Congrès du PCF : les communistes face à l’histoire !

, par  Guillaume Sayon , popularité : 1%

De nombreux camarades ont écrit sur les résultats de la consultation des communistes pour choisir le texte qui deviendra base commune du congrès. Pour autant, je ne pouvais pas rester sans donner mon point de vue sur ces résultats historiques. Comme d’autres, je me suis beaucoup impliqué dans cette première étape du congrès. J’ai signé le texte "Unir les communistes" et j’ai produit de nombreux écrits pour tenter de convaincre un maximum de camarades de l’intérêt d’éviter les pièges qui, inéluctablement, nous ramèneraient très rapidement à une période de crise interne et au danger de la disparition.

Beaucoup de camarades me demandent mon sentiment avec toujours ce regard de grande inquiétude. Et pour cause, il y a un réel danger d’éclatement du PCF tant ces résultats reflètent l’incompréhension d’une grande partie des militants face aux choix stratégiques de la direction. La question n’est bien évidemment pas de savoir s’il faut réclamer la démission de Pierre Laurent ou pas. Le problème est bien plus profond et sérieux. C’est toute la direction du parti qui porte une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de notre organisation, y compris les frondeurs avides de liquidation et leur texte attrape-tout "L’ambition communiste". Un affaiblissement qu’on ne peut pas simplement ramener à des causes conjoncturelles inhérentes à l’histoire. Oui il y a eu l’effondrement du bloc soviétique, oui il y a eu une conversion des valeurs de nos sociétés guidée par un capitalisme méthodique et militant, entre les mains d’une oligarchie organisée, répondant pour le coup aux schémas de la lutte des classes pensés par Marx et Engels. C’est d’ailleurs l’argument majeur qui me pousse à penser et à dire que l’expérience "Nuit debout" ne pourra, en l’état actuel, que se solder par un échec.

Il semblerait que les mouvements de contestation du capitalisme d’aujourd’hui réfutent violemment, comme s’il s’agissait d’une thérapie de choc, toute tentative d’organisation directement inspirée du marxisme et de ses héritiers, les léninistes. A l’inverse, le capital lui exécute rigoureusement les principes qui font qu’un groupe social aux intérêts communs devienne une classe au sens marxiste du terme. C’est d’autant plus vrai en cette phase d’impérialisme où le capital se concentre fortement entre quelques mains. Les citations d’oligarques qui vont dans ce sens vous les connaissez et pour peu que l’on pratique les sciences sociales avec sérieux, ce phénomène ne peut que nous sauter à la figure. Reste que notre parti comme d’autres organisations contestataires, refusent de se convaincre de l’évidence. On ne peut répondre à une machine de guerre parfaitement huilée qu’en dressant en face une autre machine de guerre elle aussi parfaitement organisée. Cela réclame donc le soucis de l’organisation, point névralgique de la stratégie, mais aussi du projet fédérateur qui lui donne son âme. L’un ne peut aller sans l’autre.

Le PCF nie aujourd’hui l’intérêt de l’organisation, ne pensant les événements et les batailles que sous l’angle de la stratégie électorale et du mythe du cartel, et il n’a même plus de projet à proposer à la société, aux exploités. Le programme l’humain d’abord n’est qu’une plate-forme programmatique répondant aux prérogatives d’un élection, l’élection présidentielle. Quel projet pour la société les communistes proposent t-ils ? Aucun ! Voilà, il me semble, exactement les chantiers que ce congrès aurait du ouvrir en mettant tout le parti en ébullition et au travail. Mais non … Il ne sera question que de 2017 car Pierre Laurent et les autres ont saboté notre congrès dès janvier en engageant notre organisation dans le processus des primaires. Pour couronner le tout, en jouant aux petites combines et querelles pré-électorales, nous subirons le mouvement d’humeur de Mélenchon qui rendra notre congrès inaudible et transparent car tous les médias ne parleront que de sa marche militante organisée à Paris en même temps que notre congrès. Personne ne saura que des centaines de communistes se seront réunis pour discuter de leur utilité au quotidien. Bien joué !

Les conséquences nous les connaissons. Un parti qui se transforme en paquebot perdu en mer du Nord abandonné par ses militants avant qu’il ne sombre dans les eaux profondes. Les chiffres de la consultation le montrent, par rapport au dernier congrès et sa consultation de l’époque, une perte de 11.317 cotisants et 4.535 votants en moins. Sans aller jusqu’à parler d’hémorragie, ces chiffres ont tout de même de quoi nous inquiéter. Puisqu’on ne peut raisonnablement pas faire d’analyse de ce genre sans évoquer quelques chiffres, un autre extrêmement révélateur, celui de l’adhésion toute limitée au texte proposé par le Conseil national. Il ne recueille que 14.942 voix (51,20 %) soit une perte de 9.655 voix par rapport à 2012. C’est un résultat historiquement bas pour un texte proposé par la direction, comme le soulignait très justement ma camarade Danielle Bleitrach sur son blog. Malgré toutes les difficultés, malgré le combat inégal, puisque pour défendre notre texte nous n’avions que notre énergie et la force de nos convictions, nous sommes (les initiateurs du texte "Unir les communistes") en progression par rapport au dernier congrès et ce malgré les textes de division proposés par les trotskistes de la Riposte et les malfaiteurs de Paris XV et sa secte obscure Dang Trannienne. A noter que nous arrivons en tête dans deux des plus grosses fédérations de France, celle du Nord et celle du Pas-de-Calais. Dans les autres grosses fédérations de France, c’est notamment vrai dans les Bouches-du-Rhône, les chiffres communiqués sont relativement stupéfiants tant ils marquent des contre-tendances aussi bien au niveau de la participation que des résultats. Je laisse chacun en tirer les conclusions.

Va maintenant s’ouvrir une nouvelle phase dans ce congrès. Très rapidement, les sections et les fédérations vont se réunir en conférence et vont devoir mener la bataille des amendements. Le texte n’a pas changé depuis que nous l’avons combattu ces dernières semaines. C’est une coquille vide et une grosse partie de ce dernier s’attelle à nous vendre les bienfaits de la primaire à gauche. Alors je nous invite, mes camarades, à être méthodique pour ce nouveau travail. Certains ont d’ores et déjà décidé d’abandonner le combat, se résignant avec douleur au constat que ce parti est perdu. Ils décideront donc de le quitter le fragilisant de fait encore d’avantage. Puis d’autres, des milliers de camarades et je m’y inclus, ne déserteront pas le champ de bataille. Il n’est pas question d’abandonner le parti de Thorez entre les mains des convertis au réformisme gentillet. Surtout que des millions de nos compatriotes souffrent plus que jamais de l’exploitation et que la disparition du PCF ne ferait que faire perdre un temps précieux au mouvement révolutionnaire. Alors stratégiquement, au travers de la bataille des amendements, il nous faut mettre en échec l’idée de la primaire à gauche, qui n’est rien d’autre que la pelle du fossoyeur, celle que les liquidateurs ont marqué des points, ce qui est empiriquement faux, et celle qui se traduit dans les faits par un affaiblissement de notre organisation. Peut-être faudra t-il alors imaginer créer un groupe de travail chargé de formuler quelques amendements simples mais efficaces que nous pourrions proposer un peu partout dans les sections et les fédérations. J’y ajouterais tout de même, un amendement solide sur l’Europe pour mettre un terme à la stratégie portée par le PGE qui soutient les mouvements opportunistes au détriment de ceux qui, ailleurs en Europe, mènent la bataille sur une ligne classe contre classe comme au Portugal par exemple.

Il faut être aveugle ou ne rien comprendre à l’histoire et ses mouvements pour ne pas être convaincu de l’impérieuse nécessité de faire vivre un mouvement communiste fort et organisé. Le mouvement social partout dans le monde patine du fait de l’absence de réelles perspectives de transformation radicale de la société. La sphère révolutionnaire ne peut pas marcher sur une seule jambe. Il lui faut une assise solide pour véritablement exister et être conquérante. C’est là, camarades, notre responsabilité collective devant l’histoire et devant nos toutes jeunes générations engagées dans leur première lutte sociale en France contre la loi travail.

G.S.

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