Le racisme et l’unité de la classe ouvrière

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Suite aux différents échanges autour des articles de G. Politzer sur le racisme, Jean Jullien m’a envoyé cet article qu’il avait publié dans le bulletin des CGT. Une contribution qui est claire et efficace sur le sujet dans ses particularités et ses conséquences actuelles. Il aide à nous éloigner du piège tendu par celui qui tourne autour de l’islamophobie et de son négatif sécuritaire qui nous place sur le terrain de nos adversaires de classe.

Gilbert Rémond


Aujourd’hui à écouter les médias, on croirait que nos classes dirigeantes ont toujours condamné le racisme, et pour un peu, ces messieurs viendraient nous donner des leçons.

En fait, c’est la fin du nazisme qui a contraint les monopoles capitalistes (lesquels avaient appelé de leurs vœux la défaite devant Hitler) à condamner le racisme et l’antisémitisme.

Car les sentiments « humains » du patronat ne pèsent pas lourd devant leurs profits.

La richesse de nos capitalistes repose largement sur le pillage et l’exploitation des peuples d’Afrique et du Maghreb, pillage accompagné du mépris du colon pour les peuples indigènes.

Après avoir perdu les guerres coloniales, la France a parqué les harkis dans des ghettos et encouragé l’immigration pour faire tourner les usines avec les OS africains, algériens, marocains et tunisiens. Les patrons ont ainsi disposé d’une main d’œuvre bon marché faisant concurrence aux ouvriers de la métropole : le racisme est le fruit pourri du colonialisme.

Communautarisme ? Non, ségrégation

Contrairement à un préjugé répandu, ce n’est pas le communautarisme qui maintient les immigrés et leurs enfants dans des quartiers sensibles, qu’ils cherchent pour la plupart à quitter avec beaucoup de difficultés, mais une forme de ségrégation, particulièrement dans les zones urbaines de plus de 50 000 habitants.

Les quartiers précarisés ou modestes (faibles loyers, concentration de logements sociaux, discriminations directes et indirectes, chômage, etc.) regroupent principalement des immigrés d’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou de Turquie.

Aujourd’hui ils se trouvent ainsi parqués dans les ghettos des Zones Urbaines Sensibles et plus encore dans les Zones Franches Urbaines, où le chômage atteint des records. La misère et le désœuvrement en font des foyers de délinquance et un vivier pour la pègre. La multiplication des contrôles policiers au faciès accentuent la division et les ressentiments.

Derrière la ségrégation, des différences de classe

Selon l’analyse du DARES de septembre 2012, les fils et filles d’immigrés maghrébins mettent en moyenne plus de 2 ans pour trouver un emploi stable contre un an pour les enfants d’origine européenne. Leurs emplois sont plus précaires, la durée plus courte et le chômage plus fréquent. La discrimination à l’embauche est de 30 à 40 % dans le taux de convocation à un entretien d’embauche.

Mais plus encore que leur nom de famille ou la couleur de leur peau, c’est l’origine essentiellement ouvrière et non qualifiée de leurs pères qui est à l’origine de leurs difficultés.

Et eux-mêmes se retrouvent plus fréquemment ouvriers à leur tour.

En fait, 60 % des pauvres vivent dans un ménage dont la personne de référence est ouvrière, employée ou inactive. La moitié d’entre eux a moins de trente ans.

La pauvreté frappe prioritairement les moins qualifiés, ceux qui ne peuvent pas faire garder leurs enfants, les bas salaires, les temps partiels et familles monoparentales (composées le plus souvent d’une femme et de ses enfants). Ainsi la pauvreté se transmet de père en fils.

Or plus de 22 % des pauvres en France sont d’origine étrangère et leur taux de pauvreté est de 2,8 fois supérieur à la moyenne.

Une propagande démagogique odieuse

Les crises capitalistes ont toujours été le prétexte à une intense propagande chauvine, raciste, aux pogroms et aux boucs émissaires.

Lorsque la rapacité des banquiers et des hommes d’affaires devient aux yeux de tous la cause de la misère populaire, du démantèlement de la protection sociale, de la destruction du travail humain et des licenciements de masse, du chômage, des expulsions, de la hausse des denrées nécessaires et de la baisse des salaires, il devient urgent pour le patronat de semer la zizanie dans le peuple.

Ceux qui ont amassé des milliards sur notre dos fustigent les assistés qui profitent de la CMU, des allocations familiales, des indemnités de chômage sans rien faire ou de retraites prématurées, en faisant valoir que les salaires sont maintenant moins élevés que les aides aux démunis et que les aides sociales seraient des privilèges.

Pour un peu on finirait par envier ceux qui font la queue aux restos du cœur !

Mais ce sont eux-mêmes qui ont baissé les salaires en-dessous du RSA et des diverses miettes de réinsertion destinées davantage à prévenir des émeutes qu’à réinsérer qui que ce soit, à l’image de la charité dispensée par les nobles de l’ancien régime.

Non content d’aiguiser la concurrence dans les salaires, le patronat attise ainsi la haine raciale, par l’entremise de partis fascistes ou de leur mouvance, qui lui sont entièrement dévoués.

Ces partis et ces individus pratiquent la démagogie, manipulent le fort sentiment d’injustice des classes populaires pour exciter les jalousies, entretenir les dissensions religieuses, les chicanes sur les mœurs et les différences culturelles, et envenimer les conflits au sein des masses.

Ils cherchent ainsi à nous diviser et étouffer la lutte de classe, et en même temps ils prêchent l’Union Nationale et la collaboration des classes pour « sauver la France »… c’est-à-dire sauver le capital.

Notre intérêt de salariés ou de retraités, comme notre devoir de syndicaliste, est de veiller à l’unité de l’ensemble de la classe ouvrière, plus précieuse que la prunelle de nos yeux. Car sans elle nous sommes à la merci de nos exploiteurs.

Jean Jullien

Sources :

Observatoire des inégalités : http://inegalite.fr/ - La ségrégation des immigrés en France : état des lieux (Population & Société – INED 2011)

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