L’appel du 17 juin 1940

, par  Comité Valmy , popularité : 3%

L’Appel longtemps « oublié » de Charles Tillon

Charles Tillon est né en Juillet 1897. Mobilisé en 1916 dans la marine, il est l’un des dirigeants de la mutinerie de la mer Noire en juin 1919, ce qui lui vaut d’être condamné à cinq ans de bagne au Maroc. Il adhère au PCF et à la CGTU, devient membre du Comité central du Parti Communiste en1932. En 1936 il est élu Député d’Aubervilliers.

En décembre 1939, Benoît Frachon, au nom de la direction du Parti communiste, l’envoie à Bordeaux où dans la clandestinité il prend pour le PCF, la responsabilité de la région. Le 17 juin 1940, alors que les allemands sont entrés dans Paris, Philippe Pétain accède au pouvoir : « C’est le cœur serré, annonce-t-il dans un discours radiodiffusé, que je vous dis qu’il faut cesser le combat ».

C’est ce même jour, après avoir entendu l’appel de Pétain à la capitulation, que Charles Tillon rédige un appel intitulé selon certains : « Peuple de France » et dont le soir même, il entreprend la diffusion. Charles Tillon sera l’un des principaux organisateurs de la Résistance communiste et sera le chef du Comité militaire National des Francs-Tireurs et Partisans, auquel participa également Laurent Casanova en tant que représentant du Front National [1].

L’appel lancé par Charles Tillon le 17 juin 1940, est un appel à la résistance sur le territoire national. C’est explicitement un appel au combat anti-fasciste et pour la reconquête de l’indépendance nationale… « Cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige, Charles Tillon est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France… » : lire ci-dessous, la présentation de l’appel rédigée par Antoine Porcu dans L’Humanité du 4 mars 2006.

Charles Tillon et d’autres prestigieux dirigeants communistes de la Résistance, tels Laurent Casanova, Marcel Servin, Pierre Hervé (membre du CNR), Maurice Kriegel-Valrimont, Jean Pronteau, Jean Pierre Vigier, Georges Guingouin… ont été par la suite, démis de leurs responsabilités à la direction du PCF et le plus souvent, exclus du Parti.

Ce fut une erreur stratégique fondamentale aux conséquences euro-atlantiques toujours actuelles. L’Histoire montre que pour nous communistes, d’hier et d’aujourd’hui, une autre stratégie, que celle qui allait mener au pouvoir un pétainiste reconverti dans l’euro–atlantisme pour installer la dictature maastrichtienne, était et reste possible.

Après 60 ans d’errance stratégique, il est bien tard, mais d’autant plus urgent de revenir à l’esprit de la Résistance et du rassemblement populaire autour du programme réactualisé du CNR.

Claude Beaulieu, Comité Valmy, le 16 décembre 2008.


L’appel du 17 juin 1940 :

Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.

Ils ont tout trahi.

Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme.

Mais le peuple français ne veut pas de la misère, de l’esclavage, du fascisme.

Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.

Il est le nombre : uni, il sera la force.

Pour l’arrestation immédiate des traîtres,

Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.

Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION !

Charles Tillon, Gradignan, 17 juin 1940

Source : F.T.P. Soldats sans uniformes


Antoine Porcu présente le texte de cet appel et en explique le sens dans L’Humanité du 4 mars 2006 :

« L’appel de Charles Tillon est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles Tillon est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme.

Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIe Internationale. Celle-ci réduisait la guerre en cours à un affrontement anti-impérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. À l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le "fascisme hitlérien", dans le droit fil de la stratégie du Front Populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu.

Depuis la Libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti Communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d’accusation, c’est le rapport même des communistes au peuple français de l’époque qui est questionné. L’appel de Charles Tillon permet de lever toute ambiguïté. Il prouve que l’engagement des communistes s’est fait indépendamment des directives de la IIIe Internationale.

Car cet appel n’est pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige, Charles Tillon est mandaté par le Comité central pour réorganiser le parti communiste dans tout le Sud-Ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé par de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été avant tout un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. »

Antoine Porcu dans un entretien donné à l’Humanité du 4 mars 2006.

Voir en ligne : L’Appel longtemps « oublié » de Charles Tillon, sur le site du Comité Valmy

[1Le Front National dont il est question n’est pas celui de Le Pen, mais un large rassemblement anti-fasciste et patriotique de la Résistance, créé à l’initiative des communistes et tout particulièrement de Pierre Villon.

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