L’alternative européenne au défaut de paiement grec et la drachme, par Dean Baker (The Guardian)

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Article du guardian qui présente clairement une alternative à la crise grecque :
- une réponse grecque, basée sur la sortie de l’Euro, la renégociation de la dette, ce qui suppose bien sûr pour être en position de force l’affirmation du refus de la payer,
- une réponse européenne, qui, aux dires de l’auteur, serait préférable pour l’Euro, mais dont il explique bien qu’elle suppose que l’Allemagne accepte de relâcher la contrainte d’austérité et d’accepter un peu d’inflation au cœur de l’Europe. tout ceux qui connaissent un peu l’histoire de la monnaie allemande, qu’elle soit dirigée par la droite ou par les sociaux-démocrates, savent que cette option est irréaliste.

Chacun peut ainsi s’interroger sur la voie qui lui parait la plus accessible au rapport de force existant dans chaque pays... Le PGE et ses représentants en France comme en Grèce, refusent d’envisager la solution reposant sur la souveraineté nationale et se présentent comme les défenseurs de l’Union Européenne... En Grèce, les communistes dénoncent sans hésitation l’U.E. En France, c’est l’inverse, le PCF mène une bataille pro-européenne et dénonce à chaque occasion le parti grec... Aux militants de se demander pourquoi.

Pam

L’article suivant présente les trois options qui s’offrent à la Grèce et à l’Union Européenne. Il considère comme souhaitable, mais peu probable, un abandon par les institutions européennes de leur choix de l’austérité. Mais, de façon plus réaliste, c’est sur la perspective d’une sortie de la Grèce de la zone euro qu’il insiste le plus lourdement : « Sortir de l’euro et revenir à la drachme est une solution alternative, aussi perturbant que cela puisse être ». Sur l’effondrement de l’Union Européenne, on lira « La démocratie en sursis ».

Marc Harpon


L’austérité a été le grand perdant des élections grecques dimanche. Les deux principaux partis grecs, qui ont soutenu le pacte sur l’austérité signé l’an dernier, ont obtenu au total à peine un tiers des votes. C’est un coup de semonce extraordinaire, étant donné que, alternativement, ces deux partis ont gouverné la Grèce depuis la fin de la dictature en 1976.

Dans le camp anti-austérité, une coalition de gauche est arrivée deuxième, avec environ 17% des suffrages. Plus inquiétant, un parti d’extrême droite anti-immigration, qui est aussi anti-austérité, a reçu près de 7% des suffrages.

Il es important que les gens, dans le monde entier et en Europe en particulier, comprennent que les électeurs grecs, ne sont pas simplement des enfants gâtés qui refusent de prendre leur médicament. Il ne fait aucun doute que l’État et l’économie grecque ont été pauvrement gérés durant les années précédant la crise. Toutefois, l’austérité actuelle n’offre pas au pays la perspective d’un avenir meilleur. L’austérité actuelle est simplement un chemin vers la douleur comme fin en soi.

On peut le voir en examinant les projections officielles. Le FMI prévoit désormais que 2012 sera la cinquième année successive de contraction de l’économie grecque, suivie en 2013 d’une année de stagnation. Même avec le retour prévu de la croissance en 2014, le revenu par tête de la Grèce devrait toujours être de 8% inférieur à son niveau d’il y a dix ans. Son taux de chômage, qui fricote aujourd’hui avec les 20%, devrait toujours être de proche de 15% en 2017. Et la part de la dette dans son PIB devrait être de 137% dans cinq ans - beaucoup plus que son niveau au début de la crise.

Ce n’est pas une voie vers une économie saine. Et il est important de se rappeler que les projections du FMI et de la Banque Centrale Européenne se sont toujours avérées optimistes. Étant donné cette réalité économique, il est difficile de voir pourquoi le peuple grec devrait aller plus loin sur le chemin d’une politique si désastreuse.

L’argument généralement donné est qu’il n’y a pas d’autre solution. Ce n’est pas vrai. Sortir de l’euro et revenir à la drachme est une solution alternative, aussi perturbant que cela puisse être.

Abandonner l’euro ferait éclater une crise financière et politique, mais, finalement, ce mouvement laisserait presque certainement la Grèce dans une situation meilleure que son impasse actuelle. Avec une monnaie dévaluée, la Grèce deviendrait une destination attractive pour les touristes. Ses exportations agricoles seraient beaucoup plus compétitives dans l’Union Européenne et ailleurs.

Il serait nécessaire de renégocier la dette. Là où cette renégociation n’est pas possible, il y aura d’inévitables et nombreuses faillites, pour les porteurs de grosses créances libellées en euros. Ce ne sera pas très joli, mais il y a peu de doute : à l’heure actuelle, c’est le meilleur chemin à suivre.

Le modèle ici est l’Argentine. Après s’être annoncée en cessation de paiement et avoir rompu l’indexation de sa monnaie sur le dollar, à la fin de l’année 2001, son économie a plongé durant trois mois. Elle s’est stabilisée durant le second semestre de 2002 et, ensuite, est entrée dans six années et demi de solide croissance, arrêtées seulement par la crise économique mondiale en 2009.

Il y a des raisons pour lesquelles la Grèce aura un parcours plus difficile que l’Argentine. L’Argentine a en effet toujours gardé sa propre monnaie. Mais, bien que la Grèce ne puisse atteindre que la moitié du rythme de croissance de l’Argentine, ses perspectives sur cette voie semblent nettement meilleures que celles qui s’offrent à elle si elle reste dans l’euro.

Il y a une voie alternative qui serait meilleure que la sortie de l’euro de la Grèce : si la BCE abandonnait en bloc ses projets d’austérité. Cela impliquerait que la BCE garantisse la dette de la Grèce et d’autres pays lourdement endettés, qu’intervienne un relâchement des restrictions budgétaires dans la zone euro et, plus important, un engagement à supporter un taux d’inflation plus élevé en Allemagne et dans d’autres pays du cœur de la zone euro. Ce dernier point est essentiel, puisque c’est la seule façon pour la Grèce et d’autres pays périphériques de regagner en compétitivité s’ils restent dans l’euro.

Il y a deux semaines, la possibilité d’un changement de cap de ce genre semblait tirée par les cheveux. Aujourd’hui, elle semble toujours peu probable - mais après les élections en Grèce et la défaite de Sarkozy en France, une réorientation majeure commence à sembler possible.

Les dirigeants de la BCE et de l’Allemagne ne le reconnaissent peut-être pas, mais la voie sur laquelle ils sont engagées n’est pas viable. La seule question est celle de savoir s’ils peuvent s’adapter avant que les institutions de l’Europe ne commencent à s’effondrer autour d’eux. Dimanche, les électeurs de Grèce ont fait passer ce message de la façon la plus claire possible.

Dean Baker, The Gardian

Voir en ligne : traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

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