Le 9 juin, à l’issue de l’élection européenne, Emmanuel Macron a choisi la dissolution de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie du pouvoir à l’extrême droite. Ce n’est pas un choix isolé. Partout en Europe et dans de nombreux pays développés, le capital et la grande bourgeoisie, font le choix de l’extrême droite pour poursuivre et amplifier leur domination, pour accélérer la casse des conquis sociaux et démocratiques, pour rétablir les taux de profits. Cela passe aussi par l’engagement de plus en plus direct et dangereux dans les guerres impérialistes de l’Otan.
Les forces de gauche se sont rassemblées dans le nouveau Front populaire pour empêcher le RN d’accéder au pouvoir, tentant de dessiner un programme de gouvernement et ouvrir ainsi une alternative.
Empêcher l’accès au pouvoir du RN, assurer la présence de députés communistes au parlement, c’est l’urgence !
L’issue du scrutin est incertaine, d’une majorité pleine ou relative de l’extrême droite à celle du Front Populaire, en passant par toute une série de combinaisons possibles autour de Macron et des sociaux libéraux.
Ce qui est certain, c’est que l’affrontement de classe s’intensifie rapidement et que des moments décisifs approchent. Dans tous les cas, les communistes devront affronter une situation nouvelle et il est important qu’ils disposent de tous les éléments des choix qu’ils devront faire et sur lesquels ils doivent pouvoir se prononcer si nécessaire par vote.
La gauche reste dominée par des forces réformistes. La classe ouvrière, le prolétariat, les classes populaires et travailleuses restent faiblement politisées et culturellement très invisibilisées. Cela ouvre un boulevard aux forces réactionnaires, qui se permettent de profiter de cette situation pour engranger des scores importants dans les électorats ouvriers et employés. Nous avons commencé à questionner ce problème mais nous ne l’avons pas encore résolu.
Quelle que soit l’issue de ces élections, nous connaissons déjà quelques unes des questions qui nous sont posées.
- Le résultat de la campagne des européennes reste décevant par rapport à nos objectifs sans parvenir à inverser notre affaiblissement électoral. Nous apprécions positivement la place retrouvée du PCF dans l’espace médiatique et l’affirmation de son existence. Cependant, nous constatons que cela ne nous permet pas de progresser en influence électorale en même temps que nous sommes quasi siphonnés par la France insoumise dans les villes à direction communiste des grandes métropoles, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Rien ne serait pire que de passer d’une campagne à une autre sans analyse. Nous avons obligation de tirer les leçons de cet échec, en poussant la réflexion sur les 3 campagnes nationales menées depuis 2018 tout en examinant précisément les mouvements électoraux. Nous devons examiner tout aussi précisément le positionnement et l’activité permanente du parti absolument nécessaire pour reconquérir des forces organisées, peser dans le débat d’idées et la mobilisation du mouvement populaire. Notre différence par rapport aux autres forces de gauche ne peut pas reposer principalement sur des questions de styles, encore moins sur des formes de « modération ». Elle doit porter sur le fait que nous « représentons l’avenir », la vison claire des combats inéluctables et difficiles et la perspective d’une société meilleure.
- Quel que soit le résultat des élections législatives, l’arrivée possible de l’extrême droite au pouvoir dans les mois et années qui viennent restera une question centrale. Elle se nourrit des déceptions successives des gouvernements de gauche comme de droite. Nous savons qu’une partie importante des ouvriers, des employés, des catégories modestes ont fait le choix de ce vote. C’est le marqueur de de la division du peuple et de l’affaiblissement du clivage de classe au profit du clivage d’origine, de culture, voire religieux. Le PCF doit traiter ces questions et travailler au rassemblement populaire autour d’idées, de propositions, d’actions sans craindre les débats vifs ni confondre les consensus médiatiques et l’opinion réelle du pays. Vouloir résoudre ces questions sans réintroduire dans nos analyses et notre communication le vocabulaire et les concepts clés du marxisme, comme la lutte de classes par exemple, ou sans poser la perspective d’une société socialiste est illusoire. On ne convainc personne avec des circonvolutions et des euphémismes.
- La question de la guerre, de la politique de l’impérialisme dominant (bloc occidental) et de son bras armé l’OTAN va continuer de peser dangereusement sur la situation car il veut maintenir sa domination sur le monde contestée par les BRICS, de nombreux pays du Sud et la Chine. En Ukraine, comme en Palestine et potentiellement à Taïwan ou en Mer de Chine, le bloc impérialiste pratique l’escalade et le mensonge pour maintenir la position acquise de « gendarme du monde ».
L’injustice faite au peuple palestinien est devenue pour des millions de citoyens en France le symbole du « deux poids, deux mesures » et d’une colonisation qui persiste.
Le soutien officiel de la France à l’Ukraine en réalité à l’OTAN sous direction de l’impérialisme US, avec livraisons d’armes et possible envoi de troupes ,ne fait plus consensus. Il inquiète quant aux risques d’une guerre durable, coûteuse pour le peuple français, mais profitable pour le grand capital, germe d’un conflit qui pourrait se mondialiser.
Nous avons sous estimé le poids de ces questions dans le scrutin européen et cela nous a affaibli. Ne devons nous pas renouer avec une activité internationaliste importante, investir les lieux de débats des partis communistes du monde, développer les actions de solidarité internationale, mener une grande bataille pour la paix (comme l’énoncent nos décisions de congrès) ? Il est temps de se démarquer clairement de la propagande impérialiste et OTANIENNE, de s’opposer à l’envoi d’armes qui n’aboutit qu’à prolonger la guerre, à massacrer des civils et à mobiliser de force des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs pour les envoyer mourir dans les tranchées.
Les premiers signataires :
Robert BRUN (26), Stéphane BAILANGER (33), Luc Bazin (26),Marie-Christine BURRICAND (69) Conseil National, Clara GIMENEZ (34) Conseil National, Gilles GOURLOT (75) Conseil National, Kevin GUILLAS (75), Fabienne LEFEBVRE (94) Conseil National, Franck MARSAL (33), Jean-Pierre MEYER (83) Conseil National, Pierre-Alain MILLET (69), Leila MOUSSAVIAN HUPPE (33), Willy PEPELNJAK (38) Conseil National, Hervé POLY (62) Conseil National, MireillePopelin (69) Gilbert REMOND (69), Benoit ROGER (62) Conseil National, Laurent SANTOIRE (92), Danielle TRANNOY (33)