Lettre ouverte : où va monsieur Mélenchon...
Serez-vous le dernier défenseur du capitalo-parlementarisme ?

, par  Jacques Lacaze , popularité : 3%

France 3 a diffusé mardi 8 janvier 2013 un film retraçant une partie de la vie de l’immense résistant que fut « le préfet du maquis limousin » Georges Guingouin. Le « Grand » est indiscutablement un des très grands de notre histoire nationale. J’ai pris connaissance de sa vie de résistant dès la sortie de son livre : « Quatre ans de luttes sur le sol limousin » en 1974. C’est après 68, que les résistants se sont mis massivement à témoigner. 68, ce fut la joie et l’espoir qu’avait fait naître le grand mouvement étudiant et le mai ouvrier, le plus grand mouvement gréviste de notre histoire. Je pense toujours, que la fusion révolutionnaire de ces deux mouvements aurait pu être porteuse d’un vrai avenir pour notre peuple. Elle était attendue de tous, mais a été durement contrecarrée. C’est donc d’un œil critique que j’ai vu et écouté la télé hier soir. J’ai, il faut le dire, été déçu, car je pense que les problèmes politiques réels, posés par les divergences entre d’une part les résistants de la première heure incarnés par le Grand et d’autre part le PCF de la Libération, puis des « 30 glorieuses », ont été mal traités, même si l’essentiel était dit. Le Parti Communiste Français a marqué l’histoire de notre pays, de l’Europe et du Monde. Cette histoire appartient à tous et sa connaissance ne peut qu’être construite par des historiens honnêtes traquant la Vérité si difficile à cerner. Toute instrumentalisation, provenant des forces diverses de notre éventail politique, amis ou ennemis du peuple, caricaturant et déformant cette histoire, devrait être rejetée par les esprits lucides et libres. De ce point de vue, le film d’hier soir n’a pas été exemplaire.

Mais je veux retenir de ce film, les mots que Georges Guingouin a prononcés quand il a été élu Maire de Limoges (je cite de mémoire) : « nous nous sommes battus tous ensemble pour la Liberté. Nous devons nous battre aujourd’hui pour l’Egalité et la Fraternité ».

Monsieur Mélenchon, dès l’annonce de votre candidature à la présidence de la République, j’ai mis en garde mes camarades syndicalistes, le 23 décembre 2011. Je l’ai fait en ces termes : « … faut-il voter et appeler à voter ? Pour moi, aujourd’hui c’est non. Faut-il se servir des campagnes électorales pour avancer nos revendications, c’est faisable … ».

Puis j’ai le 2 avril 2012 fait circuler sur internet le texte (repris dans sa totalité également en annexe) dont voici des extraits :

« … cette campagne électorale est d’un classicisme total. Mélenchon au nom du Front de Gauche la mène sur un programme précis. Ce programme est très superposable à celui de Mitterrand de 1981, sauf que ce dernier proposait – hypocritement – d’en finir avec le capitalisme et proposait le socialisme comme alternative. Mélenchon se garde bien de le faire. Il ne dit strictement rien sur la sortie de l’Europe et de l’euro. Il continue à parler de l’Europe sociale… Cette campagne personnalisée à outrance s’inscrit à 100% dans la tradition "démocratique" d’un état entièrement aux mains de la bande du Fouquet’s. Elle connaît certes une mobilisation très importante de militants syndicalistes en particulier, qui traduit un grand espoir et un ras le bol du sarkozisme … Cette campagne, ne peut que renforcer cette démocratie représentative … Mélenchon et le Front de Gauche, se sont bien gardés d’appeler à la constitution de comités de base, dans les quartiers, les entreprises, les universités etc. De fait seul le discours mélenchonien est à l’ordre du jour … « c’est mon programme » : à prendre ou à laisser … Imaginons … si Mélenchon avait proposé avec lucidité et courage d’appeler à la constitution de tels comités, d’appeler au débat citoyen et à l’action, sur la base de nos luttes dans les entreprises, les quartiers, les écoles, les universités, partout et à la base, la campagne prenait une tout autre allure. Les luttes pour les salaires, les retraites, les conditions de travail, le maintien des emplois, le produire en France et donc le refus de délocaliser les entreprises, les luttes contre les fermetures de classes, les luttes pour défendre les droits sociaux acquis, les luttes des sans papiers, bref, les innombrables luttes des travailleurs, qui font notre quotidien depuis des années, auraient pu s’exprimer avec force et s’épauler entre elles. Alors là oui, un formidable mouvement citoyen, populaire et démocratique aurait pu prendre son essor et laisser de côté la comédie électorale ».

Si vous aviez eu le courage politique et la large vision historique d’un Chavez – il ne suffit pas d’aller le rencontrer pour acquérir sa stature historique – vous auriez convoqué vos meetings à l’arrivée de la marche des sidérurgistes de Lorraine, chez les Fralib, sur les vrais lieux de la lutte de classe. Les milliers de militants qui se sont mobilisés et surtout ceux qui se sont remobilisés pour votre campagne – je pense aux militants et anciens militants du PCF - auraient compris qu’un nouveau et vrai combat dans les entreprises et la rue pouvait se développer et être porteur d’avenir en ciblant le cœur de l’exploitation capitaliste et s’appuyant résolument sur les luttes. L’aurore pouvait se lever et pas seulement au pays noir.

Pourquoi le Révolutionnaire Zapatiste se fait-il appeler sous-commandant Marcos ? Parce que le Commandant est le Peuple, Monsieur Mélenchon, et vous avez refusé qu’il en soit ainsi en France aujourd’hui. Vous avez tourné le dos aux magnifiques commandants d’Amérique du Sud qui sont totalement avec le peuple et à son écoute.

Ce matin encore (mercredi 9 janvier 2013 sur RMC) vous affirmez que vous n’êtes pas dans l’opposition au gouvernement Hollande, ce gouvernement qui continue et aggrave les politiques de Sarkozy et Chirac. Pire, vous vous vantez de l’avoir fait élire ! Bref, vous restez dans la tradition du capitalo-parlementarisme dont parle Alain Badiou. Cette idéologie est la déformation de la Démocratie, fruit des luttes du peuple, par la bourgeoisie. Elle est aujourd’hui le moyen pour tromper les travailleurs de ce pays et leur faire désigner périodiquement ceux qui ont pour tâche d’assurer et pérenniser la domination du grand capital. Vous n’ignorez quand même pas, que les décisions au niveau de l’état se prennent dans des lieux très fermés comme le club dit « le siècle » associant les politiciens de droite et de gauche aux hommes du grand capital et des médias à leur service. Bref votre idéal est de réduire votre ambition politique à être la mouche du coche d’Hollande et du PS. C’est vraiment peu glorieux !

Le grand poète et résistant Paul Eluard, dans « La victoire de Guernica », énonce cette évidence « Ils persévèrent, ils exagèrent, ils ne sont pas de notre monde ». Vous auriez pu être un sous-commandant, mais vous êtes resté avec ces « ils » qu’évoque le Poète.

Le Commandant Peuple de France saura se lever, soyez en certain. Il le fera contre tous ses ennemis, et ceux qui veulent entraver sa marche. Il saura se doter des sous-commandants de la trempe des conventionnels de 92, des « généraux imberbes » dont parle Victor Hugo, des héros de la Résistance au nazisme, au premier rang desquels figure l’intransigeant, l’inoubliable Georges Guingouin. Il reprendra à son compte l’article 35 de la constitution de l’an I du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole le droit du peuple, l’insurrection est, pour le peuple , et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

Voir en ligne : sur le blog de Jacques Lacaze

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