L’URSS n’a pas débarqué en Normandie conférence du 22 juin 2024 sur le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie
L’association "Les Amis d’Edward Gierek", qui fait vivre l’histoire de l’immigration polonaise dans le nord et l’histoire de la Pologne socialiste, nous transmets ce document bien utile sur un sujet tabou de l’histoire officielle de la libération de la France, l’importance des soldats soviétiques... sur le sol de France...
Edward Gierek était le premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais de 1970 à 1980.
DYBOV Sergueï, Président d’association ’Mémoire Russe’ [1]
Matériaux de la conférence du 22 juin 2024 sur le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie
L’URSS n’a pas débarqué en Normandie
TABLE DES MATIÈRES
- DYBOV Serguei, président d’association Mémoire Russe « participation des soviétiques dans la Libération de France »37
- Jean SAYAD : ’1-er régiment des partisans soviétiques et la libération de la ville de Nîmes’’42
- DOBRYNINA Ludmilla : « le Maquis de Lorette et la Libération de ville de Bordeaux »45
- ALIKOV Alain : « l’opération ’Osetine’ pour la libération de la ville de Carcassonne »…50
- KMIECIAK Jacques : « le groupe de Héros de l’Union Soviétique « Vassili Porik » dans la libération du bassin minier du Nord de la France »52
- René LESAGE : « Isabelle Nacry, femme commandant du groupe mixte franco-soviétique durant la libération du port de Boulogne-sur-mer »57
- Patrick BRANGOLO « le partisans soviétiques dans la libération de la Bretagne »62
- DYBOV Serguei « les monuments dédiés aux partisans soviétiques en France » et résumé final63
LES PARTISANS SOVIETIQUES EN FRANCE
On présente sur ce schème les camps de rapatriement soviétiques sur le territoire français existant fin 1944, début 1945. On voit où étaient concentrés les citoyens soviétiques en attente de leur retour dans leur patrie. Dans chacun de ces lieux, d’une manière ou d’une autre, les partisans soviétiques ont participé aux combats sur le territoire français. Comme nous le voyons, pratiquement partout dans le pays.
La France est entrée dans la deuxième guerre mondiale le 3 septembre 1939 en déclarant la guerre à l’Allemagne qui, à son tour, a attaqué la France le 10 Mai 1940. Un mois plus tard, le 20 Juin 1940, c’est l’Italie qui a attaqué la France. Le 22 Juin 1940, la France signe à Compiègne un armistice avec l’Allemagne et le 24 Juin avec l’Italie et sort de la guerre. Le territoire français était divisé en plusieurs zones : zone libre, zone occupée, qui à son tour était divisée par les zones d’occupation de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique et la « Zone rouge », dans laquelle le retour des réfugiés était interdit et de fait elle aussi annexée.
La participation des soldats soviétiques dans la Résistance Française peut être divisée en deux types : les prisonniers évadés et les déserteurs de la Wehrmacht. La plupart (pas tous !) des combattants qui ont participé aux combats de la Résistance en France tout comme en Italie étaient des soldats des Ost-Légions SS, de l’armée de Vlassov, des Cosaques qui avaient rejoint la résistance.
Il ne faut pas oublier cet élément, puisqu’il existe des cas où lorsque l’on parle de partisans soviétiques en France, on mélange tout soit volontairement soit par ignorance. On entend ainsi que des « partisans soviétiques » ont participé à des actions contre des civils ou que « les partisans soviétiques » ont subi la répression et ont tous été sans exception envoyés au Goulag.
Des prisonniers soviétiques sont déjà venus en France à partir de fin 1941. Ils venaient surtout pour travailler dans les mines et les usines métallurgiques d’Alsace, de Lorraine et de Flandre, où il y avait un manque considérable de manœuvres. Puis le nombre de camps a augmenté et une quantité importante de prisonniers soviétiques est envoyée à la construction du Mur de l’Atlantique sur les côtes de France.
A la suite des prisonniers militaires, des prisonniers civils sont venus. En général, ils étaient chassés du territoire de l’Ukraine pour travailler dans l’agriculture du Reich et des territoires qu’il occupait.
Avec la multiplication des camps, des évasions ont commencé à apparaître, aussi bien en France, qu’en Belgique, en Pologne, etc... Ceux qui arrivaient évader à rentrer en contact avec les organisations clandestines et étaient conduits vers la zone libre de France.
Parmi les prisonniers, sont créés des comités clandestins qui tentaient d’organiser des diversions et des sabotages. Ainsi que des évasions.
En 1942, dans les mines du Pas de Calais, a été fondé le « groupe des patriotes soviétiques » qui a pu rentrer en contact avec les responsables des structures communistes de la Résistance grâce aux habitants locaux, parmi lesquels se trouvaient de nombreux immigrés polonais venus en France avant la guerre. Cela a entraîné la consolidation et la coordination des mouvements des résistances.
En 1943 est fondé le ’Comité Central des Prisonniers Soviétiques en France’ composé de 10 personnes parmi les prisonniers, des résistants et des anciens combattants des Brigades Internationales. Le coordinateur du Comité du côté du PCF était l’immigré russe Boris Matline, connu sous le pseudonyme le colonel Gaston Laroche. C’est une personnalité très intéressante dont on ne se souvient presque plus.
En 1944, le Comité Central des Prisonniers Soviétiques coordonne 35 groupes de partisans soviétiques composés de prisonniers évadés, pour un effectif total de 1500 personnes. Y compris le groupe dont on parle beaucoup aujourd’hui : le maquis féminin « Rodina » (la Patrie). Et le groupe de plus important dans le Zone Rouge « Staline » sous le commandement de Vassili Porik, membre lui-même du Comité Central en question et qui par suite recevra le titre posthume de ’l’Héros de l’Union Soviétique’ pour ses exploits sur le territoire français. Ce bataillon a été créé après une évasion massive de prisonniers qui doit sa réalisation au PCF et aux habitants locaux.
Dans le compte-rendu final de ce bataillon, on cite les résultats obtenus : 400 soldats ennemis sont éliminés, 229 fait prisonniers, 19 trains déraillés, 2 ponts détruits etc…
Pour comparer et se rendre compte de ce que signifient ces résultats, on peut les comparer à ceux des actions des départements du nord, de l’est et du centre de la France : 3500 soldats ennemis tués, 604 fait prisonniers, 65 trains déraillés, 76 locomotives endommagées, 3 ponts détruits, etc..
Une autre partie de la participation soviétique aux combats en France est des, déserteurs de formations collaborationnistes de soldats soviétiques.
L’année 1943 est remarquée par les premières légions de Waffen SS arrivant en France : La Légion Arménienne, la Légion Tatare, la Légion du Turkestan, la Légion du Caucase du Nord,
les formations des Cosaques, l’Armée Russe de Libération (Vlassov) la Police Auxiliaire
Ukrainienne ets. Tous connus sous le nom ’vlassovistes’. Leur apparition est liée à certains éléments comme l’intensification des opérations de la Résistance Française, la difficulté de l’armée allemande à lutter contre elle, et la faible efficacité de ces structures sur le front de l’Est.
La composition des légions était très hétéroclite. Il y avait aussi bien des soldats qui cherchaient à s’évader dès le début, alors que d’autres ont attendu beaucoup plus. Dès l’apparition de ces formations en France, la Résistance avec l’aide d’immigrés russes, a accompli un travail considérable pour les diviser et favoriser l’agitation nécessaire au passage de leurs membres au maquis. Après le débarquement des alliés en Normandie et en Provence, cette agitation s’est amplifiée. Le Haut Conseil de l’URSS a annoncé l’amnistie pour ceux qui auraient rejoint les maquis européens, après quoi les évasions sont devenues massives.
Après le débarquement anglo-américain, le coordinateur des actions avec les prisonniers, Gaston Laroche, se rendit dans le sud de la France, là où s’organisaient des détachements de partisans parmi les soldats qui avaient évadés. Ce processus était productif mais en même temps tragique. Il y a des cas connus où une partie de la légion avait rejoint maquis et combattait l’autre partie qui avait voulu rester dans la Wehrmacht. La tentative pour rejoindre les partisans de la légion Azerbaïdjanaise s’est soldée par un échec et des exécutions. Le reste de la région a été transféré en Italie.
La création du 1er Régiment es Partisans Soviétique en France a été beaucoup plus successive.
Il a été créé par des émigrés arméniens qui ont réussi une agitation efficace dans la légion arménienne de la Wehrmacht. Le régiment a participé à la libération de deux départements français et de telles villes comme Albi, Bordeaux et Toulouse.
Près de la ville de Lyon a été créé le deuxième Régiment des Partisans Soviétique en France.
En tout, j’ai retrouvé la trace de 5 des Partisans Soviétiques en France dont la formation est terminée après la libération de la plupart du territoire français.
Gaston Laroche s’est adressé à l’ambassadeur d’URSS. qui à ce moment-là arrivait à Paris, afin de créer une division de partisans soviétique sans pour autant obtenir son soutien.
Il est intéressant de savoir que le Gouvernement Provisoire de France du Général de Gaulle a payé après la fin de la guerre une prime de 1000 francs pour la participation à la Résistance les prisonniers soviétiques qui se sont évadés et ont pris part aux combats pour la libération de la France.
Ce n’est que dans le bassin minier de Lens-Béthune que ces primes ont été payées à hauteur de 4 millions de francs, c’est-à-dire que 4000 soldats en ont bénéficié.
Après la libération de tout le territoire de France au début 1945 (certaines forteresses du littoral se sont défendues jusqu’en mai 1945), parmi les importants groupes de partisans soviétiques, une partie était chargée d’organiser le rapatriement des citoyens soviétiques qui, comme l’on sait, n’était pas une tâche facile. Après cela, ces soldats ont été emmenés hors de France. Par exemple, le premier régiment soviétique a quitté la France en août 1945 pour l’Allemagne où il a été incorporé dans la 45ème armée du 1er Front Biélorussien.
Selon les informations de l’association ’Combattant volontaire’ créées dans les années 90, près de 35 000 soviétiques ont pris part aux combats sur le territoire français dans la Résistance Française.