Bien sûr traquer et punir les coupables. Mais poser publiquement la question : comment se fait-il qu’ils aient pu (...)
Cantonales, leçons d’un vote
Le FN progresse partout, contre la gauche et contre la droite
Un article utile de Jérôme Fourquet, responsable à l’Ifop, qui étudie, pour l’Humanité, la nature du résultat aux cantonales de la formation lepéniste. Il répond aux questions posées sur l’importance ou non du score "apparent" du FN qui pourrait être surévalué par l’abstention, sachant que le FN ne progresse pas en voix. Mais si l’abstention reste le phénomène le plus marquant de ces élections, cette étude confirme la réalité de la capacité de mobilisation du FN, dans tous les électorats.
En dépit des commentaires sur « l’échec du FN », analyse fondée sur le très faible nombre de cantons gagnés, on constate une progression importante de plus de 10 points, quelle que soit la configuration de second tour (voir tableau ci-dessous).
Le FN progresse autant face au PC que face au PS ou à l’UMP. Cela démontre qu’il dispose de réserves importantes et diversifiées. Dans les cantons où se déroulait un duel droite-FN, la progression de près de 11 points du score du FN ne peut s’expliquer sans reports significatifs d’une partie de l’électorat de gauche. On peut, certes, objecter que les renforts en voix dont a bénéficié le FN dans ces cantons pourraient provenir d’abstentionnistes du premier tour ou d’électeurs de candidats de droite éliminés, mais cela ne saurait suffire à produire une poussée de 11 points pour le FN au second tour. De notre point de vue, des reports conséquents en provenance de la gauche ont bien eu lieu. Pour s’en convaincre, on peut s’intéresser au cas de cantons où le nombre de suffrages exprimés a très peu varié entre les deux tours et où il n’y avait, au premier tour, que des candidats de gauche et un candidat du FN et un candidat de droite. Dans ces cantons où la gauche a été éliminée laissant la place à un duel droite-FN, l’observation des transferts est donc plus aisée et plus nette. Or, comme on peut le voir dans le tableau suivant, il apparaît de manière assez manifeste qu’une fraction de l’électorat de gauche a voté FN au second tour (voir tableau ci-dessous).
De la même façon, la forte progression du FN face à la gauche indique qu’une part significative de l’électorat de droite du premier tour dans ces cantons n’a pas opté pour le « ni, ni » et a voté Front national au second tour. On constate d’ailleurs une corrélation assez marquée entre la progression du FN entre les deux tours et le score atteint par les candidats de droite élimés au premier tour. En d’autres termes, dans ses duels face à la gauche, le FN a d’autant plus progressé qu’il disposait de « réserves » importantes dans l’électorat du ou des candidats de droite éliminé(s) au premier tour (voir tableau ci-dessous).
En revanche, on n’observe pas de lien évident entre l’ampleur de la progression du FN entre les deux tours et l’évolution du nombre de suffrages exprimés (indicateur qu’il nous semble plus pertinent à prendre en considération que la stricte participation car, dans ce type de configuration, le nombre de bulletins blancs et nuls est assez élevé et peut venir contrebalancer une hausse de la participation). Comme le montre le tableau suivant, le nombre d’exprimés recule très faiblement dans les cantons où la poussée du FN a été la plus forte mais évolue également assez peu dans les cantons où le vote frontiste a le moins progressé (voir tableau ci-dessous).
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