Revue Unir les communistes nr 7-8
Contribuer à relancer le marxisme-léninisme, socle théorique de notre contre-offensive sociale, politique et culturelle Compte-rendu des rencontres communistes de Vénissieux du 30 avril 2016

, par  Georges Gastaud , popularité : 2%

Intervention de Georges Gastaud, philosophe communiste, secrétaire national du PRCF

Chers camarades, il est malaisé de parler de théorie marxiste après l’ami Jean, mais je vais quand même essayer. J’offenserais mes camarades de lutte si je taisais ici mes responsabilités militantes au PRCF tant les idées que je vais développer portent la marque, comme il se doit pour un marxiste, d’une pratique, d’une organisation et d’une élaboration collective de plus de vingt-cinq années, d’abord au sein du Comité Erich Honecker de Solidarité Internationaliste et de la Coordination communiste du PCF, puis de la FNARC et du Pôle de Renaissance Communiste en France.

Puisque j’ai à traiter de stratégie révolutionnaire, j’évoquerai d’abord les principes léninistes sans lesquels une ligne politique n’est rien d’autre qu’un bricolage à la petite semaine.

Concernant la classe ouvrière, il faut commencer par écarter deux erreurs symétriques à son sujet. L’erreur du révisionnisme qui, sous prétexte que les gouvernements maastrichtiens ont ravagé l’industrie en France, que la production industrielle a été partiellement robotisée, que les activités classées services ont proliféré, en arrivent à oublier…
- que la classe ouvrière industrielle s’est fortement accrue dans les pays dits émergents,
- que nombre d’activités classées services relèvent de la production,
- que mainte activité de conception à forte valeur ajoutée est largement prolétarisée,
- que les millions d’ouvriers au chômage, d’ouvriers retraités, de jeunes de milieu ouvrier présents en lycées techniques, etc. ne se sont pas envolés pour autant,
- que nombre de prétendus « uber » et autres auto-entrepreneurs répondent à la définition que Marx donnait du prolétaire, ce travailleur qui est « détaché de tout, sauf du besoin »,
- et enfin et surtout cette évidence que derrière chaque objet que nous consommons, aliment, vêtement, maison, voiture, il y a toujours en dernière analyse un ouvrier ou un paysan.

L’autre erreur, gauchisante, consisterait à ne voir la classe ouvrière que dans les activités « col bleu » en confondant la classe sociale avec le métier, le travail productif avec le travail industriel, même si le cœur du prolétariat reste bien les ouvriers de l’industrie, des chantiers, de l’énergie et des transports.

Permettez-moi une comparaison avec le domaine de la physique. Au début du 20ème siècle, Lénine polémiquait avec certains philosophes idéalistes qui, prétextant du fait que la physique découvrait alors des formes de plus en plus étranges de matérialité, électrons, champs, photons, etc., en concluaient à tort la niaiserie suivante : « la matière disparaît, la matière s’évanouit ». En fait, il faut articuler les catégories de forme et d’essence ; de même que l’idée de matière est plus large que ne le croyait la physique classique, de même la classe ouvrière demeure une en son essence, bien qu’elle se diversifie de plus en plus, que la prolétarisation s’étende… et que l’antagonisme capital/travail demeure politiquement stratégique.

La question se pose pourtant : étant donné la déstabilisation que la classe ouvrière a subie en France – principalement en raison de la « construction » européenne, du partage des rôles que se sont fixé les impérialismes français et allemand après la grève française de 68 et de la stratégie patronale d’éradication du produire en France et de l’Etat-nation – notre classe a-t-elle encore la force d’assurer son rôle dirigeant dans la transformation sociale ?

Je pourrais répondre, si ce n’est elle, quelle autre classe ? Or il suffit d’examiner les Nuits debout pour constater que les couches moyennes intellectuelles sont impuissantes à tracter un mouvement anticapitaliste tranchant. En réalité, l’euro-casse du code du Travail rebaptisée « Loi El Khomri » ne sera pas balayée seulement par des manifs étudiantes ou des débats nocturnes, car même si ces activités sont respectables, c’est seulement quand les prolétaires bloquent l’appareil productif par la grève inter-pro reconductible et par le zonage des gares, des centres commerciaux et des zones industrielles que le patronat recule, comme on l’a vu en mai 68 ou en décembre 95 ; cette puissance du prolétariat, on l’a aussi observée a contrario en 2003 quand Thibault a osé déclarer, je cite : « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays », ce qui n’est pas sans rapport avec la grave défaite qui a suivi cette proclamation de modérantisme syndical.

Mais surtout, la classe ouvrière continue, de manière larvée, invisible, parfois dévoyée faute d’un vrai parti communiste, de jouer sourdement son rôle moteur : elle fut décisive dans le Non à Maastricht de 1992, et en 2005, 72% des ouvriers ont voté non au TCE ; aujourd’hui, c’est d’abord le monde ouvrier qui met la 5ème République aux portes de l’implosion en s’abstenant massivement aux élections et même parfois hélas – mais la faute à qui politiquement ? – en brandissant le vote FN comme un moyen, certes inadéquat et suicidaire, de chambarder « le système »...

De tout cela ne se déduit aucunement l’idée qu’il faudrait se recentrer sur les « couches moyennes » et autres cols blancs, comme le croyaient Fizsbin ou Garaudy dans les années 70. Au contraire il faut reconstruire le parti d’avant-garde et relancer la CGT de classe sans lesquels le monde du travail ne peut pas mener sa lutte, entraîner les couches anti-monopolistes et conquérir le pouvoir politique. Dans mon livre de 1995, Mondialisation capitaliste et projet communiste, j’écrivais en substance : il faut réduire la fracture idéologique que l’évolution réformiste du PCF a creusée entre le mouvement populaire, qui reste somme toute puissant, et sa traduction politique qui restera impossible tant qu’une avant-garde communiste digne de ce nom ne portera pas à nouveau l’exigence de rupture totale avec le mode de production capitaliste et avec l’intégration européenne qui est le cœur de stratégie de la bourgeoisie française. Ce diagnostic s’est hélas vérifié au fur et à mesure que le PCF reniait son identité léniniste, participait aux gouvernements maastrichtiens de Mitterrand et Jospin, liquidait ses cellules d’entreprise, abandonnait les syndicats de classe à leur sort sous couvert d’indépendance et devenait pour finir le pilier du PGE subventionné par Bruxelles ?

J’en viens donc à la question du parti d’avant-garde. Expérience faite d’une lutte interne démarrée pour ma part dès avant le 22ème congrès du PCF (1976), où une majorité d’adhérents du PCF a trouvé des vertus à Soljenitsyne tout en abjurant la dictature du prolétariat, c’est-à-dire l’ADN de la théorie politique de Marx, et après avoir tout tenté du dedans avec mes combatifs camarades Hage, Auchedé et Alleg sans même avoir pu ralentir les dérives du parti, nous avons constaté tristement que la dé-communisation du PCF était achevée au moins depuis le congrès de Martigues, qui n’était pas un début mais une fin ; et ce n’est pas l’abandon congrès après congrès des références statutaires au socialisme, au centralisme démocratique, à la classe ouvrière, au marxisme, à la socialisation des moyens de production, à l’emblème ouvrier et paysan, ni le vote unanime de l’état d’urgence par les députés PCF, encore moins la campagne de P. Laurent pour une primaire commune avec le PS qui nous auront prouvé le contraire.

Cela ne signifie nullement que nous sommions qui que ce soit de sortir du PCF, au contraire, nous respectons les camarades du réseau « FVR-PCF » qui mènent une belle lutte interne et qui nous accueillent dans ce bastion de Vénissieux. Jamais nous n’avons fait obligation aux communistes qui rejoignaient le PRCF de sortir du PCF s’ils jugeaient utile d’y rester, et moins encore de sortir de la JC, en moyenne bien plus rouge que le parti ; au contraire, nous avons toujours aidé ces copains dans la limite de nos moyens ; nous les prions seulement de ne pas se leurrer sur l’irréversibilité de la mutation, de ne pas faire doctrine de rester ad vitam æternam dans un parti arrimé à Tsipras et à la mensongère « Europe sociale », de ne pas ressasser qu’il resterait éternellement possible de remettre « le parti » sur les rails de la lutte des classes, comme si les avocats de l’euro qui siègent à Fabien ne menaient pas déjà la lutte des classes… du côté européiste ! Aux camarades qui mènent la lutte interne, nous demandons seulement de privilégier l’unité d’action des communistes sur une stratégie de rupture révolutionnaire, que résume l’expression des « 4 sorties » (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN, du capitalisme). Pas de tous ensemble des travailleurs sans tous ensemble des orgas et réseaux franchement communistes indépendamment du président du PGE ! C’est en effet en s’adressant ensemble à la classe ouvrière sur cette stratégie d’euro-rupture, et non de réforme illusoire de l’UE supranationale, que les militants franchement communistes, qu’ils soient ou non au PCF, que chacun parviendra à s’affranchir de la tutelle de « Fabien », et, qu’en rompant avec un appareil central euro- et socialo-dépendant, nous ferons tous ensemble le pas décisif vers l’indépendance de classe à l’égard de la démocratie, c’est-à-dire vers la reconstruction tous ensemble du vrai parti communiste, quelles qu’en soient les modalités.

C’est dans le cadre de cette dynamique que l’avant-garde politique fera jonction avec l’avant-garde du combat social, représentée notamment par les Goodyear que je salue ici ; par ex., quelle force si tous les militants franchement communistes pouvaient enfin porter ensemble l’idée d’une énorme manif de combat à Paris pour appeler à la grève générale et au blocage des profits sans épargner l’UE, dont la loi Khomri n’est qu’un sous-produit à l’égal du Job Act italien. Comme l’a démontré le Manifeste du Parti communiste, construire un parti de classe, c’est organiser l’indépendance politique de la classe travailleuse par rapport à toutes les autres classes, y compris de nos jours par rapport à cette bourgeoisie bohème ancrée dans le parasitisme économique des métropoles, com, pub, finance, que courtise l’état-major du PCF. Il n’y a donc pas opposition entre la construction d’une orga communiste indépendante des euro-mutants et l’effort pour regrouper les communistes, sinon dans des Assises du communisme dont chacun ne semble plus également preneur hélas, du moins dans une Convergence d’Action Communiste comme celle qui s’est opérée le 30 mai 2015 et qui aurait eu bien plus d’ampleur si chacun avait mesuré l’urgence du tous ensemble à Paris contre l’UE. Pas d’opposition non plus à agir pour la renaissance du parti et à soutenir les syndicalistes de combat qui, tant dans leur syndicat professionnel qu’en se coordonnant dans un front syndical de classe inter-pro, veulent mettre au pied du mur les états-majors qui, depuis que la CGT a quitté la FSM pour la C.E.S. pro-Maastricht, ont accumulé les défaites à l’échelle nationale et européenne.

Concernant le rassemblement indispensable pour isoler le capital, reprendre l’initiative historique et rouvrir la voie du socialisme, l’Internationale communiste a cent fois rappelé que la classe ouvrière doit unir les couches populaires et moyennes pour isoler le capital monopoliste. Contrairement au révisionnisme qui proclame que le CME s’est mué en ultralibéralisme, l’actuel néolibéralisme, fût-il mâtiné de la pseudo-« concurrence libre et non faussée », est une forme nouvelle du CME. Piloté par le CAC-40, le MEDEF affiche sa stratégie de classe antinationale dans son manifeste Besoin d’aire : il s’agit de prendre en étau l’Etat-nation entre, d’une part, les hyper-régions et les métropoles, et d’autre part l’UE, l’OTAN et le Traité transatlantique ; la « concurrence libre et non faussée » à l’échelle mondiale est donc un outil monopoliste paradoxal qui sert à la fois à araser les conquêtes ouvrières et à asservir les PME en phagocytant les marchés national et local. Pour l’oligarchie « française », la mondialisation de ses profits passe par l’Europe fédérale sous domination germano-étatsunienne : traquant les communistes polonais et ukrainiens mais flirtant avec les néonazis de Maïdan, la hideuse « construction » européenne permet au MEDEF et à ses créatures, de Sarko à Macron, de détruire, non seulement les conquis de Croizat et Marcel Paul, mais l’horrifique legs jacobin, voire certains traits progressistes de la construction nationale antérieure à 1789.

La classe ouvrière doit donc à contrario fédérer les couches populaires et intermédiaires et soutenir de manière critique la résistance des artisans, des paysans, des médecins, etc. Elle doit le faire sur un contenu progressiste que résume pour nous le sigle « F.R.A.P.P.E. ! » (Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique) que complète l’idée d’un « nouveau CNR ». Il s’agit de cibler offensivement l’UMPS maastrichtien, mais aussi le FN qui s’affiche de moins en moins « indépendantiste » et de plus en plus euro-complaisant. Rappelons en effet que la prétendue « sortie concertée de l’euro » de Mme Le Pen cache le ralliement des bleus marines à l’UE des extrêmes droites. Pour notre part, nous disons CNR parce que le patronat lui-même, par la voie de Denis Kessler, désigne les conquêtes de 45 comme la cible à abattre ; nous disons CNR parce que le contenu de l’alliance doit associer comme hier les nationalisations et la bataille du produire en France au progrès social et à l’antifascisme, mais nous disons aussi NOUVEAU CNR parce qu’il faut prendre en compte des dimensions neuves que ne pouvait guère porter les Jours heureux de 1943, écologie, égalité homme-femmes, décolonisation plénière, coopération internationale remplaçant la guerre économique mondialisée que se livrent les monopoles.

Il faut dire Nouveau CNR aussi parce qu’il ne s’agit plus aujourd’hui d’un compromis historique légitime entre la classe ouvrière et les alliés bourgeois d’une coalition antinazie, mais d’un outil politique pour briser l’hégémonie bourgeoise qui détruit la Nation et qui sacrifie la langue française au tout-globish. Nous disons nouveau CNR parce que le rassemblement populaire ne passe plus aujourd’hui par la main tendue à un PS qui orchestre l’état d’urgence à perpète, mais par la reconstruction totale du champ politique sur la base d’une double opposition à l’UE supranationale et au Front pseudo-national.

En d’autres termes, la finalité du Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique est la lutte finale avec le grand capital, la sortie par la gauche de l’UE atlantique, le combat contre le Parti Maastrichtien Unique incluant le FN, la construction de l’Europe des luttes non pas dans mais contre l’UE, la réouverture sur des bases larges du combat pour le socialisme. Si donc, un peu de souci national éloigne de l’internationalisme, beaucoup y ramène avec toujours au centre le rôle moteur de la classe ouvrière et la visée du socialisme pour notre pays. En dernière analyse, notre patriotisme révolutionnaire est tourné contre l’impérialisme français qui n’est plus seulement aujourd’hui l’agresseur impitoyable d’un max de peuples africains et proche-orientaux, mais qui est aussi le principal ennemi de la nation française elle-même.

Il faut enfin évoquer le front pour ce que Gramsci appelait l’hégémonie culturelle. Il implique la redécouverte décomplexée de cette matrice du communisme moderne qu’est le matérialisme dialectique , avec un effort permanent pour ce que, dans mon Cours de philo à la lumière du matérialisme dialectique que publiera Delga, j’appelle les Lumières communes. Relance du matérialisme dialectique donc, car sans lui, impossible de reconstituer le point de vue de classe matérialiste dans la théorie, par ex. de saisir qu’il n’y a pas le patriotisme contre la solidarité internationale, mais le patriotisme populaire allié à l’internationalisme prolétarien contre le cosmopolitisme capitaliste allié au nationalisme ethnique et au communautarisme intégriste. Face au « retour du religieux », c’est cet effort pour reconstruire une conception dialectique et matérialiste de la nature et de la société qu’entend d’ailleurs promouvoir mon prochain livre à paraître chez Delga, et qui s’intitulera Lumières communes. En effet, notre époque impérialiste étant celle de la « réaction sur toute la ligne », les marxistes doivent prendre la tête sur tous les fronts de larges alliances culturelles antifascistes, progressistes, féministes, pacifiques, laïques, écologiques même, tant il est vrai que Marx fut le premier à déceler que « le capitalisme ne développe la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la terre et le travailleur ».

Mais comme le disait Rimbaud, « il faut être résolument modernes : tenir le pas gagné ». Comment conquerrons-nous le socialisme à venir si nous ne sommes même pas capables, à l’orée du 100ème anniversaire de la Révolution d’Octobre, de contrer la nouvelle vague de fascisation qui, portée par les Stéphane Courtois de tous les pays, va déferler en 2017 en jetant de nouveaux tombereaux de calomnies sur l’URSS, sur le PCF de la Résistance et des luttes anticoloniales ? Il ne s’agit certes pas d’enjoliver le passé et j’ai tenté moi-même, dans Mondialisation capitaliste et projet communiste, de proposer une analyse dialectique des facteurs multimodaux qui ont permis la contre-révolution à l’Est. Mais qui ne voit que laisser dire odieusement que l’URSS de Stalingrad ne valait pas plus cher que le Troisième Reich, conduira à réprimer tous les Rouges d’Europe tout en réhabilitant les nazis, comme c’est le cas en Ukraine, ce ban d’essai de l’euro-fascisation ?

C’est pourquoi dans la lignée du comité Honecker, qui collecta 10.000 signatures en 92 sous son appel « pas de revanche posthume pour Hitler », nous tiendrons un meeting international à Paris en 2017 ; c’est pourquoi nos Rencontres de Vénissieux s’honoreraient d’affirmer leur soutien aux communistes polonais qu’un tribunal de la honte a condamnés aux travaux forcés

Bien entendu, on ne peut faire l’économie d’une réflexion sur le socialisme et le communisme à avenir. Mais pas plus que Lénine n’a mené les bolchéviks à la victoire sans étudier de près la critique constructive que Marx avait produite de la Commune de Paris, pas davantage nous ne pourrons construire un socialisme meilleur sans avoir critiqué, mais aussi défendu, sur nos bases (qui ne sont pas celles du droit-de-l’hommiste hypocrite BHL…) le socialisme passé et sans soutenir le socialisme présent ; et tout d’abord celui de Cuba qui continue de construire l’avenir dans les conditions les plus acrobatiques qui soient. Certes il nous faut apprendre à dominer le marché à partir de la maîtrise planifiée des moyens de production, car si on liquide prématurément le marché, il reviendra sous forme du marché et de l’économie noirs pour saper le socialisme du dedans. Mais ce n’est pas là la leçon principale de Cuba. Quand une délégation du PRCF fut reçue au BP du PCC à La Havane, notre camarade Jose Balaguer avait insisté sur une idée centrale : le socialisme ne peut s’affirmer que s’il vise en permanence le communisme, où la règle n’est plus la répartition en fonction du travail mais en fonction des besoins, et les premiers besoins de l’homme sont, outre les vivres et le domicile, la santé, l’éducation et la culture, notamment le besoin de comprendre le monde qui fait l’honneur de l’homme. Peu avant de mourir, Lénine insistait sur une idée que le socialisme réel, pris en tenaille de mille façons, n’a pas toujours pu exploiter : « le socialisme est l’œuvre vivante des masses ». C’est de cette idée que nous devons repartir, non pour rejeter la dictature du prolétariat et la planification socialiste, etc. mais pour les associer en profondeur à la démocratisation politique, à l’intervention ouvrière à l’entreprise, au développement culturel de tout le peuple, à tout ce que résume pour nous, au-delà du nom de notre mensuel et de son site internet, l’expression « initiative communiste ».

Concernant enfin ce que nous appelons l’internationalisme prolétarien de nouvelle génération, nous observons que la solidarité de classe internationale ne peut que jouer un rôle croissant vu l’expansion des transnationales, vu la mondialisation des échanges, vu la nécessité, si la France venait à rompre la première la chaîne impérialiste de l’UE-OTAN, de la solidarité des autres travailleurs d’Europe, prolétariat allemand en tête, vu l’urgente nécessité que renaisse un grand Mouvement communiste international que, bien avant Robert Hue, la direction du PCF ralliée à l’eurocommunisme avait déclaré obsolète. Car comment les forces réactionnaires seraient-elles toutes organisées à l’échelle planétaire alors que les communistes se glorifieraient de cultiver le repli rosâtre, type PGE ou CES, sur la forteresse Europe ?

Au-delà de l’internationalisme prolétarien proprement dit, c’est à la renaissance du camp anti-impérialiste mondial qu’il faut œuvrer sans rabattre ce front très large sur celle d’un nouveau MCI, car confondre les deux niveaux d’organisation, ce serait à la fois, n’en déplaise aux théoriciens de la 5ème Internationale, édulcorer le contenu de classe d’une éventuelle Internationale communiste et symétriquement, ce serait réduire le front anti-impérialiste qui doit absolument intégrer des mouvements patriotiques et progressistes non communistes.

Enfin, idée qui m’est chère et qui structure l’ultime discours prononcé par Fidel, le communisme contemporain doit, sans renier ses combats de toujours, prendre une dimension anti-exterministe. Par exterminisme j’entends cette idée que la survie du capitalisme est incompatible à terme avec la survie de l’humanité, quitte à provoquer la croisade nucléaire contre l’URSS, comme en rêvait Reagan, quitte à semer le chaos au Proche-Orient, quitte à vomir les Bêtes immondes de Kiev ou de Daëch, quitte à saccager les ressources terrestres. N’en concluons pas comme le liquidateur Gorbatchev que face au danger exterministe, il faudrait « préférer les valeurs universelles de l’humanité aux intérêts de classe du prolétariat ». Au contraire, seul le combat de classe prolétarien peut sauver l’humanité, car c’est en combattant l’exploitation capitaliste que l’humanité pourra vivre dignement, et pour commencer, survivre à la mondialisation des guerres et à la déchéance du tout-profit. En un mot, comme le dit Fidel, « Patria o muerte, socialismo o morir », ce qui ne signifie pas seulement qu’il faut savoir mourir pour la cause du peuple, comme le firent nos "Sans Culottes" ou nos FTP-MOI, mais que sans la remontée du combat anticapitaliste tous azimuts, l’humanité ne sauvera ni sa dignité, ni peut-être même sa peau.

Conclusion. Chers camarades, puisse ce débat, dont je remercie le PCF et la municipalité de Vénissieux, émerger une convergence d’action communiste porteuse d’un large rassemblement tourné à la fois contre l’UE et contre le FN. Puisse notre rencontre contribuer à relancer le marxisme-léninisme, socle théorique de notre contre-offensive sociale, politique et culturelle, tout en liant cette reconstruction théorique aux combats généreux de la classe ouvrière qu’incarnent déjà les lutteurs de Goodyear et d’Air-France, sans oublier les jeunes courageux qui prennent tous les risques en bloquant leur lycée ou leur fac pour débloquer leur avenir..

Tel est le nouveau défi léniniste que TOUS ENSEMBLE, nous pouvons gagner !

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).