout le monde sait en effet qu’une alliance se construit avant tout sur des idées, des projets et des luttes. Sur la confiance, la coopération et pas sur la défiance et le chantage électoralistes tels que aujourd’hui avec le FG. Le modèle de la « Poule mouillé » utilisé comme posture électoraliste par le Parti de gauche dans son appréhension du PC, est devenue une source de division alors que son résultat électoraliste est incertain et imprévisible, à court comme au long terme. Combien même on peut avoir tort, c’est la nature de cette démarche même, le « Front-Chantage », qui pose problème. Car pendant ce temps là ce sont les classes populaires qui souffrent.

C’est pourquoi, face à ce défi et après une fine analyse de la situation sociale et économique ainsi que les enjeux politiques, j’appelle à soutenir André Chassaigne. La raison qui a guidé ce choix est celle-la même qui m’a toujours poussé à me placer, comme d’habitude, du côté des plus humbles et des gens modestes.

Voter Chassaigne ce n’est pas seulement un moyen d’éviter l’émiettement de la gauche ou freiner le déclin du PCF, c’est aussi et surtout pour tirer les leçons d’une débâcle annoncée. En effet, après l’expérience ratée des collectifs antilibéraux en 2007, la création du Front de Gauche en 2008 avait suscité de nouveau l’espoir. Comme d’autres militants de bases, j’avais misé sur le Front de gauche comme un nouvel outil de transformation sociale et populaire, un moyen novateur d’implication du plus grand nombre les citoyens, sans discrimination d’origine, qui auront toute leur place dans le débat politique. C’était l’occasion de mettre en œuvre une démarche émergente pour la constitution d’un pôle de radicalité pour faire avancer la condition humaine dans son ensemble.

Mais force de constater, rien de tout cela n’a eu lieu. Que ce soit lors des européennes, des régionales ou des cantonales, ce sont les pratiques autoritaires et sectaires qui se sont amplifiées avec l’hémorragie de militants communistes de qualité, le surcroît sans précédent de l’abstention dans la souffrance, et le déclin continu du PCF. Cela avec toutes les dérives droitières qui vont avec : la personnalisation et la médiatisation artificielle au détriment d’une démarche citoyenne unitaire et novatrice. Une démarche qui, sans se couper du mouvement social, devait faire entendre la voix des opprimés dans les institutions. Un projet qui doit allier utopie, stratégie de transformation de long terme et tactique électorale de court terme. Le choix des personnes, des alliances et candidats doit répondre à cet impératif historique et citoyen.

Or à peine deux ans après, l’espoir est brisé. Car l’absence d’un véritable débat démocratique et citoyen, la persévérance d’un fonctionnement clanique, sectaire, dont le seul objectif est la survie matérielle de l’appareil, a démobilisé des franges entières de citoyens dont je fais partie. La mise en place d’une mécanique purement opportuniste et attentiste a réduit « le Front de gauche à une alliance de sommet et conditionnant sa réussite au choix d’un candidat incontournable », comme le dit clairement André Chassaigne.

Aujourd’hui, quelle que soit l’issue de la lutte actuellement engagée au sein du PCF sur les candidatures 2012 et autres divisions constaté avec le Front de Gauche, les souffrances de la crise capitaliste, au nord comme au sud, restent malheureusement déterminantes. Nous dépassent et nous poussent à plus de rigueur, à plus de responsabilité, d’honnêteté et de sobriété.

L’histoire nous apprend que la révolution sociale qui secoue aujourd’hui le monde déborde nos petites ambitions électoralistes. Malgré les tentatives de faire périr les fleurs du printemps populaire arabe pour éviter la contagion, une question récurrente revient : qu’est-ce qui cimente une véritable démarche de transformation sociale ? La réponse est simple : ce n’est sûrement pas une girouette sans fondement politique, ni une petite tractation d’appareil et autres compromis médiatiques.

Le vrai ciment c’est, d’abord la conscience, le présage, le dévouement, la constance, la modestie et l’esprit de sacrifice et d’héroïsme. C’est, ensuite, notre aptitude à se raccorder avec le mouvement social. Pas pour communiquer et dire que nous étions, mais pour être du côté des plus humbles et des gens modestes, sans discrimination et sans instrumentalisation du communautarisme, pour les guider pacifiquement vers les chemins triomphants et vers la véritable révolution citoyenne.

Troisièmement, c’est la justesse de la direction politique qui est déterminante dans cette alliance : la justesse de sa stratégie et de ses choix, de sa tactique politiques, qui sont capable de transformer la société, pas uniquement avec des discours mais avec des actes à l’intérieur comme à l’extérieur des institutions.

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