Ayant reçu de la part de ma secrétaire de section (Paris 19ème) les deux documents d’orientation adoptés par le Front de gauche récemment, voici le mél que j’aurais pu lui envoyer en guise de réponse :
Bonjour ...,
Je te remercie pour l’envoi de ces deux documents que tu qualifies, à juste titre, d’importants. Cependant, quelque chose m’inquiète : quelle est la valeur de ces documents ? Ont-ils valeur décisionnelle ? S’imposent-ils aux partis membres du Front de gauche ? Je pose ces questions car, me semble-t-il, j’avais posé la question de la légitimité du conseil national du Front de gauche lors de l’assemblée générale de la section au mois de septembre ; à l’époque, tu m’avais répondu qu’il ne s’agissait que d’une ultime réunion du comité de campagne. J’avais trouvé ça étrange, les élections étant passées, mais l’avais admis.
Je constate cependant que mon inquiétude était fondée et que, d’un organe consultatif et circonstancié, on est passé à une structure pérenne et décisionnelle. Je suis d’autant plus inquiet que ni le Conseil national, ni la Coordination nationale du Front de gauche ne sont des organes élus (et, par conséquent, ils n’ont de compte à rendre à personne) et que, en plus, on ne sait pas qui siège dans ces instances : ce sont donc des instances anonymes et anti-démocratiques. Je ne vois donc rien permettant d’admettre qu’elles sont légitimes. Enfin, publier un tel texte à moins de deux semaines du congrès de notre parti, n’est-ce pas mettre les communistes devant le fait accompli et les priver du débat dont ce congrès aurait dû être le théâtre ? Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle entre de telles pratique et le déclin continu du parti communiste entretenu par ce genre de stratégie, dont j’ai relevé lors de la conférence de section les traits les plus marquants, en l’occurrence le nombre des cotisants du parti, le nombre des votants lors des consultations internes, ses résultats électoraux, sans parler de sa base sociologique ou de son assise géographique qui, tous, ne cessent de s’étioler.
Il me paraît dangereux de continuer à s’engager sur la voie du Front de gauche ; mais il me paraît encore plus dangereux d’y enfermer notre parti en privant ses adhérents de leur souveraineté. L’expérience des collectifs antilibéraux aurait dû servir de leçon à nos dirigeants et à nos adhérents. C’est ton rôle de secrétaire de section que d’éclairer les choix des communistes sur ces questions et de faire respecter leur souveraineté.
Très fraternellement,
Le Fraternel, mercredi 30 janvier 2013
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